Elles dénoncent les Attaques de la junte à Bamako contre l’Algérie : Des voix maliennes désapprouvent les putschistes

L’attitude belliciste de la junte malienne à l’égard de l’Algérie semble renforcer son isolement interne. Sa dernière déclaration véhémente contre les autorités algériennes, les accusant à tort de soutenir le terrorisme, est loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique et de la société civile malienne. Bien au contraire.

Il y a de plus en plus de voix qui désapprouvent la démarche hostile des putschistes envers l’Algérie et appellent au calme et à la désescalade. Dans leurs déclarations ou interventions, des anciens hauts responsables, des partis politiques et des intellectuels relèvent avec insistance le caractère fraternel et profond des relations qui lient les deux pays. C’est le cas de l’ancien Garde des Sceaux, l’avocat Mamadou Ismaïla Konaté, qui appelle à « renouer avec l’esprit de fraternité qui a toujours caractérisé les relations entre le Mali et l’Algérie ». Dans une tribune qu’il a publiée sur des médias maliens, cet ancien ministre de la Justice a estimé que « le dialogue et la diplomatie doivent primer sur les provocations et les démonstrations de force ». Car, a-t-il insisté, « l’Algérie et le Mali ne sont pas de simples voisins partageant une frontière longue de près de 1.400 kilomètres », mais plutôt « des frères, unis par une histoire commune, une géographie indissociable et une culture partagée ». Ainsi, pour cet ancien ministre, « cette relation, forgée à travers les épreuves du temps, ne saurait être entachée par des tensions passagères ou des incompréhensions ». M. Konaté a tenu à rappeler « les fondements historiques et géopolitiques de cette amitié exceptionnelle », tout en appelant « à la raison et à la préservation de cette fraternité ». Cet ancien ministre sous les gouvernements de Modibo Keïta et d’Abdoulaye Idrissa Maïga, a assuré qu’« au-delà de l’histoire, la géographie et la culture rapprochent profondément le Mali et l’Algérie », mettant en avant le fait que « la frontière qu’ils partagent n’est pas une ligne de séparation, mais un pont entre deux mondes intimement liés ». « Les populations touarègues et arabes, qui vivent de part et d’autre de cette frontière, incarnent cette continuité culturelle et humaine. Ces communautés transfrontalières partagent des traditions, des langues et des modes de vie similaires, renforçant l’idée que le Mali et l’Algérie ne sont pas seulement des voisins, mais des partenaires naturels dans la région sahélo-saharienne », a-t-il soutenu. Aussi, pour Mamadou Ismaïla Konaté, « l’Algérie, en tant que puissance régionale, a souvent agi en médiateur dans les conflits internes au Mali, notamment dans la gestion des rébellions touarègues ». « Elle a été un acteur central dans la signature de l’Accord de paix d’Alger en 2015, un texte fondamental pour la résolution des tensions dans le nord du Mali », a-t-il rappelé. « L’Algérie a également affirmé, de manière claire, son opposition à toute tentative de sécession contribuant ainsi à préserver l’intégrité territoriale du Mali. Cette position, bien que parfois mal comprise, reflète un engagement en faveur de la stabilité régionale et de la souveraineté des États », a ajouté l’ancien ministre malien qui met en garde contre « certains discours belliqueux, amplifiés par les réseaux sociaux », qui « appellent à une confrontation qui serait non seulement inutile mais également destructrice ». « Ceux qui attisent les tensions doivent prendre conscience des conséquences désastreuses de leurs propos », a-t-il averti, estimant que « l’histoire nous enseigne que la violence ne résout jamais les différends, mais ne fait qu’aggraver les souffrances ». L’ancien Garde des Sceaux a ainsi considéré que « l’Algérie et le Mali doivent s’appuyer sur leurs nombreux points communs pour renforcer leur coopération économique, culturelle et sécuritaire », tout en considérant qu’ensemble, ces deux pays frères et voisins « peuvent devenir un modèle de solidarité et de partenariat en Afrique, montrant qu’il est possible de surmonter les différends pour construire un avenir commun ». De son côté, l’écrivain et poète malien, Mahamadou Konaté, appelle à l’apaisement. « Agissons ensemble, maintenant, avant que l’irréparable ne soit commis. De part et d’autre, chacun a, par le passé, donné de soi pour que l’autre soit », a-t-il écrit dans une tribune publiée sur un journal malien. Cet intellectuel malien a également évoqué les liens humains « très forts » entre les deux pays, en affirmant que « des millions de Maliens vivent en Algérie, et des centaines de milliers d’Algériens vivent au Mali ». « Personne ne gagnera à monter les populations, les unes contre les autres », a-t-il prévenu, critiquant ainsi les instigateurs des récentes manifestations devant l’ambassade d’Algérie à Bamako. De tels actes « doivent être évités », a-t-il insisté, considérant qu’« ils ne feront que jeter de l’huile sur le feu ». Les appels au calme viennent également de la classe politique malienne. En effet, une centaine de partis maliens ont appelé, de leur côté, à la désescalade et au dialogue, estimant que les différends qui peuvent exister entre les deux pays ne peuvent être traités et réglés qu’autour d’une table. « Nous, 101 partis signataires de propositions consensuelles sur la relecture de la Loi n°05-047 portant Charte des partis politiques, appelons à une désescalade entre les deux pays, notamment par le recours aux voies diplomatiques et aux dialogues (…) », ont-ils affirmé dans une déclaration commune. L’Alliance des peuples du Sahel et d’Afrique lance, pour sa part, un appel pressant à la désescalade. Dans une déclaration publiée par la presse régionale, cette alliance exhorte « les parties concernées à un arrêt immédiat de cette confrontation médiatique et diplomatique », tout en appelant à « privilégier la voie du dialogue ». Les putschistes de Bamako, qui dirigent le pays d’une main de fer, vont-ils entendre ces appels et cesser leurs agissements hostiles à l’égard de l’Algérie ? Le temps nous le dira.

L’ancien garde des Sceaux, l’avocat Mamadou Ismaïla Konaté, met en garde contre «certains discours belliqueux, amplifiés par les réseaux sociaux».

Une centaine de partis maliens a appelé à la désescalade et au dialogue, estimant que les différends qui peuvent exister entre les deux pays ne peuvent être traités et réglés qu’autour d’une table.

M. A. O.

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