M. Ahcène Boufenissa, président de l’association «Solidarité Aids» : «La Covid-19 expose les malades du sida à un double risque »

La situation épidémiologique résultant de la pandémie de coronavirus rend difficile, pour de nombreux patients séropositifs, l’acquisition de leur traitement, en particulier pour ceux qui vivent loin des hôpitaux, exposés donc à un double risque, indique le président de l'association nationale de prévention et de lutte contre le sida Solidarité Aids, M. Ahcène Boufnissa.

Ces patients souffrent des conséquences socio-économiques de la pandémie et certains ont même été privés d’une quelconque aide. Certains ont abandonné leurs études, d’autres ont perdu leur emploi, risquant de sombrer dans la pauvreté sans parler de l’effet à long terme de cette crise sur leur santé mentale, d’où l’importance de la recherche de solutions innovantes. Comment les personnes ayant un handicap arrivent-elles à s'approvisionner en matériel médical qu'elles utilisent quotidiennement comme les sondes pour l'auto-sondage sur la base d'une ordonnance obtenue tous les trois mois ? Comment les familles se comportent-elles avec un enfant autiste qui perd ses repères ?
Contactée, la présidente de la Fédération algérienne des personnes handicapées, Mme Atika Mammeri dénonce l’absence de mesures adaptées pour lutter contre la pandémie : «Depuis le début du confinement, le 18 mars, les personnes souffrant d’handicap sont oubliées. Aucun programme spécial Covid-19 n’a été élaboré en leur faveur.»
«Depuis le début du confinement, les centres médico-pédagogiques relevant du secteur de la solidarité nationale sont fermés, sans prévoir d’actions de soutien à domicile. Les «diar rahma» sont fermées aussi et nous n’avons même pas pu intégrer deux SDF malades et handicapés (amputation suite à une gangrène) et une femme en chaise roulante se réfugiant dans un abri bus au chemin Bachir-Ibrahim à El Biar. La FAPH a mis à disposition du gel hydro-alcoolique, des masques, des chaises roulantes pour adultes et pour enfants et des couches aux personnes handicapées incontinentes et aux personnes âgées malades.
«Nous aurions souhaité avoir un soutien et de l’aide pour acheminer ce matériel car la FAPH ne fait pas dans l’humanitaire pur», mentionne Mme Mammeri.
Elle n’est pas satisfaite de l'application uniforme des mesures contre la transmission de la Covid-19, sans tenir compte des besoins des personnes aux besoins spécifiques.
«Les personnes qui les aident, par exemple, à se déplacer en fauteuil roulant et effectuer d'autres activités, sont désormais censées pratiquer la distanciation sociale. Comment peuvent-elles les assister dans ces cas», se demande-t-elle.
Pour les mesures d'hygiène de base telles que le lavage des mains, les éviers ou les pompes à eau peuvent être physiquement inaccessibles pour ces personnes. Pour Mme Mammeri, la Covid-19 aggrave la situation en particulier pour les personnes ayant un handicap dans ce contexte sensible. «Elles n’ont généralement pas un accès adéquat aux informations de santé publique et sont confrontées à de grands obstacles dans la mise en œuvre des mesures d'hygiène de base et l’accès physique à des installations sanitaires. Il faut envisager des dispositions spéciales, des adaptations et des aménagements pour les personnes aux besoins spécifiques dans les systèmes de soin de santé et de santé publique et les leur fournir».
Ces personnes n’ont pas un accès égalitaire aux soins de santé, à l’éducation, à l’emploi ou à la vie sociale. Elles sont exposées à un risque plus élevé de pauvreté, de négligence ou d’atteinte physique et psychologique. En effet, ce sont les personnes les plus marginalisées dans les communautés touchées par la crise. Comme elles subissent de façon disproportionnée les incidences, directe ou indirecte, de la pandémie de la Covid-19, leur situation n’a fait que s’aggraver.
Farida Larbi

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