63e anniversaire de la proclamation officielle du GPRA : L’acte fondateur de la République algérienne

La délégation du GPRA aux négociations d'Évian.
La délégation du GPRA aux négociations d'Évian.

Le 19 septembre 1958 marque la naissance du GPRA, le Gouvernement provisoire de la République algérienne, qui allait s’imposer, lors des négociations d’Évian, comme le seul représentant légitime du peuple algérien.

Pour le président de l’Association des anciens du ministère de l'Armement et des Liaisons générales (MALG), il n’y a aucun doute sur le fait que le GPRA avait constitué le «grand instrument» de la victoire finale de l’Algérie combattante contre le colonisateur français et que l'Histoire «finira par reconnaître» le mérite de son action. «Sa création représentait un acte fondateur d'un système de direction aux normes d'Etat avec son administration, ses missions régaliennes, ses règles de gestion et son budget au service d'un cap et d'un agenda», affirme Dahou Ould Kablia qui estime que l’autre grand mérite du GPRA avait été de construire et de mener un dossier de négociation, «selon son propre agenda», avec «intelligence et fermeté» pour aboutir au résultat «le plus conforme aux exigences» de son objectif de liberté et de souveraineté.
Et d’enchaîner : «Le bilan du GPRA, reconnu internationalement, est la somme des réalisations de chacun de ses membres et de leur service. Il avait élargi la reconnaissance du combat légitime du peuple algérien, conforté sa représentativité dans les conférences, les forums et les débats régionaux, arabes, africains et internationaux, notamment à l'ONU où il a réussi à isoler la France coloniale».
Ould Kablia considère que «la sagesse, la droiture et la compétence» de ses deux premiers présidents, en l’occurrence Ferhat Abbas et Benyoucef Benkhedda, couplées à la foi des différents ministres qui ont assumé les «lourdes responsabilités» de la conduite de la guerre et de la politique, auraient pu, «si la raison avait prévalu» et mis au «second rang» les «ambitions malsaines» de pouvoir, donner un visage «différent» de l'Algérie au lendemain de l'indépendance. De son côté, l’historien Fouad Soufi explique dans quelle mesure ce premier gouvernement a constitué un des «jalons fondateurs» de ce qui allait devenir la jeune République algérienne démocratique et populaire, se référant, à ce propos, à la déclaration de Krim Belkacem qui avait soutenu que la date du 19 septembre était «la plus importante», après celle du 1er novembre 1954.
Il assure que la composante de ce gouvernement était représentative de la majorité des composantes du mouvement national et signale que la nomination de dirigeants détenus en tant que membres a fortement contrarié l’Etat français. S’agissant de la reconnaissance internationale du GPRA, l'interlocuteur rappelle la longue liste des Etats ayant apporté leur caution, en premier lieu les pays arabes, ceux de l’Europe de l’Est ainsi que d’Amérique latine et centrale, alors que l’URSS l’avait reconnu «de facto» le 7 octobre 1960.
«Après la proclamation de ce premier gouvernement, M’hamed Yazid, ministre de l’Information, avait précisé que, désormais, avec l’existence du GPRA, la France commet une agression contre un Etat indépendant», souligne-t-il. Citant encore le Porte-parole du GPRA, l'Algérie, assurée du soutien de plus de 40 Etats, pouvait soumettre sa candidature à l'ONU, et déclaré que l'aide étrangère devenait de ce fait «licite». «L’offensive diplomatique, décrite par beaucoup d’acteurs témoins, avait bouleversé le rapport de force au détriment de la France», relève le chercheur en histoire. Convié, par ailleurs, à commenter le rôle du GPRA dans la conduite du processus des discussions ayant abouti aux accords d'Evian, il rappellera que «la délégation algérienne, conduite par Krim Belkacem, a négocié pied-à-pied avec pour mots d’ordre notamment l’indépendance sans préalable, l’unicité du peuple et l’intégrité du territoire».
Pour sa part, l'ancien ambassadeur et officier de l'ALN, Noureddine Djoudi, considère que la création du GPRA a donné une couverture légale à la lutte armée sur le plan international et lancé un message selon lequel, l’ALN, l’Armée de libération nationale, était formée de «révolutionnaires», non pas de «bandits», sous la coupe de l’Union soviétique.
Le diplomate, qui avait représenté le FLN à Londres, a indiqué que l’avènement du gouvernement provisoire avait permis d'élever les bureaux de représentation du FLN se trouvant à l'étranger à un niveau d'ambassades et donné à la lutte armée une «image légale» au plan international.
A ce propos, il soulignera le travail «remarquable» de sensibilisation de l'opinion publique américaine effectué par Abdelkader Chanderli, le représentant permanent auprès des Nations unies et à Washington, qui avait réussi à amener le sénateur John Fitzgerald Kennedy à prononcer en 1957 son discours devant le Sénat américain sur le droit du peuple algérien à l'indépendance et salué l’impact de la création du GPRA sur d'autres pays, notamment l'Angola, et le Vietnam dans sa deuxième guerre contre les Américains.
Synthèse S. A.

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