
Le directeur général de l'Institut national des études de stratégie globales (INESG), Abdelaziz Medjahed, a livré une analyse dense et critique de la situation géopolitique actuelle, marquée, selon lui, par un profond dérèglement de l’ordre international, une montée des tensions régionales et un positionnement ambigu, voire hostile, de certaines puissances vis-à-vis de l’Algérie. S'exprimant sur les ondes de la radio nationale, le général-major à la retraite commence par dresser un constat sévère de la situation politique en France, qu’il qualifie de nation en pleine confusion stratégique. Il estime que la France traverse une crise d’identité, accentuée par des divisions internes, une perte de repères idéologiques et une influence croissante de l’extrême droite sur les centres de décision. L’épisode impliquant le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a récemment formulé des déclarations sur des questions diplomatiques relevant normalement du chef de l’État, illustre, selon lui, cette confusion des rôles et cette fragilité du pouvoir. Medjahed y voit les signes d’un exécutif fracturé et d’un président affaibli, contraint de composer avec des forces politiques radicales qui dictent en partie l’agenda national et international. Il critique l’attitude de la France vis-à-vis de l’Algérie, rappelant les incidents diplomatiques récents, notamment l’expulsion mutuelle de diplomates. Pour lui, ces actes traduisent une posture arrogante, une incapacité à reconnaître les nouvelles réalités géopolitiques et un refus de considérer l’Algérie comme un partenaire égal. Il affirme que l’Algérie, fidèle à sa doctrine diplomatique fondée sur la souveraineté, le non-alignement et le respect du droit international, ne cèdera ni à la provocation ni aux tentatives de déstabilisation. En ce qui concerne le Mali, Medjahed souligne que la crise actuelle est enracinée dans plus de soixante ans d’histoire, bien au-delà du cadre national. Elle s’inscrit selon lui, dans une crise régionale plus vaste, dans une zone devenue un champ d'affrontement entre puissances étrangères. Il affirme que pas moins de 22 pays y sont impliqués, parmi eux des membres permanents du Conseil de sécurité, des membres des BRICS, de l’Union européenne, de l’OTAN, ainsi que des pays musulmans. Tous ont contribué, de manière directe ou indirecte, à la complexification et à l'aggravation des tensions. Dans cette configuration, Medjahed affirme que le soutien accordé à la junte malienne par certaines forces répond à une logique d’encerclement et de déstabilisation indirecte de l’Algérie. Il voit également, dans ces manœuvres un projet de fragmentation géopolitique, où l’instabilité devient un outil de domination. Cette stratégie vise, selon lui, à empêcher l’émergence d’États souverains, stables et autonomes. Abdelaziz Medjahed a conclu en insistant sur la nécessité, pour l’Algérie, de rester vigilante, ferme et fidèle à ses principes historiques. Il appelle à renforcer la cohésion nationale, à se prémunir contre les manipulations extérieures, et à poursuivre la stratégie d’indépendance diplomatique qui a toujours caractérisé la politique étrangère algérienne.
S. E.