
- Quand on est en panne d’arguments et dépourvu de toute vision éclairée, on se contente de réchauffer les vieilles recettes du ressentiment.
A peine les vociférations de Marion Maréchal Le Pen, se sont estompées, qu’on a eu droit à Marine Le pen une semaine après. Cette candidate multirécidiviste à la présidence française décide, elle aussi, de hausser le ton, pour nous gratifier d’une analyse géopolitique à couper le souffle : «On donne de l’argent à l’Algérie qui nous crache au visage en permanence.» On applaudit la finesse de la réflexion digne des confidences d’estaminet dans un pays étouffé par la dette et enlisé dans une crise politique sans fin. Mais quand on est en panne d’arguments et dépourvu de toute vision éclairée, on se contente de réchauffer les vieilles recettes du ressentiment. Ainsi, la famille Le Pen semble avoir reçu le mot d’ordre pour déverser son flot d’inepties sur l’Algérie. Commençons par Marion Maréchal, cette version «Barbie» du racisme ordinaire, qui, sans sourciller, traite l’Algérie de «pays voyou» ! Le ridicule ne semble pas étouffer la «Barbie». Dans le chapitre de la «voyoucratie», Marion Le Pen en est une héritière bien documentée. Elle est la digne descendante d’une dynastie qui ne se soucie point de la morale. Comment oublier le grand-père maternel, Jean-Marie, un barbare sanguinaire. La torture, cette abomination immonde, est le lot de cet infâme personnage. La gégène, la violence systématique, les humiliations dégradantes, tout cela n’est que le masque misérable dissimulant les monstruosités commises par cet homme durant la guerre d’Algérie. Quelle infamie que de se glorifier de cet héritage, comme si la brutalité pouvait être revêtue d’un manteau de fierté ! À la torture, le monstre Le Pen ajoute les détournements de fonds en Suisse. Sans oublier la tante, Marine, impliquée dans une sordide affaire de «système organisé» de détournement de fonds publics (les fameux assistants parlementaires), et qui a connu deux redressements fiscaux, pour avoir sous-évalué son patrimoine de manière tout à fait douteuse. Entre le grand-père, Jean-Marie, spécialiste des tortures coloniales et des transactions douteuses, et la tante, Marine, qui navigue entre malversations financières et procédures judiciaires pour son train de vie, il est clair que l’apprentissage de «voyoucratie» se fait au berceau chez les Le Pen. Et suprême humiliation pour Marion Maréchal, elle a été virée par Eric Zemmour du parti qu’il dirige. Soyons tout de même indulgents, l’humanisme nous enseigne qu’il ne faut jamais tirer sur une ambulance. Faisons alors l’hypothèse charitable que les propos de Marion Maréchal Le Pen sont dus à son état d’«adolescente politique». Après tout, ne vient-elle pas de créer son propre parti ? Il est normal qu’elle cherche à exister en mordant dans les mollets des géants, surtout lorsqu’il s’agit d’une cible comme l’Algérie. Cependant, les affirmations de Marine Le Pen sont d’une étonnante légèreté venant de la part d’une cheffe de parti pourtant aguerrie et qui se veut présidentiable. Est-elle à ce point réduite à reprendre les approximations de Sarah Knafo ? Au passage, Knafo n’a pas été écartée par Zemmour – non pour des raisons politiques, mais plutôt pour des affinités personnelles que l’on devine bien plus intimes. À ce stade, on ne s’encombre pas de paradoxe même les plus frappants : Knafo, qui défend un certain français du nom de… Boualem (Sansal), un «prénom arabe» que son compagnon, Eric Zemmour, désire bannir de l’état civil français. L’oreiller a ses raisons que la raison ne connaît pas jusqu’à faire oublier délibérément les nuances les plus fines. Voilà une contradiction joyeuse qui résume à elle seule l’absurde ballet politique dans lequel cette troupe de personnages se débat. Mais revenons à Marine Le Pen, qui a perdu plusieurs courses à la présidentielle à