
« L’essence du néo-colonialisme, c’est que l’État qui y est assujetti est théoriquement indépendant, possède tous les insignes de la souveraineté sur le plan international. Mais en réalité son économie, et par conséquent sa politique, sont manipulées de l’extérieur. » (Kwame Nkrumah).
Dr Aliou Ba, responsable de la campagne Océans de Greenpeace Afrique a déclaré : “L’exploitation non durable des ressources marines et terrestres de l’Afrique est souvent facilitée par des accords inéquitables et des pratiques néocoloniales. Ces schémas d’exploitation exacerbent les inégalités socio-économiques, poussant de nombreuses personnes à la désespérance.’’ Les mots sont lâchés.
Malgré la décolonisation, l’inégalité des échanges entre pays du Nord et du Sud demeure : l’absence de structures industrielles, le pillage des matières premières et la généralisation de l’agriculture d’exportation maintiennent beaucoup de nations dites dans un persistant état de dépendance.
Comment se fait-il que des pays extrêmement riches en ressources naturelles soient aussi pauvres et que leur population vivent dans l’indigence, se demandent avec amertume, beaucoup d’économistes.
Sans vouloir jeter la pierre, il est donc juste d’affirmer que la colonisation est responsable des retards des nations dites du Tiers-Monde. Les colonies furent, pour les puissances occupantes, une source de revenus supplémentaires, tandis que les métropoles n’apportaient rien de bon pour ces colonies et freinèrent drastiquement leur développement. Ceci pour l’histoire.
Aujourd’hui, La colonisation a changé de visage, mais elle existe toujours. Les signes les plus perceptibles le prouvent amplement. En témoignent les politiques d’ajustement structurel imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays qui sollicitent leur aide. Elles ressemblent comme deux gouttes d’eau aux politiques commerciales imposées, jadis, aux colonies. Il arrive même que le vase déborde. L’endettement et les rudes plans d’austérités frappent également des pays du Nord de la planète. Pour ne citer qu’un seul exemple. Sur les onze millions d’habitants de la Grèce, un demi-million est devenu migrant économique.
Le poids des politiques d’ajustement structurel imposées en contrepartie des prêts octroyés et l’aide financière avec endettement ont pesé sur la désormais lancinante problématique migratoire.
Répétons-le, pour nombre d’intellectuels et de politiques, ces programmes ont un caractère néocolonial qui se reflète à plusieurs niveaux. Tout d’abord, ils sont imposés aux pays du Sud par des institutions internationales – FMI, Banque mondiale, clubs de pays créanciers – dominées par les pays du Nord. Ils expriment donc un rapport de force international qui est loin de favoriser les pays à la recherche de moyens pour sortir de leurs difficultés économiques.
Mais il n’y a pas de fatalité. Et pour clore ce trop schématique tour de la question, avec un peu d’optimisme, on fera remarquer que si le développement est à l’origine, une « croyance occidentale », d’autres régions se la sont appropriée, en particulier, les pays dits émergents. Ce sont de nouvelles puissances, qui finiront par faire user la pierre, en permettant d’élargir le champ des possibles en matière de partenariat et en ravivant l’espoir en l’avènement d’un ordre mondial authentiquement équitable.
M. B.