Gestion des déchets ménagers : Pour quand le tri sélectif et le Recyclage ?

L’augmentation de la population mondiale et sa concentration dans les villes, ainsi que le développement d'équipements industriels et de biens de consommation génèrent des quantités astronomiques de résidus : en moyenne plus de 400 kilogrammes par habitant et par an dans les pays développés et parfois plus de 700 kilogrammes pour certains d'entre eux. Leur gestion rationnelle et leur réduction sont devenues indispensables pour préserver l'environnement et l'avenir des générations futures. L’Algérie n’échappe pas à cette contrainte et ce, pour au moins une raison :
A la ville par exemple, ici la capitale, le rejet familial rejoint la rue : épluchures ménagères, humeurs et odeurs variées des vases de nuit, déjections animales, litières diverses, boues fétides du sol piétiné par les hommes… Le déchet signale ainsi l'emprise humaine et reflète ses technologies. C'est donc un «mal» ancien dont la fièvre moderne est devenue insupportable avec la concentration urbaine. La traditionnelle et facile habitude du rejet rural de tous ces déchets afflige, aujourd'hui, les banlieues des décharges répugnantes et dangereuses, notamment dans les pays en développement comme l'Algérie. En effet, l'entassement désordonné est devenu critique et le simple ensevelissement dans le milieu naturel dépassé. La décharge, qui jusque-là trouvait une justification essentielle, est désormais condamnée.
Pour celles et ceux qui ne le savent pas encore, faut-il rappeler que l'activité «Déchets» dans notre pays est régie par la loi n° 01-19 du 12 décembre 2001 relative à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets, deux grands programmes pour la gestion des déchets ménagers (PROGDEM) et spéciaux (PNAGDES), des règlements et des instruments de mise en œuvre ?
La loi en question confère aux APC une compétence pour assurer le service public d'enlèvement et d'élimination des déchets dans notre pays. Or que font les communes ou des groupements de communes qui ont la responsabilité d'élaborer et de mettre en œuvre des plans communaux de gestion des déchets municipaux et d'organiser sur leurs territoires respectifs la collecte, le transport et le traitement des déchets ? Pas grand-chose, sinon rien du tout dans de trop nombreux cas de figure, tant aux échelles nationale, wilayale que communale....

Les pouvoirs publics face à
l’enjeu du tri sélectif et du
recyclage

Sur le plan opérationnel, faut-il rappeler aussi que ce sont essentiellement les établissements publics dans les différentes wilayas qui sont censés assurer la gestion des déchets et l'administration des centres d'enfouissement technique, déchetteries et centres de tri ? L'effort d'investissement en matière d'organisation et de mise en place d'installations dans ce segment en amont a certes été considérable depuis plus d'une dizaine d'années ; l'objectif premier des pouvoirs publics était de privilégier d'abord l'hygiène et la santé de la population.
Or l'importance du dispositif d'encadrement réglementaire et matériel mis en place, si elle a permis de répondre aux objectifs de la politique de prévention et de réduction de la production et de la nocivité des déchets à la source, ne semble pas encore pouvoir réunir les conditions et les moyens nécessaires pour organiser les activités de tri sélectif et rendre possible la valorisation des déchets par le recyclage et leur traitement rationnel.
D’où ce questionnement fondamental qui sonne comme une réponse : les nombreuses expériences et opérations pilotes, menées ici et là avec l'aide de la coopération internationale dans différentes wilayas et visant à éduquer le public au tri sélectif et au recyclage, et à organiser sur le territoire des wilayas une gestion efficiente des déchets avec un système de tri performant, ces expériences et opérations pilotes ont-elles abouti ? On aimerait bien le savoir, ne serait-ce que par acquis de conscience.

Kamel Bouslama

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