
Le ministre de la Communication a plaidé, hier, pour une mobilisation continentale contre les fausses informations. Mohamed Meziane s’exprimait, lors des travaux de l’Atelier régional du bureau de l’Afrique du Nord du Comité des services de renseignement et de sécurité d’Afrique (CISSA), qui ont débuté, hier, au Centre international de conférences Abdelatif-Rahal (CIC), sous le thème «Les répercussions des fake news et de la désinformation sur la sécurité et la stabilité des États», en présence de six pays d’Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Mauritanie et République arabe sahraouie), ainsi que quatre pays de l’Afrique sub-saharienne (Kenya, Botswana, Gabon et Niger).
Représentant le Premier ministre Nadir Larbaoui, M. Meziane a insisté sur l’importance de renforcer les cadres juridiques nationaux et internationaux afin de sanctionner les responsables de désinformation, tout en appelant à la création d’une plateforme africaine unifiée associant experts en cybersécurité, technologies numériques et médias. Cette structure panafricaine aurait pour mission de développer des solutions opérationnelles contre les campagnes de manipulation médiatique, en s’appuyant sur l’échange de renseignements entre États et le partage d'outils technologiques avancés. Le ministre a particulièrement insisté sur la nécessité de protéger les jeunes, vulnérables aux fake-news circulant sur les réseaux sociaux, via des programmes éducatifs renforcés et des mécanismes de vérification collaborative. Évoquant les récentes tentatives de déstabilisation visant l’Algérie, Mohamed Meziane a salué le rôle décisif joué par les institutions nationales et les médias publics dans le démantèlement de ces offensives. Il a rappelé que la stratégie algérienne intègre désormais des systèmes de surveillance algorithmique, le renforcement des médias publics comme sources fiables, et une coopération accrue avec les pays africains partageant les mêmes défis sécuritaires. « Notre stabilité est indissociable de celle du continent. Face à des attaques médiatiques transnationales, seule une réponse collective peut prévaloir », a-t-il conclu, en réaffirmant l’engagement de l’Algérie dans la modernisation de son arsenal juridique et technologique contre ce phénomène. Pour sa part, la Secrétaire d’État chargée des Affaires africaines, Madame Selma Bakhta Mansouri, a lancé un plaidoyer vigoureux pour une réponse panafricaine face à la désinformation, qualifiée de « guerre cognitive » menaçant la stabilité des États. « L’information, hier outil d’éclairage, est devenue une arme non conventionnelle », a-t-elle déclaré, dénonçant des campagnes visant à « saper la légitimité des institutions et semer le chaos, notamment lors des processus électoraux ». La secrétaire d’État a souligné que l’Afrique est devenue « un terrain actif » pour des opérations informationnelles sophistiquées, combinant réseaux sociaux, robots intelligents et influenceurs. « Ces campagnes ciblent la mémoire collective et l’identité nationale, utilisant la désinformation comme nouveau colonialisme : le colonialisme cognitif », a-t-elle insisté, évoquant les récentes crises au Sahel où les tensions ethniques ont été attisées par des contenus malveillants. Pour contrer ces risques, Mme Bakhta a proposé une feuille de route structurée autour de trois axes. D’abord, un mécanisme continental de surveillance, s’appuyant sur l’intelligence artificielle africaine pour analyser en temps réel les flux informationnels. « Nous devons anticiper les attaques avant qu’elles ne se propagent dans nos rues », a-t-elle expliqué. Ensuite, l’élaboration d’une charte africaine contraignante, intégrée à la cybersécurité régionale. « Les géants du numérique doivent coopérer avec nos États, sous peine de voir notre souveraineté numérique confisquée », a-t-elle martelé, réclamant une régulation des plateformes. Enfin, un vaste programme d’éducation aux médias, de l’école à l’université, associant société civile et acteurs culturels. « Construire une conscience collective immunisée contre les récits toxiques est notre meilleur bouclier », a affirmé la Secrétaire d’État, plaidant pour une « résilience sociétale » face aux manipulations. Mme Mansouri a conclu en rappelant l’urgence d’une mobilisation commune : « La bataille de l’information est une bataille pour l’âme de nos nations. Si nous laissons le champ libre à ces attaques, ce sont nos peuples qui en paieront le prix demain. » Son appel résonne comme un avertissement face à des menaces hybrides redéfinissant les frontières de la sécurité africaine.
