Hommage au grand érudit Cheikh Djillali Boudali El-Farissi : Forgeron inlassable de la pensée nationaliste

Cheikh Djillali Boudali El Farissi illustre théologien fut le premier enseignant et directeur de la prestigieuse école El Khaldounia, créée en 1944 et a consacré sa vie au savoir et à la culture. Ardent défenseur de la pensée arabo-islamique contemporaine, il a contribué à donner ses lettres de noblesse au développement de l'enseignement et du savoir, s'intéressant beaucoup à la sociologie, où il montre la véritable place de l'islam dans la société moderne et défendra les principes de tolérance et le rôle de la médersa à l'égard de toutes les religions et langues vivantes. Il a été membre du conseil d'administration de l'Association des oulémas musulmans algériens, fondée le 5 mai 1931, avec les éminents savants et intellectuels Abdelhamid Ben Badis, Larbi Tebessi, Mohamed Bachir El Ibrahimi, Abbas Bencheikh El Hocine, Mohamed Kheirddine, Abdellatif Soultani, Ahmed Hammadi, Hamza Boukoucha. Aujourd'hui, Chlef ne l'a pas oublié. Tous se souviennent encore de son rôle dans le mouvement national et la formation de formateurs et encadrants des affaires éducatives et religieuses. En fait, il n'a jamais cessé de faire campagne pour ce en quoi il croyait, notamment le respect et la dignité des individus et des communautés. La journée du Savoir «Youm El Ilm» coïncide avec la commémoration de la mort du cheikh Abdelhamid Ben Badis et nous ramène à une étape importante de l'histoire de notre pays. L'on ne peut évoquer cette Journée sans évoquer le cheikh Boudali El Farissi, et la prestigieuse école d'El Khaldounia de Chlef, le premier à avoir œuvré pour la création de cette institution libre. C’était la première inspiration aux côtés de ses compagnons, Mohamed El Madjadji, cheikh Saidi, Amar Ghriss, cheikh El Abassi qui font aujourd’hui la fierté de la ville de Chlef. La prestigieuse école El Khaldounia, dont la construction fut financée par des notables et bienfaiteurs de la ville, est un véritable pôle de savoir où l’on enseignait notamment la jurisprudence religieuse, la grammaire, les mathématiques, l’astronomie, l’histoire, la géographie, la culture arabo-islamique. El Cheikh Henni Adda, surnommé El Cheikh Djillali Boudali El Farissi, né le 28 octobre 1909 au nord de Chlef, est originaire de la commune d'Ouled-Farès, issu d’un rang social modeste. Habillé de sagesse, son seul luxe était le port de son costume traditionnel. Il a occupé le poste d’inspecteur régional des affaires religieuses à l’échelon Centre-Ouest qu’il parcourait durant toute l’année et fut en parallèle imam de la grande mosquée de Chlef où il se consacrait à l’explication du Saint Coran, aux côtés de l’érudit et mufti Bouabdelli, cheikh Saidi, cheikh Hadj M’Hamed Hachemi, cheikh Achit. En effet, la famille Henni Adda compte parmi les plus anciennes de la ville, pétri dès l’enfance de la culture arabo-islamique, il apprit parfaitement les 60 versets du Saint Coran jusqu’à l’âge de 15 ans. Il expliquait, de manière pédagogique, le Coran et la sunna qu’il inculquait aux fidèles avec autant d’ardeur. Il rejoindra l’université Zeitouna de Tunis où il parachèvera ses études supérieures, puis à Constantine. Il a contribué à la formation de plusieurs formateurs de l’enseignement des affaires religieuses. Au déclenchement de la Révolution de 1954, il a activement milité dans le mouvement national, avant d’être arrêté et emprisonné à la prison de Berrouaghia et libéré deux ans après. Il ne tarda pas à connaître une seconde incarcération et fut placé en résidence surveillée jusqu’au cessez-le-feu. Djillali El Farissi, de son vrai nom Henni Adda, (décédé, le 26 juin 1994) laissa derrière lui un patrimoine d’écrits riches dont des articles publiés dans la revue El Baçair de l’Association des oulémas musulmans. Ses œuvres sont intimement liées au culte et à la société, lui valant le respect de tous. Son rôle très signifiant et ses contributions ont été d’un apport précieux dans le mouvement national pour forger l’esprit nationaliste et l’apprentissage des sciences, mais aussi d’un très grand intérêt pour la culture arabo-musulmane durant la période coloniale. Homme de grande culture, il voua sa vie entière à sa patrie et au savoir. Il est inhumé au cimetière de Sidi Bechrifa à Ouled Farès où il repose depuis 1994.

Adel Messaoudi

Sur le même thème

Multimedia