Après la proclamation des résultats du Baccalauréat : La Vallée du M’zab en liesse

Des familles entières perchées aux portières des véhicules, feux allumés, sillonnent les grands boulevards et avenues de la capitale du M’zab, klaxons à fond la caisse, tout en tirant vers le ciel des fusées pyrotechniques, libérant de beaux feux d’artifice.

«Mon fils a eu son baccalauréat et je suis le père le plus comblé. Moi, de mon temps, je l’ai passé quatre fois sans pouvoir le décrocher, alors mon fils l’a fait pour moi et j’en suis fier de lui et de moi», nous lance, à travers la vitre de son véhicule, un homme d’un certain âge au visage rayonnant de joie. A Béni Izguène, au Lycée Moufdi Zakaria, le plus grand établissement secondaire de la wilaya de Ghardaïa, beaucoup de parents d’élèves, en majorité des mamans, tout en scrutant les listes des lauréats, téléphones scotchés aux oreilles donnent en live et à haute voix des nouvelles du succès de leurs enfants. «Oui, oui, elle l’a eu et avec mention» crie une dame, folle de joie et de bonheur au succès de sa fille, «stressée, elle n’a pas voulue venir avec moi, elle est restée à la maison. Je n’ai que cette fille, alors ça mérite une grande fête et croyez-moi, ça sera une grande fête». Même scène de joie au Lycée de Sidi Abbaz, où des dizaines de candidats, dont certains accompagnés de leurs parents, dévorent des yeux les listes des lauréats. «Je l’ai raté» murmure d’une voix triste un candidat qui, nous regardant, ajoute «dommage, je voulais vraiment faire plaisir à mes parents qui m’ont beaucoup soutenu tout au long de ma scolarité». Sur ce, un ami lui remonte le moral. Donc accroche-toi et tu l’auras, si ce n’est pas l’année prochaine, ce sera l’année d’après, l’essentiel est de ne pas baisser les bras». Au Lycée Mohamed Lakhdar El Fillali, dans le quartier de Mermed, des jeunes chantent et dansent en pleine rue, alors que des mamans lancent de stridents youyous. «Non, je ne suis pas lauréat, si vous me voyez là en train de chanter et de danser, c’est pour mes sœurs jumelles qui ont obtenues leur baccalauréat, toutes les deux. Je suis très content pour elles car moi je suis ouvrier - boulanger parce que je n’ai pas fait d’études et je le regrette aujourd’hui. C’est aussi et surtout pour mes parents qui se sont beaucoup sacrifiés pour nous, mes sœurs ont réussi à leur apporter ce bonheur que je n’ai pu leur donner et c’est pourquoi je remercie infiniment mes sœurs pour leur magnifique réussite». Le soir, des dizaines de familles et des centaines de jeunes et de moins jeunes affluent vers le superbe monument de La Concorde au carrefour de Sidi Abbaz, illuminé par intermittence par des couleurs chatoyantes où ils ont donnés libre cours à leur joie, chantant, dansant et tirant des feux pyrotechniques et des fumigènes alors que des familles s’offrent, sur la terrasse gazonnée de La Cabane du sympathique Hamza, des rafraîchissants et des coupes de glace au grand bonheur des enfants qui les accompagnent. D’autres sont montés vers le Belvédère Sid El Moustadjab ou encore vers l’espace de loisirs de Bouhraoua sur les hauteurs de Ghardaïa.

L. K.

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Avec un taux de réussite de 53,75% :
Ghardaïa aspire à mieux

À Ghardaïa, malgré la baisse du taux de réussite par rapport à 2024, les filles réalisent les meilleurs résultats. Elles sont aux trois premières loges et beaucoup plus nombreuses que les garçons à décrocher le baccalauréat. Après le décevant taux de réussite au BEM 2025 qui a fait couler beaucoup d’encre, voilà que la wilaya de Ghardaïa continue d’enregistrer des résultats négatifs pour le baccalauréat 2025, suscitant l’ire des parents d’élèves qui ne comprennent pas cette baisse de niveau et de résultats. Heureusement que les filles, avec des résultats plus que probants, ont avec leur enthousiasme, plus ou moins atténuées la déception des familles de candidats. En effet, et même si les filles à Ghardaïa, à l’instar de toutes les wilayas du pays, ont fait une véritable razzia sur les premières places, on ne peut cacher le soleil avec un tamis tant les chiffres sont implacables. Pour le baccalauréat 2025, le taux de réussite est de 53,75% d’admis par rapport à 2024, est jugé par les parents d'élèves en deça des attentes, soit - 6,82 par rapport aux 60,57% de l'année dernière. Pour un ancien enseignant du secondaire à la retraite, « il est inconcevable de laisser encore perdurer cette situation. Il faut rapidement engager une réflexion sur les causes de cette dégradation des résultats au BEM et au baccalauréat, il y va de l’avenir de nos enfants. Nous ne devons surtout pas classer ces échecs dans la rubrique pertes et profits», ajoutant «avec tous les moyens et l’effort consentis par l’Etat au service de l’éducation nationale. Il faut revoir à la hausse, tant le niveau, que la qualité de l’enseignement, mais aussi de mettre des gens compétents aux postes de responsabilité, ce qui, à mon avis, du moins au niveau de la wilaya de Ghardaïa, n’est pas du tout le cas. Je pense sincèrement que c’est là qu’est notre talon d’Achille». Cela dit, la performance des filles se doit d’être reconnue et surtout félicitée. Ainsi, à Ghardaïa, «les trois premières places sont revenues dans l’ordre alphabétique à Rihab Abed du Lycée Moufdi Zakaria de Ghardaïa avec 18,50%, dans la filière génie mécanique, suivie de Marwa Ahmed Merdoukh de l’établissement privé Errouad avec 18,36% dans la filière Mathématiques et de Lynda Lacheheb Kattar du Lycée Ramdane Hamoud de Ghardaïa avec 18,26% dans la filière génie mécanique. Pratiquement partout, dans les 10 communes de la wilaya de Ghardaïa, les filles trônent aux premières places, notamment dans la commune thermale de Zelfana, à 75 km au sud de Ghardaïa, où Manel Raoudi du lycée 5 Juillet avec 16,64%, suivie de Bouchra Abdelaâli, du Lycée 5 Juillet avec 16,05% et Malika Kouidri ont trustées les trois premières places.

L. K.

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