
Le nombre de nouveaux cas de SIDA à Oran ne reflètent pas la réalité à cause de la fermeture, pendant plusieurs mois, de l’un des principaux centres de dépistage volontaire, indique le responsable du service de prévention à la direction de santé, le Dr Boukhari. 582 personnes séropositives résidant dans les wilayas de l’Ouest ont continué à recevoir leurs médicaments pendant toute la période du confinement sanitaire.
À Oran, la direction de la santé a dégagé un espace où ils pouvaient se procurer leurs traitements, sachant que le service qui leur est dédié a été réquisitionné pour accueillir les patients atteints de la Covid-19.
97 nouveaux cas, dont 5 enfants, ont été déclarés séropositifs à Oran entre le 1er janvier et le 20 novembre 2020. Durant la même période de l’année dernière, il a été recensé 155 cas porteurs, dont 83 de sexe masculin et 72 de sexe féminin, âgés entre 1 et 65 ans, dont 422 cas issus des wilayas limitrophes.
Oran est la seule wilaya à être dotée de 5 centres de dépistage CD de VIH. Le premier est situé au quartier Akid-Lotf ; le deuxième à AïnTurk et accueille essentiellement les travailleurs et travailleuses du sexe ; l’EHS maternité Nouar-Fadela est réservé aux femmes enceintes ; le quatrième à
El Hassi est mobilisé principalement pour le dépistage des migrants dont la plus importante population vit dans ce quartier. Le dernier centreest celui du CHU.
La sensibilisation n’a pas cessé pendant le confinement. Pendant toute la période du confinement, les associations ont poursuivi des opérations de sensibilisation à travers la distribution de brochures, dépliants, préservatifs, masques de protection contre la Covid-19 et la réalisation de tests rapides.
En avril dernier, l’Association de protection contre le Sida (APCS Oran) s’est jointe à l’élan de solidarité nationale pour faire face à la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid 19, en contribuant à la production des masques pour les personnes vivant avec le VIH. Trois unités de production ont été mises en place à Oran, Mascara et Alger.
Selon l’APCS, cette action s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 et souligne que les masques sont utiles afin de se protéger et protéger les autres. Ils offrent un potentiel important de réduction de la transmission de la Covid-19, ce qui donne du répit au système de santé pour éviter la surcharge des services hospitaliers.
Les associations continuent leur action de sensibilisation et œuvrent pour une meilleure intégration des personnes porteuses du VIH dans la société. Le président de l’Association de protection contre le sida, le Pr Tadjeddine, estime que «le SIDA est une maladie chronique tout comme le diabète ou l’hypertension. Si la charge virale de la personne qui est sous traitement est négative, son cas ne cause aucun problème». Il a ajouté que l’association prend en charge des femmes séropositives enceintes et qu’après le traitement, la charge virale du nouveau-né a donné un résultat négatif.
Selon le même responsable, le maillon fort de la stratégie l’APCS est le dépistage chez les populations clés. «L’association assure le suivi de la transmission mère-enfant au niveau des 11 wilayas de l’Ouest.
«Nous avons un projet avec l’Union européenne qui nous a permis d’activer au niveau de la wilaya de Béchar, où nous avons réalisé des dépistages dans les cités universitaires et chez d’autres populations clés. L’APCS a réalisé une étude en 2015 qui a montré que la prévalence du VIH dans les régions du Sud est plus importante que dans le Nord. Nous sommes aussi présents à Alger où nos actions ciblent en particulier les usagers de la drogue par voie intraveineuse», a-t-il confié. «Lutter contre le VIH, c’est donner la parole aux personnes qui en souffrent et portent elles-mêmes le combat de la lutte contre la maladie», dit-il. Le contexte sociétal rend difficile l’évocation des populations issues des communautés homosexuelles ou travailleuses du sexe. Les campagnes de sensibilisation des associations visent une meilleure intégration des personnes porteuses du VIH.
Des groupes de paroles offrent une thérapie collective aux malades ainsi qu’une prise en charge.
Parler du SIDA, c’est donner la parole aux personnes qui en souffrent et qui ne se cachent plus, et portent elles-mêmes le combat de la lutte contre la maladie avec un seul slogan «écraser la maladie avant que la maladie ne nous écrase».
Avec une unité mobile, l’APCS mène régulièrement des campagnes de dépistage, a indiqué un membre de l’association.
Amel Saher