
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a présidé, hier, la cérémonie d’ouverture de la deuxième édition de la rencontre avec les opérateurs économiques, qu’a abritée le Centre international des conférences (CIC d’Alger), en présence de hauts responsables de l’État, de membres du gouvernement, de cadres supérieurs, de représentants du cercle diplomatique accrédités, ainsi que de chefs d’entreprises et de groupes industriels, publics et privés, et de responsables d’institutions.
À son arrivée sur les lieux, le chef de l’Etat a été accueilli par le Premier ministre, Nadir Larbaoui, et le président du Conseil du Renouveau Economique Algérien (CREA) initiateur de cette rencontre sous le slogan «2025, année de succès économique». «Cette rencontre cruciale sera instaurée comme rendez-vous annuel à même d’assurer une meilleure prospective dans le domaine économique et impulser une dynamique de croissance globale à la faveur des grandes réformes mises en œuvre sur le terrain et qui se sont traduites par des résultats probants», a affirmé, d’entrée, le président de la République dans son discours prononcé à l’occasion. Rappelant le taux de croissance de 4,1 % réalisé en 2023 et de 3,9 % consacré en 2024, le chef de l’Etat s’est dit «fier de collaborer avec le CREA», notant que l’économie algérienne pourrait se placer en tête du podium des économies africaines, ou du moins occuper la deuxième place dans les deux ans à venir. Dans cette optique, le Président Tebboune a annoncé une série de décisions destinées à optimaliser la compétitivité économique à travers un cadrage efficient pour une réalisation rapide des investissements, dont le nombre enregistré au niveau de l’AAPI avoisine les 14 000, d’une valeur de 6 000 milliards DA, une meilleure régulation des exportations et des importations, une protection réaffirmée du produit national et une lutte endurcie contre la bureaucratie et la corruption. Autant de mesures ayant pour objectif de hisser la position de l’Algérie parmi les pays émergents dès 2027 avec un PIB de 400 milliards de dollars, a affirmé le chef de l’Etat, rappelant qu’il s’agit-là de l’un de ses engagements pour lesquels il a été réélu pour un second mandat. L’une des décisions annoncées par M. Tebboune revêt un caractère historique, celle de la dissolution, depuis hier, de l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) créée en 2004. «Algex est désormais obsolète. Son délai a expiré et vous ne la croiserez plus à l’avenir», a affirmé le chef de l’Etat à l’adresse des opérateurs économiques qui se sont levés comme un seul homme pour applaudir cette décision. L’une des étrangetés baroques d’Algex, a poursuivi le président de la République, c’est d’aller à contre-courant de la mission qui constitue sa raison d’être, à savoir favoriser les importations sur fond de surfacturation, comme ce fut le cas à l’ère de la «issaba», au détriment d’une réelle promotion des exportations. Autre décision du président de la République, son instruction faite au gouvernement de procéder à la création de nouvelles structures avant la fin mai prochain, l’une chargée des exportations et l’autre de l’organisation des importations en fonction des besoins du marché. En la matière, il a insisté sur la dotation de ces deux organismes d’un système de veille à tous les niveaux pour préserver le produit national. L’objectif est «de maintenir l’équilibre et de compter sur la production nationale sans créer la pénurie», a-t-il expliqué, précisant qu’il s’agit d’une équation difficile . Sur la même lignée, le chef de l’Etat a averti de sanctions sévères quiconque importe des marchandises de l’étranger alors que leurs équivalents sont produits en Algérie et stockées dans des entrepôts. Les décisions prises par le chef de l’Etat obéissent en outre à la logique de remédier à la faille constatée dans la nouvelle économie à cause de certaines vieilles pratiques. «Ceci d’autant qu’il existe encore ceux qui regrettent le fait que les pratiques du passé, notamment le fléau de la corruption, soient à jamais bannies», a affirmé le Président Tebboune, assurant que les concernés ne représentent qu’une minorité insignifiante. D’ailleurs, appuiera-t-il, « en dépit de la présence d’Algex et de ses dinosaures, l’Algérie a accompli un miracle en atteignant 7 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures», soulignant l’impératif de provoquer «un sursaut» pour atteindre 10 milliards de dollars au titre de l’année