
Le monde célèbre, comme chaque année, la Semaine du glaucome durant le mois de mars. Cette maladie oculaire, souvent silencieuse, peut engendrer la cécité. En Algérie, un travail de sensibilisation des populations aux conséquences graves de la non-prise en charge à temps de cette pathologie chronique est plus que nécessaire.
Des efforts pour faire connaître cette maladie du grand public sont menés par la Société algérienne du glaucome (SAG). Selon son secrétaire général, le professeur Hakim Boudedja, «des campagnes de dépistage sont menées régulièrement, surtout dans les régions du Sud, où l’accès à une consultation en ophtalmologie n’est pas toujours facile».
Ces initiatives visent à diagnostiquer précocement la maladie et à prévenir son aggravation et sa complication. Caractérisée par une augmentation de la pression intraoculaire, pouvant entraîner des lésions du nerf optique et conduire à la cécité, si elle n’est pas traitée correctement, cette affection représente un enjeu majeur de santé publique. S’il n’y a pas de chiffres récents sur le nombre de personnes atteintes de glaucome, les dernières enquêtes donnent un ordre de grandeur et attestent de l’évolution constante de cette maladie au sein de populations relativement jeunes. À titre indicatif, une étude épidémiologique, réalisée en 2008 par le ministère de la Santé, relève une prévalence de 4,6% chez les Algériens âgés de plus de 40 ans. Un taux qui correspondrait à environ 400.000 à 500.000 personnes atteintes. Des études ultérieures ont confirmé ces chiffres, mettant en évidence une augmentation significative de la prévalence avec l’âge, en particulier chez les hommes. Certaines régions, notamment dans le sud du pays, présentent des taux plus élevés. Par exemple, une étude, menée à El-Oued en 2006 par le CHU de Bab El- Oued, a révélé une prévalence de 9,6% chez les personnes de plus de 40 ans. Ces chiffres élevés sont attribués à des facteurs génétiques et ethniques spécifiques à ces populations. Le glaucome se décline sous différentes formes qui ont en commun une destruction progressive du nerf optique, souvent associée à une élévation de la pression de l’œil qui dépasse les 21 mm Hg. Parmi ces formes, il y a le glaucome congénital qui touche les enfants et qui se manifeste au cours des premiers mois de la vie. Il est dû à une malformation de l’œil. Il y a ensuite le glaucome primitif à angle ouvert (GPAO) dû à l’atteinte de la microstructure qui permet l’évacuation du liquide qui donne la tension de l’œil. Il y a aussi le glaucome primitif à angle fermé (GPFA) qui est dû à la fermeture de l’angle qui se trouve entre l’iris et la cornée, ce qui provoque une élévation de la pression oculaire. Enfin, il y a les glaucomes secondaires qui sont provoqués par des maladies oculaires, comme les inflammations, la cataracte, des maladies générales, comme le diabète, les traumatismes ou la prise de certains médicaments. La forme la plus répandue dans notre pays est le glaucome primitif à angle ouvert (GPAO). Grâce aux efforts conjugués des autorités sanitaires, des professionnels de santé et des associations spécialisées, des progrès significatifs ont été réalisés dans le dépistage et la prise en charge de cette pathologie, offrant ainsi aux patients de meilleures perspectives de traitement et de qualité de vie. L’amélioration de la prise en charge s’explique aussi par l’accès aux nouvelles technologiques et à la qualité de formation des professionnels de santé. Il y a aujourd’hui des centres spécialisés qui proposent des services de diagnostic et de traitement du glaucome très évolués. La prise en charge pourrait être optimale si cette maladie est cataloguée dans la liste des pathologies chroniques, qui sont prises en charge à 100% par les caisses de sécurité sociales. Un travail est engagé dans ce sens par la SAG. Son aboutissement pourrait avoir un impact positif sur la prise en charge de cette maladie handicapante.
M. A. O.