
«Les atteintes portées aux biens culturels, à quelque peuple qu’ils appartiennent, constituent des atteintes au patrimoine culturel de l’humanité entière, étant donné que chaque peuple apporte sa contribution à la culture mondiale.» Préambule de la Convention de La Haye de 1954.
Comme le rappelle encore Vittorio Mainetti : «La destruction d’un monument, d’une bibliothèque ou d’une œuvre d’art constitue un préjudice incalculable, car ces biens sont l’expression de l’identité et de l’histoire d’un peuple. Une telle perte est d’autant plus intolérable que la destruction est menée de façon délibérée.»
La culture, qui se doit de contribuer à un monde plus pacifique, est menacée par la guerre, à travers la destruction des biens qui en constituent le témoignage le plus expressif.
Dans le contexte actuel de tensions et de violences mondialisées où sévissent rapports de force et négations identitaires, où certains intellectuels et politiques en pleine déconfiture morale n’hésitent plus à parler de «guerres de civilisations», mettre l’accent sur le devoir de préservation et de protection d’un outil de reconnaissance aussi fort que le patrimoine mondial n’est pas une gageure. C’est une nécessité urgente.
La destruction intentionnelle de biens culturels pour des motifs discriminatoires est constitutive de crime contre l’humanité, lorsqu’elle est commise dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique.
Parmi les présentes menaces qui mettent le patrimoine culturel en péril, et ce à divers degrés, figurent les nouveaux types de conflits dits «asymétriques», à l’œuvre dans le monde entier. Ils soulèvent de nouveaux enjeux.
Face à ces dangers, le Bouclier Bleu ou «Blue Shield», une organisation internationale indépendante, neutre, non gouvernementale, à but non lucratif, s’est engagée à la protection des biens culturels du monde, à la protection du patrimoine culturel et naturel, matériel et immatériel, en cas de conflit armé, de catastrophe naturelle ou d'origine humaine.
Le Bouclier Bleu s’abstient de prendre part aux hostilités, aux controverses politiques, religieuses, ethniques ou idéologiques. C’est un organe consultatif de l'UNESCO, doté d'un mandat légal en vertu du deuxième protocole de 1999 à la Convention de La Haye de 1954.
Son domaine d’intervention est vaste, il concerne à la fois les bibliothèques, les archives, les musées, les monuments et les sites, et veille sur le patrimoine bâti, écrit, audiovisuel, etc.
Dans le monde d’aujourd’hui, connecté et interdépendant, la question de la diversité culturelle demeure un sujet important de débats et de revendications populaires et intellectuelles : pas de gouvernance durable, pas de développement économique et social possible dans le mépris ou l’ignorance de la spécificité de chaque culture.
En vertu de cette valeur, tout doit donc être fait pour préserver le legs culturel et le transmettre intact aux générations futures.
La devise du Bouclier bleu, «Pas de futur sans culture», prend tout son sens à la fois au regard de l’actualité internationale, mais aussi à l’échelle de chacun, sur le territoire dans lequel il œuvre.
M. B.