Recyclage des déchets domestiques : L’indéniable apport de la consigne

Et-il possible, dans notre pays, d’envisager une démarche qui consisterait à pratiquer le retour à la consigne de bouteilles en verre, en plastique et de canettes en métal, ne serait-ce que pour contribuer à assainir quelque peu l’environnement de la capitale et des autres grandes villes du pays ?

Alors qu’on observe chaque jour que Dieu fait, de façon pratiquement résignée, le nombre de plus en plus important de bouteilles en verre, en plastique et de canettes en métal jonchant les trottoirs des villes, villages et abords de route à l’intérieur du pays, comment ne pas s’être rendu compte, entre temps, que le retour à la formule de la consigne de ces emballages, évoquée il y a un plus d’un an dans ces mêmes colonnes, aurait peut-être pu, s’il avait été pris en compte, contribuer à assainir ce même environnement, notamment en permettant à des citoyens de faire, par exemple, comme au Canada (lire encadré), autrement dit procéder au ramassage de tous les emballages qui traînent dans le décor et les déposer en des points de collecte qui auraient été aménagés en différents établissements commerciaux par des entreprises citoyennes.
Et ce n’est pas tout : imaginez un seul instant que cela soit vraiment le cas. D’abord, il est quasiment certain que nos jeunes désœuvrés ne s’amuseraient plus à jeter n’importe où leur bouteille ou canette une fois le contenu consommé. Bien au contraire, il faut espérer qu’au-delà de ce geste citoyen, les plus volontaires d’entre eux se mettraient assurément en quête de tout emballage qui réponde aux caractéristiques évoquées plus haut. L’effet immédiat attendu ? Certainement moins de bouteilles et canettes éparpillées dans l’environnement puisqu’on peut supposer que ce type de déchet finirait dans un bac qui se trouverait à l’entrée d’une grande surface commerciale, en tout cas pas celui des ordures ordinaires. Et là, premier principe universel en matière de tri : les bouteilles en verre dans un bac, celles en plastique dans un deuxième bac et les canettes dans un troisième bac. Histoire de faciliter leur acheminement ultérieur, selon des formules appropriées vers leur destination finale, à savoir les entreprises respectives de recyclage.
Imaginez, là aussi, le nombre de milliers d’emplois que cette étape, dans la démarche en question, pourrait, à terme, générer. Nul doute, alors, que tout le monde y trouverait son compte : les ramasseurs de ces types d’emballage, les entreprises citoyennes qui auraient prévu des bacs d’entreposage à l’entrée des grandes surfaces, les entreprises qui font dans le recyclage, etc. Et surtout, surtout notre environnement qui ne pourrait que mieux s’en porter, pour ne citer que les acteurs les plus visibles de cette chaîne utile à plus d’un titre.
Cela dit, il est vrai que, toutes proportions gardées, les contextes environnementaux entre l’Algérie et le Canada ne sont pas les mêmes. Autant l’environnement dans le pays nord-américain en question est «sur-protégé», autant dans notre pays, il est, dans de trop nombreux cas hélas, laissé à l’abandon pur et simple. Mais ne serait-il pas malgré tout possible d’envisager une telle démarche, ne serait-ce que pour contribuer à assainir quelque peu l’environnement de la capitale et des autres grandes villes du pays ?
Kamel Bouslama

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L’exemple canadien

Des bouteilles et des canettes payées quelques dinars de plus — pas plus de cinq DA l’unité — mais qu’on peut récupérer en apportant l’emballage vide dans un point de collecte prévu à ce effet, public ou privé : tel est le principe de la consigne qu’il faudra tôt ou tard réintroduire dans la pratique quotidienne de nos concitoyens.
Pour mieux étayer notre argument, voici, ci-après, comment se passent les choses au Canada, pays qui passe pour un modèle en ce domaine : un jour de visite dans les travées du Festival de jazz de Montréal, au mois de juillet 2018, nous avons eu l’occasion d’observer ce principe universel à travers la séquence vécue ci-après : tandis que les gens applaudissaient les artistes qui se succédaient sur la scène, voire dansaient aux divers rythmes musicaux, que ce soit sur une place publique ou dans un théâtre de verdure, des personnes à l’aspect plutôt humble, en tout cas pas des touristes (des SDF peut-être ?) passaient de table en table pour récupérer dans un grand sac tout ce que les visiteurs avaient laissé sur place, à savoir restes, bouteilles en plastique et canettes vides. A la question posée à notre hôte de savoir ce que ces ramasseurs de ce type d’emballages allaient en faire, la réponse a été des plus simples : les personnes en question allaient tout simplement déposer ces emballages vides dans des points de collectes prévus à ce effet, et ce, afin de récupérer la consigne à raison de cinq centimes de dollar canadien par canette ou bouteille.
Pourquoi une telle démarche ne fonctionnerait-elle pas dans notre pays ? Mais comment récupérer cette consigne de quelle façon ? avions-nous insisté. Eh bien, c’est tout aussi simple, renchérit notre hôte : au Canada, à Montréal en l’occurrence, il existe des points de collecte de ce type de déchets. Ceux-ci sont généralement récupérés au niveau des points de collecte, pour être recyclés par des entreprises qui ont même poussé l’innovation jusqu’à faire installer des appareils, genre bacs à ordures super intelligents, spécialement pour ce type d’objets.
C’est, en quelque sorte, à partir de cette observation que nous en sommes arrivés à nous poser la question de savoir pourquoi une telle démarche ne fonctionnerait pas aussi dans notre pays. Et, partant, pourquoi ne pas envisager de suggérer la possibilité de réintroduire la consigne de bouteilles en plastique, en verre et des canettes ?

K. B.

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