cause de ses lacunes en économie précisément, qui reprend ce fameux élément de langage. Après les raccourcis de l’histoire, nous voilà arrivés aux graves approximations écono miques. On voit bien que la névrose algérienne dont souffrent de nombreux hommes politiques français s’aggrave. Pour toutes les personnalités françaises qui s’aventurent dans cette mystification de leur opinion, un tour chez le patronat et les grandes entreprises de l’Hexagone s’impose. L’Algérie a dépensé des milliards d’euros en France. Notre relation commerciale avec ce pays a toujours été au détriment de nos intérêts. Les montants ne se chiffrent pas en millions, mais en milliards d’euros. Combien d’entreprises ont prospéré grâce au marché algérien ? Le groupe Alstom, pour ne citer que cet exemple, allait mettre la clef sous le paillasson au début des années 2000. Il s’est remis d’aplomb grâce au marché algérien, où il a décroché deux gros contrats. Le premier, d’un montant de 123 millions d’euros, a porté sur la construction d’une centrale électrique à Fkirina dans la wilaya d’Oum El-Bouaghi, et le second a concerné l’électrification du réseau ferroviaire pour un montant de 88 millions d’euros. La France ne donne rien à l’Algérie et l’Algérie a toujours refusé son aide financière. Et l’hystérie collective anti-algérienne qui s’est emparée de ces lobbys peut, aisément, être expliquée par les pertes de parts de marché dans notre pays dans plusieurs secteurs, notamment celui du blé. Nous n’avons pas de dette envers la France. L’Algérie ne doit rien à aucun autre pays dans le monde, cela s’appelle la souveraineté financière, encore moins au peuple français qui vient de découvrir où est la véritable dette avec 1 000 milliards d’euros supplémentaires de déficit public. Mais s’il fallait réellement parler de dette, la facture serait bien trop salée pour la France. La dette de vos essais nucléaires en Algérie avec leurs atrocités est à quel prix ? Des générations entières portent encore aujourd’hui les stigmates de ces déflagrations criminelles, des corps mutilés et des cancers dévastateurs. Et que dire de vos millions de mines antipersonnel semées à travers le territoire, qui, bien après la fin de la guerre, continuent de faucher des vies ? Le pays de Le Pen accueille et héberge toutes les personnes qui ont détourné les biens du peuple algérien. La France doit restituer ces biens au peuple algérien, au lieu de sombrer dans le ressentiment colonialiste. S’exprimant sur ce sujet, Phillipe de Villiers s’est montré plus perspicace, en déclarant : «Macron doit saisir les biens mal acquis des Algériens, sur le champ, pour libérer Sansal.» N’est-ce pas une bonne idée ? Le clan Le Pen, où se mêlent argent sale, magouilles et barbouzeries, semble incapable de se débarrasser de son «syndrome algérien». Ce clan est génétiquement codé sur le pillage et l’escroquerie comme l’a fait le grand-père, qui a bâti sa fortune en escroquant les ciments Lambert. L’obsession maladive de cette caste pour l’Algérie n’est rien d’autre que le dernier râle des néo-colonialistes déchus. Il est plus facile de vociférer contre un pays indépendant que de faire face à la réalité : la chute définitive de leur dernier fantasme.
Entre le grand-père, Jean-Marie, spécialiste des tortures coloniales et des transactions douteuses, et la tante, Marine, qui navigue entre malversations financières et procédures judiciaires pour son train de vie, il est clair que l’apprentissage de l’indécence se fait au berceau chez les Le Pen.
La France ne donne rien à l’Algérie et nous n’avons pas de dette envers la France. L’Algérie ne doit rien à aucun autre pays dans le monde : Cela s’appelle la souveraineté financière, encore moins au peuple français qui vient de découvrir où est la véritable dette avec 1 000 milliards d’euros supplémentaires de déficit public.
Par : Brahim Takheroubte