Chronique de Mohamed Bouraïb : Malgré les promesses, la déforestation continue

Les fronts de la déforestation se multiplient et s’étendent, alerte le Fonds mondial pour la nature. La Terre, qui était couverte à 50% de forêts il y a huit mille ans, ne l’est plus qu’à 30%. Non seulement de nouvelles zones soumises aux incendies et aux défrichements apparaissent en Afrique, en Amérique latine et ailleurs, mais la destruction des jungles, forêts primaires ou sèches, savanes arborées s’accélère partout.
Plus de la moitié de la déforestation mondiale est directement liée à la conversion des forêts en zones de culture ou de pâturage. Avec les pluies acides et les aléas climatiques, ce phénomène fait partie des agressions que l'homme inflige au couvert végétal.
Dans certains pays, on observe des proportions très inquiétantes, suscitant une menace sérieuse à l'échelle planétaire. Chaque jour, l'équivalent d'un terrain de football d'espace forestier disparaît et environ 2.000 arbres sont coupés chaque minute.
Selon les informations publiées par l’Université du Maryland, publiées sur Global Forest Watch, les tropiques ont perdu 11,1 millions d’hectares de couverture arborée en 2021.
Les forêts tropicales ne sont pas les seules sources d’inquiétude. Les forêts boréales ont connu une perte de couvert arboré sans précédent en 2021.
Ces tendances soulignent à quel point il faut agir pour atteindre les objectifs mondiaux de zéro déforestation,
d’ici 2030. C’est l’engagement pris par plus d’une centaine de chefs d’État au début de la COP26. L’idée n’est pas nouvelle. Déjà en 2014, lors de la Déclaration de New York, de nombreux pays et entreprises s’étaient engagés à diviser la déforestation par deux d’ici 2020. Pour que cet engagement se réalise, il faudra une baisse constante de la perte de forêts chaque année pendant le reste de la décennie – une baisse qui n’a pas encore commencé à se produire. L'enjeu est crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique. Avec leur capacité de séquestration du carbone, les forêts sont, en effet, indispensables à la lutte contre les émissions de gaz à effets de serre. Les deux poumons de la planète; la forêt amazonienne et le Bassin du Congo, voient ainsi leur surface diminuer depuis des décennies.
Pour répondre à l’urgence climatique et préserver la biodiversité, tout en respectant les droits des populations locales, il est impératif de mettre un terme à la déforestation et à la conversion des écosystèmes naturels dans les plus brefs délais. Il est bien plus utile de miser sur la sensibilisation au danger que présente la disparition des forêts, et surtout de faire participer les peuples autochtones aux projets de préservation des écosystèmes (maintien de la fertilité des sols pour pérenniser l'agriculture dans les zones déboisées pour éviter l'extension du phénomène, plantation d'essences à croissance rapide dans les zones où les arbres sont coupés pour obtenir du bois de feu ou de construction...).
Il s’agit également de faire pression sur les décideurs pour obtenir une législation forte qui empêche la commercialisation de produits liés à la déforestation, à la conversion d’espaces naturels.

M. B.

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