Célébration de l’Aïd-El-Adha : À défaut de mouton, des vêtements neufs

Ph. Nesrine T.
Ph. Nesrine T.

À l’approche de l’Aïd-El-Adha, les familles algériennes renouent, comme chaque année, avec une tradition profondément enracinée : habiller les enfants de neuf, pour célébrer la fête. Si le mouton demeure l’élément central du rituel religieux, les tenues festives, elles, incarnent la dimension joyeuse et familiale de cet événement. Et ce, malgré un contexte économique de plus en plus pesant.

Face à la flambée des prix et à un pouvoir d’achat en berne, de nombreuses familles n’ont pas pu acheter de mouton cette année. Pourtant, elles ont tenu à préserver l’essentiel : la joie de leurs enfants.  «Nous n’avons pas pu nous permettre un mouton, les prix sont devenus inaccessibles», a confié Malek, père de trois enfants, croisé dans un marché populaire d’Alger. «Mais je ne pouvais pas les priver de vêtements neufs. Pour eux, l’Aïd, c’est d’abord une fête. Les voir sourire, c’est ça ma priorité».
Pour ces familles, acheter des vêtements, même au prix de sacrifices, permet de sauver l’honneur de la fête, en lui conservant son éclat symbolique. Une manière de compenser l’absence du sacrifice rituel, tout en faisant perdurer la tradition. Car au-delà du geste religieux, l’Aïd-El-Adha est aussi, et surtout pour les enfants, un moment de joie, de nouveauté et d’apparat.
Cependant, cette année, le marché de l’habillement n’a pas été à la hauteur des attentes. Une tournée à travers plusieurs quartiers de la capitale, d’Alger-Centre à Draria, en passant par Chéraga, révèle une offre appauvrie. «Peu de choix, des articles de qualité douteuse et des prix qui semblent déconnectés de la réalité des ménages», selon certains citoyens rencontrés sur place.
«J’ai fait le tour de la ville en quête de quelque chose de correct pour mes deux filles. Le choix est très limité et les prix sont tout simplement scandaleux», a témoigné une mère rencontrée à la rue Didouche Mourad. 
«Une robe pour bébé à 3.000 DA, une jupe à 3.500 DA… C’est incompréhensible !» s’est-elle indignée.
De nombreux parents partagent ce constat. Dans certaines enseignes, un simple t-shirt pour enfant s’affiche à 2.200 DA, un pull, entre 3.000 et 3.800 DA. 
À cela s’ajoutent les sandales, les accessoires…Le tout représente une charge importante, difficilement conciliable avec les autres dépenses de la fête, notamment alimentaires.
Face à cette situation, une partie des familles s’oriente vers des alternatives plus accessibles. Des centres commerciaux, comme Le Printemps de Mohammadia ou celui d’El-Harrach, attirent une clientèle nombreuse en quête de prix raisonnables. Ces enseignes, perçues comme plus abordables, proposent une offre correcte en matière de qualité, et les longues files d’attente aux caisses témoignent de leur popularité. Dans ces établissements, les pantalons pour enfants varient entre 2.000 et 2.800 DA, les pantacourts à 1.100 DA, et les ensembles d’été, très prisés en cette saison, se négocient entre 1.500 et 2.950  DA. Pour les filles, l’offre est plus diversifiée : des robes entre 2.500 et 3.600 DA, les sandales à partir de 1.500 DA. Des prix jugés «accessibles» comparés à ceux pratiqués dans d’autres circuits.
Mais en marge du commerce formel, les marchés informels reprennent eux aussi du terrain, en cette période. Bien qu’en partie démantelés ces dernières années, ils refont surface, pour répondre à une demande croissante. On y trouve des vêtements à des prix défiant toute concurrence, une véritable aubaine pour les familles les plus modestes. Toutefois, la qualité reste aléatoire, souvent très en deçà des normes, avec des articles de seconde main ou de fabrication douteuse. Malgré toutes ces contraintes, le rituel vestimentaire de l’Aïd résiste. Acheter des vêtements neufs, même au prix de sacrifices, reste pour de nombreuses familles un moyen de célébrer la fête dignement. Car pour les enfants, l’Aïd, est synonyme d’habits neufs, de couleurs vives, de photos en famille… Un moment attendu avec impatience, pour son inégalable  magie.            
 
R. B.
 
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 

Les journées du vendredi, samedi et dimanche chômées et payées

Les journées du vendredi 6, samedi 7 et dimanche 8 juin, correspondant à la célébration de la fête de l'Aïd-El-Adha, seront chômées et payées pour l'ensemble des personnels des institutions et administrations publiques, des établissements et offices publics et privés, ainsi qu'aux personnels des entreprises publiques et privées, tous secteurs et statuts juridiques confondus, y compris les personnels payés à l'heure ou à la journée, a indiqué, hier, un communiqué conjoint du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, et la Direction générale de la Fonction publique et de la Réforme administrative. Toutefois, «les institutions, administrations publiques, établissements, offices et entreprises précités sont tenus de prendre les mesures nécessaires, pour assurer la continuité des services organisés en mode de travail posté».

Multimedia