Décès du moudjahid Ali Amgoud : Le Président Tebboune présente ses condoléances

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Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a présenté ses sincères condoléances à la famille du moudjahid Ali Amgoud, décédé mardi à l'âge de 95 ans, saluant la lutte du défunt et ses apports durant la Glorieuse guerre de libération. Le défunt était officier de l'Armée de libération nationale (ALN) dans la wilaya III historique, militant du mouvement national et membre de l'Organisation spéciale. Le 5 juillet 1962, Ali Amgoud et le défunt colonel Akli Mokrane, dit Mohand Oulhadj, étaient les premiers à hisser le drapeau national à Sidi Fredj. Au lendemain de l'indépendance, le défunt a participé au processus d'édification du pays. Il s'est vu confier plusieurs responsabilités, dont celle de membre du Conseil national de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), outre sa contribution aux activités liées à l'histoire de la guerre de Libération. Le défunt a été inhumé hier au village d'Ait Gouaret, dans la commune de Timizart, à l'est de Tizi-Ouzou.

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Le vieux maquisard s’éteint

Une revanche sur l’histoire. Ce 3 juillet 1962, aux premières lueurs de l’indépendance, Ali Amgoud et le colonel Mohand Oulhadj, chef de la wilaya III historique, hissaient haut le drapeau national au port de Sidi Fredj. Toute une symbolique, car le choix du site ne fut pas fortuit. C’est par la côte ouest algéroise que fut justement le débarquement de l’armée coloniale, en juin 1830. Ancien lieutenant de l'Armée de libération nationale (ALN), Ali Amgoud s'est éteint, ce mardi, à Tizi-Ouzou, à l'âge de 95 ans. Engagé très jeune dans le mouvement national au sein du Parti du peuple algérien (PPA), le défunt a milité aux côtés de Didouche Mourad, à Alger, avant son départ à Constantine. Au déclenchement de la guerre de Libération, le 1er novembre 1954, il rejoint l'ALN et prend part à plusieurs batailles et opérations, dont la riposte à l'opération Jumelles de l'armée coloniale (du 22 juillet 1959 au 4 avril 1960) qui avait pour cible la wilaya III historique. Héros discret de la guerre de Libération nationale, membre du Conseil national de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), feu le moudjahid Ali Amgoud a été enterré hier dans son village, Timizart, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Tizi-Ouzou. Les funérailles du regretté se sont déroulées en présence d'une importante délégation officielle conduite par le wali, Djillali Doumi, qui a rappelé, lors de son intervention, le parcours héroïque de ce révolutionnaire ayant rejoint tôt les maquis dans la région des Ath Djennad où il avait participé, selon des témoignages, à des opérations dans la région Nord de la wilaya 3, notamment dans la forêt, Aggoun Ouzidhoudh. Le vieux maquisard est parti laissant derrière lui l'image d'un combattant dévoué et digne. Tout en rappelant la scène mémorable de Sidi Fredj, Lounes Djouadi, ancien maire de Timizart, louait les qualités du combattant qui qui a survécu à «l'opération Jumelles» et a été le compagnon de Didouche Mourad. Prenant part, en janvier 2021, à un hommage à feu Didouche Mourad, organisé au village Ibeskriyen dont il est originaire, dans la commune d'Aghribs (Tizi Ouzou), Ali Amgoud ne tarit pas d’éloges sur son ancien frère d’armes. Il louera ainsi les qualités intrinsèques et l’audace de Didouche, membre des 6 dirigeants historiques de la Révolution et membre de l’Organisation secrète (OS), embryon du FLN/ALN.
Bel. Adrar

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Hisser haut l’emblème national

Dans la fraîcheur humide d’un bois de pin d’Alep, l’emblème national est hissé par Ali Amgoud sous l’assistance de deux bataillons des wilayas 3 et 4. Ce fut le 3 juillet 1962. La veille, dans les quartiers de la ville, la nouvelle s’était répandue de bouche à oreille. Il ne fallait pas rater cet instant historique. Au matin, on s’est retrouvé sur le lieu de rendez-vous dans le bois de pin d’Alep. A Sidi Fredj, c’était le désert. Tous les chalets étaient vides. Le lieu était une suite de baraques et quelques chalets. On note une flottille de petites embarcations abandonnées sur la plage. On entrait dans les maisons vides librement. A 11h, nous assistons à l’arrivée, à pied, de deux détachements de djounoud en tenue de combat, portant chapeau de brousse. On s’attendait à une foule. A la mesure de l’événement. Mais les civils n’étaient pas nombreux pour un fait historique d’une immense portée symbolique. La marche est ponctuée par un chant patriotique, «Sirou fi horm Allah el Mou’îne». Spectacle mémorable. La levée des couleurs se fait dans un silence religieux, ponctué par les sanglots de djounoud émus par la scène surréaliste.
L’homme qui commandait le détachement était d’âge respectable, les cheveux blancs et tête nue. Plus tard, nous apprendrons qu’il s’agissait de Mohand Oulhadj. A ses côtés, un officier sans arme. Il porte le drapeau plié. Aidé par Mohand Oulhadj, l’officier accroche l’emblème au mat et, lentement, entame le geste de la levée. Un murmure surgit du silence comme une prière. C’était un chant patriotique entrecoupé de sanglots. L’histoire, ce jour-là, s’est arrêtée à cet endroit comme pour effacer une longue tragédie. A la pause, je discutais avec un homme de la Wilaya 3, radieux, souriant. Il s’appelait Si Moh. Tout court. C’est lui qui m’a donné le nom de leur chef ; Mohand Oulhadj et celui de l’officier qui a hissé le drapeau. Ali Amgoud. J’ai gardé des liens avec Si Mof qui sera plus tard chauffeur à l’inspection de la Jeunesse et des Sports de la Rue Harichet à Alger-Centre. Si Moh n’a jamais dévoilé son passé dans l’ALN. Dans la ville, les crimes de l’OAS ne sont plus que souvenirs.
Les établissements scolaires sont désertés. Les enfants errent dans les rues. L’ambiance est aux festivités. Tous les enfants sont habillés aux couleurs nationales. Dans les rues, la «force locale» a cédé la place à la force publique algérienne. C’est l’indépendance.

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