Coopération avec des pays arabes : Place aux projets concrets !

Avec les pays arabes, les relations ne s’arrêtent plus à de simples discours lénifiants, comme c’était malheureusement le cas depuis des décennies. Alors que la coopération arabe supposée était confinée à des déclarations d’intention proférées au cours de congrès, rencontres ou cérémonies protocolaires, sans suites concrètes, elle commence à se manifester – du moins avec l’Algérie – par des actions et projets concrets, ce qui ne peut que servir les intérêts des pays concernés.

Il en est ainsi de la coopération avec le Qatar, matérialisée par le très ambitieux projet Baladna pour la production de 194.000 tonnes de lait en poudre par an à travers une gigantesque ferme laitière intégrée dans la commune de Timokten (wilaya de Adrar) avec l’élevage, au terme de l’investissement, de 270.000 vaches laitières et la production d’aliments de bétail. Les deux parties contractantes, à savoir le Fonds national d’investissement (FNI), côté algérien, et Baladna Food Industries, côté qatari, ont été tellement satisfaites de ce projet qu’un autre volet y a été ajouté quelques semaines plus tard : la production de lait infantile, avec un pic à 30.000 tonnes par an. En somme, il ne s’agit pas d’un simple projet, mais carrément d’un mégaprojet. Autre pays qui a pris le parti de concrétiser sa coopération avec l’Algérie : le Sultanat d’Oman. En effet, quelques semaines seulement après une visite qu’a effectuée le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à Mascate, où il avait été reçu par le sultan Haitham bin Tariq, une délégation d’hommes d’affaires du groupe omanais Bahwan a débarqué à Alger, porteuse d’un projet concret : un investissement de 400 millions de dollars pour la construction d’une usine automobile de la marque Hyundai. Le projet est important puisqu’il prévoit la construction de véhicules touristiques, utilitaires et électriques aux normes du constructeur sud-coréen et avec un taux d’intégration appréciable, avec l’ambition d’en exporter une bonne partie. L’Arabie saoudite n’est pas en reste dans le domaine des investissements en Algérie. Dans le secteur de l’agroalimentaire, un projet a été lancé en 2024 à Hassi El Gara, à travers une société à responsabilité limitée (SARL) dirigée par Abdelkrim Bounaâma et l’Emir Mechaal ben Saoudi ben Abdelaziz, pour la production de céréales (semences de blé dur), de fourrages et de dattes sur une superficie globale de 5.000 hectares. Ce projet, une fois concrétisé, pourrait être étendu à la culture de légumineuses et à la production de lait (500 vaches laitières). Dans les hydrocarbures, un contrat devrait être signé avant l’été entre le groupe Sonatrach et la compagnie saoudienne MidadEnergy pour un projet d’exploration à Illizi sud.

Le Proche-Orient s’ouvre à l’Algérie

Un autre grand pays arabe, l’Egypte, tient également à la coopération avec l’Algérie, en témoigne la conclusion, il y a quelques jours, d’un accord entre le groupe Sonelgaz et la compagnie égyptienne Elsewedy Electric pour l’extension de l’usine de fabrication de câbles électriques d’Aïn Defla et la création d’une usine de production d’isolateurs. Par ailleurs, des études sont en cours pour des investissements égyptiens en Algérie dans les domaines de l’emballage, des fibres synthétiques et des industries agroalimentaires. De son côté, le groupe Sonelgaz envisage des projets d’investissement en Egypte. Des pays du Proche-Orient connaissent également une coopération active avec l’Algérie. On se rappelle que, l’an dernier, l’Algérie avait envoyé 30.000 tonnes de fioul au Liban, qui faisait face à une crise énergétique majeure, afin de faire fonctionner ses centrales électriques. Récemment, une délégation irakienne a séjourné en Algérie afin de solliciter l’expertise du groupe Sonelgaz en matière de transport et de distribution d’électricité afin de régler le problème endémique d’approvisionnement des foyers irakiens en énergie électrique. C’est dire que même le Proche-Orient, région objet de convoitises de nombreuses puissances, s’ouvre à l’Algérie. Tout ceci sans parler de la coopération directe entre l’Algérie et des pays voisins. L’archétype de la coopération fraternelle, sur la base du bon voisinage, est celui avec la Tunisie avec des échanges multiformes dans tous les domaines, le dernier en date étant dans le secteur de l’énergie. Il en est de même avec la Libye, pays dont l’Algérie a protégé les avoirs grâce à son intervention au sein du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) et que le groupe Sonelgaz va bientôt approvisionner en énergie électrique. Quant à la coopération entre l’Algérie et la Mauritanie, elle est on ne peut plus concrète puisqu’en sus de l’ouverture d’une banque algérienne à Nouakchott, l’Algerian Union Bank, destinée à financer des projets de développement en Mauritanie, il y a eu la création d’une zone franche de libre-échange commercial au poste frontalier Mostefa-Ben Boulaïd, avec des dizaines de milliers de tonnes de produits déjà échangés. Plus même : l’Algérie finance une route qui reliera Tindouf à Zouerate, ville située sur le territoire mauritanien, afin de faciliter davantage les échanges commerciaux entre les deux pays. Le temps des salamalecs stériles semble donc révolu. Grâce à sa nouvelle loi sur l’investissement et, surtout, à la volonté politique qu’elle a affichée en matière de coopération suivant le principe gagnant-gagnant, l’Algérie se présente comme un partenaire économique crédible et fiable pour de nombreux pays, à commencer par les pays arabes. Le volume des investissements faisant foi.

F. A.

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