Bassin versant du Guir à Béchar : Un écosystème en péril

L’écosystème du bassin versant du Guir, qui alimente en eau le barrage de Djorf-Ettorba (sud de Béchar), est en péril, à cause de la construction, par le Maroc, de barrages en amont de ce bassin versant, ont indiqué des responsables de l’Agence nationale des ressources hydriques (ANRH), cités par l’APS. La réalisation par le Maroc de ces barrages porte une grave atteinte à l’écosystème de ce bassin versant, dont la superficie d’environ 27.323,2 km² est répartie entre l’Algérie et ce pays, sachant que la réalisation de ces barrages, en amont, en territoire marocain couvre 67 % de la superficie totale du bassin, a précisé le directeur régional Sud-ouest de l’ANRH, Taha Ansari, lors de la conférence internationale sur l’eau et les changements environnementaux. Cette situation est à l’origine de la réduction «sensible» des eaux dans le barrage de Djorf-Ettorba, d’une capacité de retenue de 365 millions m3, qui assure l'approvisionnement en eau potable de 78 % des habitants d'Abadla, de 80% de ceux de Béchar, ainsi que de la totalité des habitants de la commune de Kenadsa, a-t-il expliqué. La réalisation, par le Maroc, de ces barrages sur le bassin versant du Guir est en contradiction complète avec la résolution 1803 de l’Assemblée générale de l’organisation des Nations-unies (ONU), qui mentionne la souveraineté permanente sur les ressources naturelles et le droit inaliénable de chaque État de disposer librement de ses ressources et richesses naturelles, et reconnait également l’importance du respect des obligations internationales et de ne pas nuire aux autres nations, comme l’a fait le Maroc en réalisant ces barrages sur le bassin versant du Guir, a-t-il ajouté. L’Algérie, qui a de tout temps respecté et concrétisé, sur le terrain, cette résolution de l’ONU et le droit international en la matière, a procédé à la mise en place d’un mécanisme de concertation des eaux souterraines communes au niveau du Sahara septentrional, un exemple révélateur de coopération régionale «réussie» en matière d’exploitation des eaux, a signalé, pour sa part, le responsable du système aquifère du Sahara septentrional (SASS) et cadre au ministère de l’Hydraulique, Mohamed Dermachi. La gestion du SASS repose sur la coordination entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye, depuis sa signature en avril 2024, et ce mécanisme régional s’efforce de promouvoir une gestion durable et intégrée des ressources, en facilitant l’échange d’informations, la réalisation d’études scientifiques conjointes et la mise en place de solutions mutuellement bénéfiques à ces pays, a-t-il souligné. Ainsi, l’Algérie manifeste une volonté constante de s’inscrire dans une dynamique collaborative, témoignant de l’importance de préserver la stabilité régionale, à travers un partage des ressources en eaux souterraines du système aquifère précité, la prévention des conflits et le renforcement des capacités nationales de chaque pays, en plus de la protection des écosystèmes et la gestion des risques climatiques, a-t-il poursuivi. La gestion des ressources hydriques transfrontalières en Algérie exige une gouvernance équilibrée, alliant surveillance stratégique, une veille continue et une coopération régionale face aux enjeux climatiques, démographiques et géopolitiques, a soutenu Taha Ansari. Et d’ajouter qu’il «serait opportun pour notre pays de renforcer ses mécanismes de coordination avec les pays voisins, tout en préservant ses intérêts vitaux en matière de ressources hydriques, et ce, à travers une gestion intégrée reposant sur des accords bilatéraux inclusifs et l’utilisation de technologies modernes de surveillance, qui sont essentielles pour prévenir les tensions et garantir une utilisation durable des ressources en eau, à travers aussi une synergie de vigilance nationale renforcée et une diplomatie collaborative permettant d’assurer la résilience hydrique et la stabilité régionale sur le long terme», a conclu le responsable régional de l’ANRH. La deuxième journée des travaux de la Conférence internationale sur l’eau et les changements environnementaux, initiée à l’université Tahri-Mohamed, a été marquée aussi par la présentation de plusieurs communications abordant des sujets en rapport avec les défis liés aux ressources en eau face aux changements climatiques et à leur renforcement pour leur préservation.

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