Célébration de Youm el-Ilm, Si Maâmar Djgaguen évoque le moudjahid Souidani Boudjemaâ : «Il était de la trempe des grands moudjahidine»

Souidani Boudjemaâ était l’un des membres du groupe des 22, qui avaient planifié et déclenché la Révolution. Il était un chef reconnu dans la wilaya IV historique. Son passé est riche dans le domaine de la lutte et en matière d’opérations préparatoires à la lutte armée, dont la plus connue est l’attaque de la poste d’Oran. Né en 1922 à Guelma, dans l’est algérien, il a été élevé par sa mère, après le décès de son père, alors qu’il était enfant. Ces conditions ne lui avaient pas permis de terminer ses études, et il avait été contraint de travailler dans l’impression. À propos de la décision de cessez-le-feu du 19 mars 1962, Si Maâmar Djgaguen est revenu 63 ans en arrière, pour se remémorer ce qu’il avait vécu avec ses compagnons d’armes à Blida : «L’indépendance veut dire pour nous le cessez-le-feu, c’est-à-dire la fin de 132 années de colonisation. Pour nous, le 19 mars était synonyme d’indépendance, après les négociations d’Évian et le succès réalisé par la délégation de négociateurs algériens.» Le moudjahid Si Maâmar Djgaguen a estimé que la partie algérienne a respecté le cessez-le-feu, surtout à Blida. Expliquant comment les moudjahidine avaient été informés du cessez-le-feu, il a déclaré : «Nous avons été informés du cessez-le-feu, à Blida, par des tracts distribués à Chréa, dans lesquels les clauses de l’accord étaient expliqués. Je témoigne que nous, moudjahidine de la wilaya de Blida, avions respecté la trêve, indépendamment de quelques escarmouches entre les Français et nous, à Blida, et qui n’étaient pas d’une gravité à même de violer la trêve et le cessez-le-feu. C’est ainsi que nous avions été informés. C’est comme si la France voulait dire : «La balle est dans le camp des moudjahidine.» Personnellement, j’avais évoqué quelques détails dans mon premier livre. Je me rappelle qu’à son arrivée au pouvoir, le général De Gaulle avait déclaré qu’il n’aimait pas la guerre et qu’il allait demander de mener des négociations avec le Gouvernement provisoire de la Révolution algérienne (GPRA) et avec l’État-major de l’Armée de libération nationale.» Notre interlocuteur a ajouté que les moudjahidine à Blida étaient disciplinés et se soumettaient aux ordres de la direction, en toutes circonstances. Sur l’importance de l’esprit des Accords d’Évian, le moudjahid a dit : «Les négociations d’Évian, qui ont octroyé au peuple algérien le droit à l’autodétermination, ont consacré la témérité des héros de la Révolution pour la libération et la lutte de millions d’Algériens. Elles ont contraint la cinquième République française à se soumettre aux objectifs de la Charte du 1er Novembre, qui étaient le recouvrement de la souveraineté et la consécration de l’unité territoriale. C’était réellement la fête de la victoire.» Il a ajouté que «les Accords d’Évian ont fait changer de cap à la partie française, puisqu’après avoir qualifié les défenseurs de l’indépendance de sauvages, d’agitateurs et de fauteurs de troubles, elle a acté l’indépendance de l’Algérie et sa souveraineté à l’intérieur et à l’extérieur. Ces Accords ont également évité la partition du pays, par la création de territoires sous souveraineté française sur les terres algériennes, comme l’exigeait avec insistance la délégation française». Et d’ajouter : «Le contenu des Accords étaient conforme aux principes de la Révolution, qui étaient l’indépendance de l’Algérie, l’unité territoriale, la reconnaissance de l’unité du peuple algérien et la reconnaissance du GPRA comme seul représentant du peuple algérien».

F. A.

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