
Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, a indiqué, jeudi à Sakiet Sidi Youssef (Tunisie), que la commémoration des massacres de Sakiet Sidi Youssef s’inscrit, cette année, dans un «contexte particulier» des relations algéro-tunisiennes, fondées sur la profondeur des liens historiques et soutenues par la volonté politique forte des Présidents des deux pays.
Dans un discours prononcé à la maison d’hôtes de Sakiet Sidi Youssef, lors de la cérémonie commémorant cette date historique, M. Merad, en compagnie du ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Laïd Rebiga, côté algérien, et des ministres de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, M. Abdelmonem Belati, de l’Economie et du Plan, Mme Feriel Ouardi, et de la Formation professionnelle et de l’Emploi, M. Lotfi Diab, côté tunisien, a rappelé que la «commémoration de ce 66e anniversaire qui nous fait rappeler les massacres de Sakiet Sidi Youssef, le 8 février 1958», intervient «au moment où une importante dynamique de construction se concrétise selon une stratégie soutenue par la volonté politique des présidents de la République des deux pays. «Se souvenir, chaque année, des sacrifices des martyrs tunisiens qui ont vu leur sang se mêler à celui de leurs frères algériens, lors de ces massacres, est une réaffirmation de la détermination commune de travailler ensemble pour consolider la coopération et la mettre au niveau des sacrifices consentis», a souligné M. Merad, ajoutant que les deux pays «œuvrent au développement intégré des zones frontalières, comme y aspirent leurs habitants».
Cette commémoration «intervient quelques jours après la 1re session de la commission bilatérale de promotion et de développement des régions frontalières algéro-tunisiennes que nous avons co-présidée avec le ministre de l’Intérieur de la République tunisienne, M. Kamel Feki, et qui avait offert l’opportunité d’engager des discussions constructives et approfondies sur les futures étapes que les deux pays souhaitent pour leurs zones frontalières en matière de développement», a ajouté le ministre de l’Intérieur. Une rencontre, a-t-il rappelé, qui a «abouti à un accord sur une feuille de route entre les deux parties, comprenant un certain nombre de propositions et de projets pratiques à caractère commercial, touristique, agricole et culturel, reposant sur le potentiel économique, social et naturel de ces régions (frontalières)».
M. Merad a souligné, dans ce contexte, que les projets proposés «découlent d’une feuille de route qui reflète les aspirations des jeunes vivant dans les zones frontalières, et qui leur ouvre des perspectives prometteuses dans les domaines de la formation professionnelle, de la pêche, de l’aquaculture, de l’hôtellerie et de l’énergie solaire». Selon le représentant du gouvernement algérien, ces projets viennent s’ajouter à la «coopération intense» entre les deux pays pour faire face aux défis communs en matière, notamment, de risques majeurs, à l’exemple des incendies de forêt, pris en charge par la Protection civile des deux pays». Il a considéré, à ce propos, que tous ces efforts constituaient «la meilleure preuve de la volonté partagée et de la détermination des deux parties à développer les zones frontalières communes aux deux pays».
De son côté, le ministre tunisien de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Abdelmonem Belati, a déclaré: «Nous nous inspirons de cette occasion, de ses dimensions les plus nobles d'altruisme et de sacrifice, pour réaliser notre croyance en un destin commun, et pour éclairer notre chemin face aux défis actuels et futurs.» Il a salué les résultats de la 1re session de la commission bilatérale de promotion et de développement des régions frontalières, tenue à Alger les 29 et 30 janvier derniers, considérant que cela a «insufflé une nouvelle dynamique à notre approche commune de développement des zones frontalières des deux pays». Il a également salué «le Président, le gouvernement et le peuple algériens frères qui se tiennent aux côtés de la Tunisie dans cette étape historique, importante, qu’elle traverse sur la voie du renforcement de sa voie démocratique et de la consolidation de sa sécurité et de sa stabilité dans le contexte des difficiles défis qui l’attendent».
Les délégations des deux pays avaient entamé les cérémonies commémorant les massacres de Sakiet Sidi Youssef en se recueillant devant le mémorial immortalisant cet épisode douloureux, au centre de Sakiet Sidi Youssef, avant d’assister, au centre culturel de cette commune, à la projection d’un film immortalisant ces massacres.
De son côté, le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Laïd Rebiga, a souligné «l’importance du travail documentaire dans la préservation de la mémoire commune entre les peuples algérien et tunisien».
En marge de la projection du court-métrage El-Sakia, M. Rebiga a indiqué que la commémoration de cet événement «renforce les liens fraternels et les relations bilatérales entre les deux pays dans les domaines culturel et historique, de même que les œuvres documentaires qui retracent l’histoire et préservent la mémoire commune des deux peuples». Il a rappelé que le film El-Sakia, dont le premier tour de manivelle avait été donné l’année dernière (2023), et qui a été projeté ce jeudi au complexe culturel de Sakiet Sidi Youssef, est «une œuvre documentaire, commémorative des massacres de Sakiet Sidi Youssef à la frontière algéro-tunisienne, et nourricière de l’héritage commun des deux peuples frères».
L’Algérie «a consenti d’importantes ressources matérielles et humaines pour mener à bien ce travail artistique qui a exploité les technologies modernes, l’animation en 3D et l’intelligence artificielle», a-t-il ajouté. «A travers la commémoration des massacres de Sakiet Sidi Youssef, nous mettons en avant l’image de cohésion et de fraternité entre les peuples frères algérien et tunisien, une alliance fermement enracinée dans la conscience, et une charte écrite avec le sang des martyrs, il y a 66 ans aujourd’hui», a déclaré M. Rebiga.
Ce dernier a également souligné que «malgré la douleur qu’évoque cette étape historique et les jours difficiles qu’elle a engendrés, les peuples frères algérien et tunisien ont prouvé, ensemble, leur capacité à confondre les calculs (des agresseurs) et à réfuter leurs arguments». Il a ajouté que «les liens très forts entre les deux pays, et la conscience du destin commun et des liens sociaux, historiques et géographiques sont plus forts que toutes les tentatives visant à les remettre en question».
Le ministre a encore souligné que cet «héritage historique commun a fait que les relations de fraternité et de coopération, ainsi que le partenariat stratégique entre les deux pays frères, ont des avantages incontestables, et ont été renforcés au cours des quatre dernières années grâce à la volonté des dirigeants des deux pays. Il a de nouveau souligné que la «volonté politique sincère des autorités des deux pays constitue le point d’appui pour servir les intérêts des deux peuples frères et gagner le pari du développement durable en exploitant les nombreuses opportunités offertes par les économies des deux pays dans tous les domaines».