en cours. Il a appelé, en outre, à la création d’un nouveau climat d’affaires ainsi qu’une nouvelle génération d’hommes d’affaires, afin de tourner la page du passé douloureux marqué par les détournements et la corruption. «Il faut compter sur la jeunesse algérienne et sur les start-up, car leurs mains sont propres de toute corruption, et ils sont en train de réaliser des accomplissements dont nous pouvons être fiers», a-t-il indiqué. D’un ton solennel, le président de la République a affirmé que toute personne prétendant craindre la prison pour justifier sa lenteur dans ses fonctions, «raisonne comme les corrompus et les saboteurs». Sur un autre volet, le chef de l’Etat a aussi fustigé «ceux qui ne veulent voir l’Algérie qu’en noir». «Pour ceux-là, nous n’avons aucun remède pour lever le voile de leurs yeux», dira-t-il. «Certains pays nous critiquent, mais ils ne disposent pas de nos chiffres économiques, pourtant impressionnants dans la région du bassin méditerranéen (…) Si les institutions financières internationales ou continentales trouvaient une faille dans nos chiffres, elles seraient les premières à nous critiquer», a-t-il appuyé. Il a affirmé, par ailleurs, que l’argent détourné d’Algérie est devenu «un facteur de protection pour ceux qui ont causé du tort au pays et qui ont ensuite fui à l’étranger». Revenant sur les réformes engagées par l’Etat pour améliorer le climat des affaires, simplifier l’acte d’investissement et mettre à disposition le foncier, notamment dans le cadre de la nouvelle loi sur l’investissement, le président de la République a souligné que «l’Etat ne spécule pas sur les opérations de vente de terrains destinés à l’investissement, mais contribue à faciliter l’accès au foncier afin de favoriser la concrétisation des projets». Mettant l’accent sur l’impératif de libérer l’initiative en matière d’investissement, le chef de l’Etat a parlé de la création prochaine d’un guichet unique, d’ici deux à trois mois, pour accompagner, encadrer et orienter les projets d’investissement en vue de garantir une répartition équitable du développement à travers le pays. «Ce guichet, qui comptera des représentants de différents secteurs ministériels et des banques», «jouissant de toutes les prérogatives», apportera «une solution radicale» à toutes les problématiques rencontrées par les porteurs de projets. Dans le domaine de l’industrie, où l’Algérie a enregistré un bond qualitatif, le chef de l’Etat à plaider en faveur de l’augmentation de la part de l’industrie dans le PIB à 13-14 %. «Nous devons sortir l’Agence AAPI d’une terrible contradiction : des dizaines de milliers de projets enregistrés en l’absence de foncier pour leur réalisation», a-t-il insisté, précisant que ladite agence «assume des charges au-dessus de ses capacités».
«L’économie algérienne pourrait se placer en tête du podium des économies africaine ou du moins occuper la deuxième place dans les deux ans à venir.»
«Il faut compter sur la jeunesse et les start-up, car leurs mains sont propres de toute corruption.»
K. A.
----------------------------------------------------------------
L’état n’importera pas la pomme de terre
«Il est honteux que le président de la République aie à parler du prix de la pomme de terre… mais personne ne me forcera à en importer. Nous devons maîtriser ses prix», a affirmé, par ailleurs, le président de la République qui a rappelé que l’Algérie a économisé, cette année, 1,2 milliard de dollars en atteignant 81 % d’autosuffisance en blé dur. Le Président Tebboune a également encouragé les opérateurs économiques à «créer leur propre banque pour renforcer leur présence dans l’administration», soulignant qu’«une fortune colossale est stockée dans des caves — investissez-la dans la création de banques privées». Il a aussi exhorté les concernés à investir dans la création de compagnies maritimes de transport de marchandises.
K. A.
----------------------------------------------------------------
Révision de l’accord d’association Algérie - UE : «Nous ne demandons pas l’impossible»
évoquant le partenariat algéro-européen, le chef de l’Etat a indiqué que «les pays européens, qui sont des partenaires de l’Algérie, ont accepté l’idée de la révision de l’Accord d’association, nous ne leur demandons pas l’impossible». «Nous avons une très bonne relation avec l’ensemble des pays de l’UE», a-t-il certifié, ajoutant à l’adresse des opérateurs présents : «Vous faites partie intégrante de cette révision.»
K. A.