El Moudjahid rend hommage à Aïssa Messaoudi : La voix de l’Algérie combattante

Ph. : Wafa
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À l’occasion de la célébration du 67e anniversaire de la création de la Radio clandestine du Front de libération nationale et en hommage au défunt moudjahid des ondes, Aïssa Messaoudi, le quotidien El Moudjahid et l’association Machaâl Echahid ont organisé une conférence ayant pour thème «Utilisation de la radio en tant qu’outil d’information pour faire échec à la propagande de la France coloniale».

L’histoire a consigné pour la postérité, ce que fut l’apport éminent, le rôle fondamental joué par Radio d’Al-Djazair Horra Mokafiha (l’Algérie libre et combattante) et Saout Al-Djazair (la Voix de l’Algérie). 
Parmi les voix percutantes, dotées d’un charisme incontestable, il y a lieu de citer celle d'Aïssa Messaoudi dont l'impact a fortement touché nos compatriotes, et sa contribution fut précieuse dans le relèvement du moral des combattants du FLN-ALN, et du peuple algérien d’une manière générale. On peut mesurer l’efficacité de son combat à travers la phrase du défunt président Houari Boumediene : « la voix de Aïssa Messaoudi représente la moitié de la Révolution algérienne «. 
Boualem Chérifi, ancien militant de la cause nationale et journaliste, ayant vécu toutes les étapes franchies par notre système d’information et de communication, depuis l’aube de notre indépendance, a, avec une certaine dose d’émotion et de fierté, évoqué la mémoire de ce brillant journaliste, qui a su par sa verve révolutionnaire porter haut et loin la lutte du peuple algérien. Il a choisi d’aborder la personnalité du défunt sous deux aspects : le militant et homme des médias durant la Révolution et le fondateur de la RTA.
 
Un ténor des ondes 
 
Les Algériens gardent de lui, le souvenir d’une véritable stature médiatique, dotée d’une puissance vocale impressionnante qui a grandement galvanisé le moral de nos combattants et de tous ceux qui avaient foi en la justesse de notre combat. 
Aïssa Messaoudi vivait par et pour la Révolution. Il était présent dans le cœur de chaque moudjahid. Sa modestie, son caractère affable ne l’empêchaient pas de faire preuve d’une intransigeance sans faille, dès lors qu’il s’agit des intérêts de la nation. Il affirmait ses principes avec sérieux et fermeté. 
Boualem Chérifi s’est saisi de l’occasion pour remettre les pendules à l’heure concernant certaines allégations, idées reçues ou plus insidieusement, des falsifications que l’histoire se chargera de mettre au jour des vérités cachées que nous connaissons.
Des moudjahidine existaient au sein de l’ex-ORTF et militaient dans une absolue discrétion. Le risque était périlleux. Il cite un exemple. Un journaliste d’antenne est tenu de fournir une information, un commentaire, ou une analyse conforme à la ligne éditoriale imposée par les autorités françaises, mais l’auditeur algérien, pouvait déceler chez ce journaliste, des signes qui indiquaient qu’il faisait preuve de nationalisme.
Autre exemple. Il y avait une personne très peu loquace, envers laquelle, on témoignait un certain rejet. Or, nous apprîmes que Larbi Ben M’hidi, s’était réfugié chez lui. Viendra le moment où chacun sera évalué en fonction de son mérite, pour ne pas faire offense à l’histoire, a-t-il déclaré. 
En date du 28 octobre 1962, la souveraineté nationale sur la Radio-Télévision algérienne était recouvrée. Aïssa Messaoudi, en tant que premier responsable, était aidé, notamment par deux collaborateurs : Madani Haoues et Hassan Benbelkacem. Il lui fallait séparer le grain de l’ivraie. 
 
Échec aux manœuvres françaises 
 
Dans l’espoir d’entraver la poursuite de la diffusion, les autorités coloniales ont donné à leurs employés l’ordre de quitter l’établissement. Cependant, l’Algérie a pu poursuivre l’émission de ses programmes, réussissant ainsi à relever un grand défi, grâce à des hommes comme Abderrahmane Laghouati, ancien directeur de la RTA. Il a rendu de louables services à l’Algérie. 
S’adossant sur son insistance à ce que les faits soient dument consignés, il dira que le drapeau national a été hissé au fronton de l’ex-ORTF, par un certain Chekiri Abdelaziz, en lieu et place de l’emblème colonial.
Les techniciens français ont été remplacés par des techniciens et des ingénieurs algériens qui ont pu poser les jalons d’un système d’information authentiquement algérien, a-t-il conclu. 
Rappelons qu’Aïssa Messaoudi est né le 12 mai 1931 à Oran. Il a rejoint l’école coranique pour apprendre la langue arabe avant de se rendre à Tunis pour fréquenter l’école Zitouna où il a obtenu son brevet d’études et son baccalauréat. 
Militant actif du MTLD, il est nommé, en 1956, président de l’Union des étudiants algériens. A l’indépendance, il est nommé, le 28 octobre 1962, directeur général de la Radiodiffusion télévision algérienne. Il décèdera, en 1994, des suites d’une longue maladie. A Oran, une place, située face au siège de la télévision et de la radio pérennise son nom.
 
