
La population de Bordj Bou Arreridj, à l’instar d’autres régions du pays, est descendue dans la rue pour réclamer la liberté, une marche réprimée dans le sang. A Bordj Bou Arreridj mais aussi à Ain Taghrout, à Khelil et à Zemmoura, les citoyens ont bravé l’interdiction coloniale pour crier haut et fort leur algérianité. Emmenés, selon des historiens, par une partie de l’élite, à l’instar des docteurs Ahmed Benabid et Aïssa Bensalem, ils ont sillonné les rues des localités concernées pour demander aux autorités coloniales de tenir leur parole après la participation des Algériens à la libération de la France. Même les cireurs, qui vivaient plus que d’autres le dénuement et les atteintes à leur dignité, se sont joints aux manifestations mal accueillies par les autorités coloniales. Le chef de la police, qui répondait au nom de Paul Poli, n’arrêtait pas de provoquer les manifestants, mais le maire ne voulait pas d’un bain de sang. En fait, il craignait surtout pour ses intérêts puisqu’il était propriétaire de nombreux moulins qui risquaient de se retrouver sans employés. 15 civils ont été tués par la légion étrangère à Khelil, à l’est de Bordj. Les colons qui n’ont pas pardonné à ces paysans d’avoir perturbé l’ordre établi se sont vengés de la pire des manières. Ni la légion étrangère, ni l’aviation, ni l’artillerie ni même l’aide de l’OTAN n’ont eu raison de la volonté du peuple algérien.
F. D.