
De notre correspondante à Ouargla : Chahinez Ghellab
Il n’existe actuellement en Algérie que cinq unités douleur implantées aux CHUde Batna, de Constantine, d’Oran, ainsi que deux à Alger, aux CHU Mustapha- Pacha et de Bab El-Oued.
La gestion de la douleur après une intervention chirurgicale nécessite une prise en charge englobant les aspects médicaux et psychologiques. L’objectif principal est de soulager la souffrance des patients, d’accélérer leur rétablissement et d’améliorer la qualité des soins postopératoires.
La réduction de la douleur constitue ainsi une priorité pour les équipes médicales. C’est dans cet esprit qu’a eu lieu, à Batna, la 18e édition de la Journée nationale de lutte contre la douleur, réunissant des professeurs de médecine de diverses spécialités. L’unité de prise en charge de la douleur, du service d’anesthésie-réanimation du Centre hospitalier universitaire de Batna, a organisé, le 24 octobre, une journée d’information, en partenariat avec la Société algérienne d’évaluation et de traitement de la douleur (SAETD) et le laboratoire LABODOL (laboratoire de recherche de la Faculté de médecine de l’Université Batna 2).
Plusieurs thèmes majeurs ont été abordés, notamment la gestion de la douleur postopératoire et la prise en charge de la douleur en contexte d’urgence. Cette journée a rassemblé des médecins et praticiens hospitaliers de plusieurs wilayas. Le succès de ces journées a significativement contribué à l’amélioration de la prise en charge de la douleur, tant au sein de l’unité douleur de Batna, fondée en 1999, qu’à l'échelle nationale, a souligné la présidente du comité d’organisation et chef de service danesthésie-réanimation et du centre anti-douleur au CHU de Batna. «L’impact sur les pratiques cliniques et la sensibilisation autour de la douleur est indéniable», a déclaré, en effet, la Pr Nadia Grainat, soulignant l’importance de poursuivre ces efforts. L’unité douleur de Batna comprend des médecins algologues, des infirmières et des psychologues, ainsi qu’une structure intégrant secrétariat, consultation et hospitalisation de jour. Ces unités visent également des objectifs de formation et de recherche, ce qui a conduit à la création d’un laboratoire de recherche sur la douleur à l’université Batna 2.
5 unités seulement en Algérie
Une unité douleur est une structure d’évaluation et de traitement qui offre une prise en charge complète des problématiques liées à la douleur. Elle permet d’évaluer les différentes douleurs, d’en expliquer les causes, de mettre en place les traitements les plus adaptés et de considérer la souffrance et les répercussions psychologiques associées à la douleur.
Dans notre pays, il n’existe actuellement que cinq unités douleur, implantées aux CHUde Batna, de Constantine, d’Oran, ainsi que deux à Alger, aux CHU Mustapha Pacha et de Bab El-Oued. Un nombre qui demeure très insuffisant. Depuis la création de la SAETD, en 2003, ses membres n’ont cessé de sensibiliser les pouvoirs publics sur l’urgence d’agir. En comparaison, d’autres pays comptent entre 40 et 200 unités douleur, sans inclure les centres anti-douleur et les consultations. Cette situation souligne l’urgence d’améliorer l’accès aux soins liés à la douleur, a estimé la Pr Grainat, qui rappelle que les deux premières unités douleur, créées en 1999, à savoir l’unité du CPMC, à Alger, et celle du CHU de Batna, sont le fruit de l’initiative de praticiens, aujourd’hui membres du bureau de la SAETD.
Convaincre les pouvoirs publics
Pour ce qui est du rôle de ces unités douleur, elle a affirmé que ce type de service prend en charge toutes les douleurs. La Pr Grainat a également souligné que l’équipe travaillant dans ces unités devient experte. «Nous les appelons les algologues. Avec l’expérience que nous avons acquise depuis 24 ans et notre participation à différents congrès mondiaux sur la douleur, nous n’avons aucun problème pour échanger des connaissances, même lors du congrès d’Amsterdam, en août 2024». Selon ses dires, le nombre et la variété des patients qui viennent dans ces unités sont importants, douleurs dorsales, céphalées, migraines, zona, névralgie faciale, cancers, douleurs post-chirurgicales, arthrose, cervicalgies, neuropathie diabétique, coliques… La prise en charge est «spécifique» à chaque patient, basée sur le soulagement de la douleur.
L’organisation de ces journées représente une opportunité précieuse pour faire entendre la voix des professionnels de santé et promouvoir un engagement plus visible et significatif. «En réunissant des professionnels, des chercheurs et des acteurs de la santé, nous pourrions créer un élan collectif soulignant l’importance de la prise en charge de la douleur. Cela nous permettrait de plaider pour des actions concrètes et des ressources supplémentaires, afin de transformer notre discours en actions tangibles au service de la santé publique».
Cette rencontre a abouti à une série de recommandations, parmi lesquelles : renforcer les infrastructures, en encourageant l’ouverture de nouvelles unités douleur à travers le pays, pour répondre à la demande croissante, soutenir la formation continue des professionnels de santé, pour qu’ils soient mieux équipés à gérer la douleur et intégrer des approches innovantes, telle que l’hypnose. Les praticiens hospitaliers ont également appelé à promouvoir la sensibilisation, encourager la recherche, fédérer les acteurs de la santé et à renforcer les actions de plaidoyer pour obtenir un soutien institutionnel et des financements nécessaires à la mise en place de politiques de santé axées sur la douleur.
C. G.