ESCALE : Ni intellectuel ni homme politique

Il y a plus d’une vingtaine d’années, un quotidien qui n’est plus publiait, photo à l’appui, un portrait de Noureddine Boukrouh avec ce verdict bref : «Ni intellectuel ni homme politique». J’ai rencontré, quelque temps plus tard, l’auteur de cette publication, curieux de savoir ce qui motivait ce jugement aux allures excessives à l’encontre d’un homme d’apparence commune et dont je n’avais aucun préjugé ni de doute sur sa volonté de changement dans le mouvement national à une époque difficile.
Mon collègue, qui semblait bien connaître Noureddine Boukrouh, me dresse un portrait assez curieux du personnage qu’il qualifie, en pesant ses mots, de «courant d’air qui se pose d’autorité en intellectuel, cependant qu’il n’en a pas l’envergure et n’a pas digéré ses cours de base sur la pensée de Malek Benabi dont il veut se gratifier abusivement de l’héritage spirituel». Et comme politique, «c’est un narcissique nourri de l’image que lui renvoie son miroir. Il se croit investi d’une mission divine d’un homme chez qui la modestie n’est pas la principale qualité. Et je ne veux pas m’étaler sur le gigantisme de son ego».
Les mots étaient si précis ! J’ai gardé en mémoire cette description pour ma propre information.
Passent le temps et les années, Boukrouh a fait son chemin de ministre du Commerce de 1999 à 2005 dans les gouvernements d’Ahmed Benbitour, Benflis et Ouyahia, et chef de parti politique, le PRA.
Écarté du pouvoir, il ressurgit avec le profil d’opposant avec un étalage surprenant de désinvolture se sentant offusqué et craignant pour l’avenir de l’Algérie. Sa dernière sortie du 14 juin, coïncidant avec les résultats des législatives et le retour de la stabilité politique dans le pays, était juste contraire à ses prévisions.
Du coup, voici que me revient le portrait dressé par mon collègue il y a plus de 20 ans.En effet, le narcissique est un individu en adoration de lui-même. Et rien d’autre ne compte en dehors de sa personne.
Il est au centre du monde et n’acceptera jamais sa remise en cause ni même ses divagations. Quand il cible un personnage de l’État en termes peu élégants, son objectif est de vouloir se hisser à son niveau par un jeu solitaire de rivalité. Comme dans ses habitudes, il avait annoncé le cataclysme pour l’Algérie dans une vision d’horreurs faite de Coronavirus et mutinerie généralisée imminente avec des arguments de la maraboute Madame Soleil qui ne sont, encore une fois, ni intellectuels ni politiques.
Tout juste du venin dont des magazines proches du palais royal assurent la promotion en termes pernicieux.
Le seul mérite de Boukrouh est de nous renvoyer cette réalité qui conforte nos convictions, à savoir que l’Algérie, pays rebelle, restera rebelle. Quand bien même nous sommes sur la ligne de mire des vampires de la planète aux appétits gigantesques. Ces forces hostiles recrutent à tour de bras des petits mercenaires locaux en costume-cravate, comme hier, la France coloniale recrutait des corps de supplétifs, serviles goumiers et harka. Boukrouh en sait des choses. Il observe et prend des notes au sujet du Liban, devenu un nouveau laboratoire de destruction à grande échelle quand tous les jours des hommes et des femmes en sont réduits au suicide en direct comme seul moyen de protestation.
R. L.

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