Rien ne semble freiner la déferlante de plastique à l’échelle mondiale. La situation est d’autant plus alarmante que les efforts de recyclage peinent à suivre. En 2022, moins de 10% du plastique produit dans le monde a été recyclé, selon une étude récente menée par des chercheurs de l’université de Tsinghua, à Pékin, et publiée le 10 avril dernier, dans la revue Communications Earth & Environment.
Sur les 400 millions de tonnes de plastique produites cette année-là, seulement 9,5 % provenaient de matériaux recyclés. Le reste, soit près de 90 % continue d’être fabriqué à partir de ressources fossiles, principalement du pétrole et du gaz, une proportion restée quasiment inchangée par rapport aux années précédentes. L’étude en question, la première à offrir une vision détaillée du secteur plastique à l’échelle mondiale pour l’année 2022, s’est appuyée sur des données nationales, des bases internationales et des rapports d’industriels. Elle met en évidence une stagnation inquiétante du taux de recyclage, alors même que la production globale de plastique ne cesse d’augmenter. La filière du recyclage se heurte à de nombreux obstacles. La diversité des matériaux, la complexité des additifs, la présence de résidus alimentaires ou d’étiquettes sur les emballages rendent ainsi le tri et le traitement particulièrement difficiles. À cela s’ajoute une réalité économique peu incitative. Produire du plastique vierge reste souvent moins coûteux que recycler. «Cette barrière économique décourage l’investissement dans les infrastructures et les technologies de recyclage, perpétuant un cycle de faible efficacité», soulignent les chercheurs. Chaque année, des millions de tonnes de déchets plastiques échappent à toute filière de traitement et finissent dans les océans ou dans la nature et se décomposant en microplastiques. Invisibles à l’œil nu, ces particules polluent les nappes phréatiques, contaminent les sols et s’infiltrent dans la chaîne alimentaire. Le plastique est ainsi devenu une menace directe pour l’environnement et la santé humaine. Son impact ne s’arrête pas là. Le cycle de vie du plastique est responsable d’environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, aggravant encore la crise climatique. Ces conclusions surviennent alors que les discussions pour un traité international contre la pollution plastique piétinent. Les États-Unis, premiers consommateurs de plastique par habitant, affichent l’un des taux de recyclage les plus faibles, à peine 5 %. Toutefois, un changement commence à s’opérer. La mise en décharge décline au profit de l’incinération, qui concerne désormais environ un tiers des déchets plastiques. Malgré quelques avancées sectorielles, le constat demeure préoccupant. Le monde fait face à un défi environnemental majeur, et l’urgence d’agir n’a jamais été aussi grande. Repenser la production, renforcer les politiques de réduction à la source et investir massivement dans des infrastructures de recyclage efficaces sont devenus des impératifs pour limiter l'empreinte du plastique sur la planète.
A. F.