M. B.
 
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Mohamed Bouazara : «La propagande Française n’a rien pu faire devant la vision stratégique de la révolution»
 
Dans son allocution, M. Mohammed Bouazzara, écrivain et journaliste a souligné qu’Aissa Messaoudi est l’une des icônes qui ont contribué énormément durant la libération, rappelant que la philosophie des médias a commencé en Algérie depuis l’instauration du communiqué du 1er Novembre 1954. Le même conférencier a fait savoir que «ce communiqué est partagé en deux parties, car la première partie est dirigé pour l’opinion publique et les militants, et pour la deuxième pour le colonisateur, rappelant que l’intelligence des leaders de la Révolution ont chargé M. Mohamed Laïchaoubi de faire la touche finale pour le poster», a-t-il détaillé. D’ailleurs, Laichoubi était le seul journaliste qui avait une carte professionnelle. «Le communiqué du 1er Novembre 1954 est considéré comme le premier travail médiatique en faveur la Révolution algérienne», a-t-il précisé. «La philosophie de ce communiqué, a-t-il fait savoir, n’est pas seulement militaire, politique et psychologique mais il porte tous les objectifs de la Révolution qui se base sur les principes islamiques». Malgré que les leaders de la révolution n’avait aucune formation journaliste ou médiatique mais grâce à leurs intelligence ont pu réaliser leurs objectifs. A titre d’exemple, les déclarations du Larbi Ben M’hidi avec Bigeard montrent que cet homme est très cultivé. «Le lancement du journal La Résistance, le 22 octobre 1955 fait par des intellectuels algériens à l’époque à l’instar de Zouhir Ihaddaden, Mohammed el Mili, Abdellah Cheriat, Frantz Fanon et autres. 
Les Français ont lancé une série de chaînes médiatiques afin de perturber le travail de la Révolution mais sans résultat. La propagande française menée par des experts n’a pu rien faire devant la vision stratégique des leaders de la Révolution. La rencontre de Ben M’hidi avec Boussouf était de créer une nouvelle chaîne médiatique, ayant pour but de lutter contre la propagande française», a-t-il indiqué. Pour cela, Abdelhafid Boussouf a mis en place un trio de techniciens qui sont Moussa Saddar, Abdelkrim Hassani, Amer Telidji qui était capitaine dans l’armée française, plus Messaoud Zeggar qui avait de bonne relation avec les Américains. Boussouf a demandé à ce trio de former trente techniciens, soulignant que Messaoud Zeggar avait ramené l’appareil de transmission pour lancer la première chaîne le 16 décembre 1956 dans les frontières Algéro-marocaine», a-t-il détaillé. La voix d’or d’Aissa Messaoudi était vibrante à l’époque, il était en compagnie de Madani Hawas, Mohamed Bouzidi, Abdeslam Belaid, Abdelmadjid Meziane, Lamine Bechichi et quelques techniciens, se sont le noyau qui a contribué au lancement de cette radio de la révolution qui avait une influence très positive sur le peuple et le contraire sur le colonisateur. 
De ce fait, ils ont mis au large de la mer un bateau d’espionnage qui a pu trouver la localisation de cette radio, et ont mis terme à cette radio, après un violent bombardement en juin 1957. Pour cela M. Boussouf a pris la décision de séparer le centre de transmission avec l’appareil de transmission, car le relancement de cette radio était en juillet 1959.
 
Zine Eddine Gharbi
 
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Bader Abdelatif :  «Un Homme de principe»
 
Bader Abdelatif, directeur de la radio d’El Bahdja a mis en évidence le rôle deAissa Messaoudi durant la guerre de Libération, rappelant que cet homme était comme un père pour moi. Aissa Messaoudi était le premier ambassadeur d’Algérie en Indonésie et le représentant en Australie. Dans le même contexte, le premier responsable de la radio d’El Bahdja a souligné que cet homme était très humble et modeste, indiquant qu’il était un célèbre journaliste de la guerre de libération nationale, né le 12 mai 1931 à Oran, Il a appris la langue arabe dans les écoles coraniques avant de rejoindre la Zitouna à Tunis où il a obtenu le diplôme El Ahlia il rejoint les rangs de la Révolution où il a participé aux côtés de ses compagnons au lancement de Sawt al Djazaïr (la voix de l’Algérie) à la Radio Tunis, après il rejoint la radio secrète du front de libération national connu Sawt el djazair el horra (la Voix de l’Algérie libre). Son activité avait un impact extraordinaire sur le moral des troupes de l’Armée nationale populaire et du peuple Algérien par sa voix d’or, portante et pénétrante mais aussi pour ses réactions stridentes, coléreuses quand il s’agissait de commenter des événements politiques ou des opérations militaires menées par les moudjahidine.
Après l’Indépendance, Aïssa Messaoudi a occupé plusieurs fonctions. Il a été le premier directeur général de la RTA de l’Algérie indépendante, directeur Général du quotidien Echaâb. Il a été nommé ambassadeur dans plusieurs capitales arabes et asiatiques. Il décède  le 14 décembre 1994 en France».
 
Z. Gharbi

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