« Notre stabilité est indissociable de celle du continent. Face à des attaques médiatiques transnationales, seule une réponse collective peut prévaloir », a soutenu le ministre de la Communication.
Madame Selma Bakhta Mansouri a affirmé que «ces campagnes utilisent la désinformation comme nouveau colonialisme : le colonialisme cognitif».
Y. Y.
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Lutte contre la désinformation : L’Algérie restera à l’avant-garde des défenseurs de l’Afrique
Le directeur général de la documentation et de la sécurité extérieure, également responsable de la région Afrique du Nord du Comité des Services de Renseignement et de Sécurité d'Afrique (CISSA), le général Rochdi Fethi Moussaoui, a affirmé, hier, que l'Algérie, dans sa lutte contre la désinformation et de par son ancrage africain profond, demeurera à l'avant-garde des efforts de défense de la stabilité du continent. Le général, qui a transmis les salutations du président Abdelmadjid Tebboune aux présents, a souligné que la lutte contre la désinformation dépasse le cadre médiatique pour devenir un combat vital visant à garantir la stabilité des pays africains. Il a insisté sur la nécessité d’une action collective pour protéger l’avenir du continent face à ces menaces majeures. Enfin, il a insisté sur le fait que ce combat est une obligation historique pour défendre les nations et leurs peuples contre les tentatives de déstabilisation et de fragmentation.
Y. Y.
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C’est quoi le CISSA ?
Le Comité des Services de Renseignement et de Sécurité d’Afrique (CISSA) a été créé le 26 août 2004 à Abuja, au Nigeria, à l’initiative des chefs des services de renseignement et de sécurité africains, afin de renforcer la coopération face aux menaces sécuritaires transnationales. Reconnu officiellement par l’Union africaine en 2005, le CISSA joue un rôle central dans la lutte contre la désinformation et les fake news, qui représentent aujourd’hui des menaces majeures pour la stabilité et la cohésion sociale du continent. Dans ce contexte, le CISSA coordonne les efforts des services de renseignement africains pour détecter, analyser et contrer les campagnes de désinformation, en favorisant le partage d’informations fiables et en mobilisant les acteurs locaux, notamment les leaders traditionnels et religieux, pour diffuser des messages vérifiés. Sous la présidence actuelle de l’Algérie pour la région Afrique du Nord, le CISSA renforce ainsi son engagement à préserver la paix et la souveraineté africaines, tout en respectant les droits fondamentaux et la liberté d’expression.
Y. Y.
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Jackson Victor Hamata, directeur exécutif du CISSA : «Il faut agir à tous les niveaux»
Le directeur exécutif du CISSA, le Namibien Jackson Victor Hamata, a exprimé sa gratitude envers l’Algérie pour son accueil chaleureux et son soutien historique à la libération de la Namibie. Il a rappelé les trois objectifs principaux du CISSA : faciliter la coopération entre services de renseignement ; renforcer les capacités des membres ; et promouvoir la recherche collaborative sur la paix et la sécurité. Il a souligné que la désinformation et les fausses nouvelles représentent une menace majeure pour la stabilité des États, amplifiée par les technologies modernes comme Internet et les réseaux sociaux. Face à cela, il a insisté sur la nécessité d’agir à plusieurs niveaux : réguler les supports médiatiques ; éduquer et sensibiliser les populations pour renforcer leur résilience ; et prendre en compte les facteurs sociaux qui rendent certaines personnes plus vulnérables à la désinformation. Enfin, il a rappelé que la lutte contre la désinformation est aussi une question politique liée au respect du contrat social entre gouvernements et citoyens.
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Hassan Rashad, représentant du chef du renseignement général égyptien : «Fier d’être en Algérie»
Le représentant du chef du renseignement général égyptien, M. Hassan Rashad, a exprimé ses remerciements à l’Algérie pour son accueil chaleureux et l'organisation d'un rassemblement important visant à renforcer la coordination et la coopération entre l’Égypte et les pays d'Afrique du Nord. M. Rashad a insisté sur la nécessité d’une coopération sincère et d’une vision globale pour lutter contre ces menaces tout en respectant la liberté d’expression. Il a appelé à renforcer la coordination régionale et continentale pour promouvoir la stabilité, la sécurité et le développement, en consolidant la fraternité entre les services de sécurité et de renseignement des pays frères. Enfin, il a réaffirmé la volonté de l’Égypte d’intensifier cette coopération et a exprimé sa fierté d’être présent en Algérie, concluant par un vœu de succès pour ces efforts communs.