
La transmission du virus du sida de la mère à l'enfant se fait dans un tiers des cas avant la naissance, et dans les deux tiers des cas au moment de l'accouchement.
C’est la première cause d’infection par le Virus de l’immunodéficience humaine (VIH) chez l’enfant.
Les futures mères contaminées qui échappent au dépistage ne pourront pas prétendre à une véritable prise en charge thérapeutique. Cette situation désolante augmente, le risque de transmission de la maladie par la mère. La transmission materno-fœtale du virus du sida inquiète sérieusement les infectiologues en raison de l’apparition, chaque année, de nouveaux cas de sida pédiatrique. Les mères porteuses du virus doivent être systématiquement dépistées durant les trois premiers mois après confirmation de la grossesse, et ce, pour pouvoir enclencher une thérapie sans le moindre risque d’effets secondaires, puisque si le traitement est entamé après l’accouchement, des effets secondaires sont inévitables sur l’enfant. La prescription d’un traitement ponctué par une prise de trois molécules trois fois par jour, et ce, pendant trois mois, ne sera pas sans conséquence sur la croissance de l’enfant .Des études ont démontré que 40% des cas de femmes séropositives risquent d’avoir des enfants contaminés par le VIH. Pas moins de 40 à 50 enfants sont déclarés, chaque année, après examen, séropositifs. La maladie leur a été transmise par la mère. Près de 500 enfants suivent à présent un traitement spécifique antirétroviral, et ce, au niveau des centres ouverts à travers le territoire national.
La médecine a beaucoup progressé sur cette situation de la transmission de la mère à l'enfant. Depuis dix ans, le taux de transmission avoisine 1% seulement, grâce à la bonne prise du traitement antirétroviral par la mère pendant la grossesse, voire avant la conception. Ensuite, le nouveau-né suit un traitement préventif pendant un mois, et la mère ne doit pas l'allaiter. Ce système est extrêmement efficace. Les transmissions résiduelles résultent le plus souvent d'une prise en charge trop tardive ou d'un traitement mal pris. Les mères ignorent encore trop souvent qu’elles sont porteuses du virus, et ne réalisent pas qu’elles contaminent leurs bébés lors de la grossesse et de l’allaitement, et cela au moment où les prises en charge et les traitements destinés aux mères porteuses du VIH permettent d’empêcher l’infection du fœtus
Les femmes non dépistées responsables de plus de 70% des contaminations
Les femmes sont des cibles sensibles, et pourtant, les spécialistes ont du mal à les atteindre. Elles ne se sentent pas concernées. Il n’y a pas d’éducation sexuelle. Une meilleure information signifierait peut-être plus de dépistages, car les non dépistés sont responsables de plus de 7% des contaminations.
La stigmatisation et la discrimination peuvent avoir un impact négatif sur les taux de dépistage du VIH et la capacité des personnes atteintes à rechercher un traitement, des soins et du soutien. «Malgré toutes ces avancées médicales, le sida reste, en Algérie, une maladie encore taboue. Les personnes atteintes par le virus, qui, pour la plupart, ne révèlent pas leur maladie à leur entourage, vivent dans la stigmatisation, la solitude et souffrent d’une grande fragilité psychologique.»
Pour le président de Solidarité Aids, M. Bourouba, «force est de constater que le chemin est encore long pour changer les mentalités face au virus du sida, pour le faire accepter comme une maladie et non comme une opprobre. Car, et c’est un fait, le sida est encore considéré, dans une société algérienne conservatrice et empreinte de valeurs musulmanes, comme une tare».
La plupart des malades regrettent que l’État ne s’implique pas davantage dans l’information et la prévention. Quelques associations sont actives, comme El-Hayat ou Solidarité Aïds, qui lancent des campagnes de sensibilisation. «Le HIV est devenu une maladie sociale plus que pathologique. C’est avant tout le regard que l’on porte sur les séropositifs et les discriminations dont ils font l’objet qui les pénalisent aujourd’hui», nous dit la présidente d’une association. D’où la nécessité de mettre fin à cette stigmatisation, à travers «un travail d’information en direction du citoyen, pour parvenir à lui transmettre une nouvelle perception de la maladie», ajoute, pour sa part, M Bourouba, président de l’association Solidarité Aids.
Le plan national 2016-2020, une stratégie de riposte à la transmission mère-enfant
Le plan national stratégique de lutte contre les IST/VIH/Sida (2016-2020), a inscrit comme priorité la réduction des taux de mortalité et de transmission mère-enfant, ainsi que celui des nouvelles infections. Ce document se caractérise par trois résultats d'impacts clés, que sont la réduction, à hauteur de moins de 5%, du taux de mortalité et celui de la transmission mère-enfant. Il s'agit, à ce propos, de maintenir en vie 90% des mères séropositives et des enfants séropositifs. L'autre priorité consiste à ramener à moins de 500 nouveaux cas d'infections, l'enjeu étant d'atteindre, à l'horizon 2030, l'objectif 3 du développement durable (ODD) prônant la «bonne santé et le bien-être pour tous». La mise en œuvre du plan anti-sida, lequel est une «extension» du précédent (2013-2015), nécessite une estimation financière de l'ordre de 157 millions de dollars.
L’État en endossera 95%, tandis que le montant restant sera pris en charge par le Système des Nations unies (Onusida), ainsi que des bailleurs de fonds internationaux.
Le secteur privé devra être impliqué, s'agissant de l'apport national, dont la contribution concernera, notamment, les actions de prévention et de sensibilisation contre la maladie.
Ce nouveau plan s'articule autour de cinq axes principaux : la prévention, le dépistage, le traitement, le suivi et enfin, l'évaluation de l'information stratégique.
Il s'agit du quatrième plan élaboré par l'Algérie pour endiguer la propagation de cette pathologie, après ceux de 2002-2006, 2008-2012, et enfin celui de 2013-2015. Ce nouveau plan «s'inscrit résolument dans les recommandations internationales, à savoir, notamment, les 90-90-90 de l'ONU sida, ainsi que dans la Déclaration d'Alger sur l'accélération du dépistage du VIH dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA).
Farida Larbi