
A l’heure de l’urgence climatique, les pays aisés donnent l’impression de s’en laver les mains. Ils ont mauvaise presse auprès des opinions publiques et des institutions.
10 % sont responsables de près de la moitié des émissions de carbone. Ce saisissant constat est dressé par le laboratoire sur les inégalités mondiales, dans son rapport 2022.
Plus on roule sur l’or, plus on pollue, et mieux on oublie ses obligations à l’égard de ses engagements. Les pays du Nord sont de loin les principaux émetteurs, alors que ce sont en premier lieu les pays du Sud qui subissent les conséquences du dérèglement climatique (montée des eaux, destruction des récoltes, sécheresses…).
Ceci conduit à penser que les politiques climatiques devraient davantage cibler les pollueurs à forts revenus. Or, jusqu’à présent, ces politiques — par exemple les taxes carbones — ont souvent frappé de manière disproportionnée les catégories pauvres ou moyens, sans faire évoluer les habitudes de consommation des franges les plus fortunées.
En 2009, les pays riches avaient promis de fournir 100 milliards de dollars US pour financer à la fois l’adaptation au réchauffement climatique et les réductions d’émissions dans les pays en développement d’ici à 2020. Peu s’en faut.
Ce montant n’a finalement atteint que 83 milliards de dollars selon les chiffres les plus récents, fournis par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Pourtant, « les pays en développement se tiennent prêts, attendant les fonds nécessaires pour protéger leurs populations contre les catastrophes climatiques imminentes », a assuré Harjeet Singh, responsable de la stratégie politique mondiale au sein du Réseau Action Climat International. Hélas, comme sœur Anne, ils ne voient rien venir.
Les nations qui ont pignon sur rue et des institutions internationales surestiment largement le montant de leurs contributions aux financements climatiques à destination des pays vivant dans la précarité, a révélé l’ONG ONE dans une analyse, constatant un manque de plus de 340 milliards de dollars par rapport à leurs promesses.
Selon son analyse, près de deux tiers des financements recensés par l’OCDE entre 2013 et 2021 n’ont jamais été déclarés comme décaissés ou n’étaient pas ou peu liés au climat.
Elle constate par ailleurs que plus d’un dollar sur cinq des engagements financiers sur cette période, soit 115 milliards de dollars (104,6 milliards d’euros), a été dépensé pour des choses qui n’ont que peu ou pas de rapport avec le climat.
En outre, l’ONG précise qu’en 2021, les 20 pays les plus affectés par les effets du changement climatique n’ont reçu que 6,5 % des financements dont ils ont besoin chaque année pour lutter contre le dérèglement du climat.
Ces données — également reprises par l’OCDE et l’ONU — ne sont absolument pas fiables en raison de l’absence de méthodologies communes pour le suivi des financements souligne l’ONG. Elle a appelé les pays riches à respecter leurs engagements historiques y compris à atteindre réellement les 100 milliards de dollars annuels promis dès 2020, un engagement conjoint des pays développés pris en 2009.
Face à cette situation, un constat s’impose de lui-même : le coût de la transition écologique doit d’abord être assumé par les populations les plus opulentes qui sont, répétons-le, les premières responsables.
Les ressources rassemblées doivent permettre de répondre aux besoins de tous et de toutes.
M. B.