Il s’agit d’une réflexion sur la situation épidémiologique en Algérie concernant la problématique sanitaire actuelle aux fins d’expliquer le retour des cas de contaminations par le coronavirus, les craintes avec l’arrivée de l’automne et la grippe saisonnière ainsi qu’un point concernant la variole du singe.
Coronavirus
Après plusieurs semaines de décrue au début du printemps, les cas de coronavirus, depuis quelques semaines, repartent à la hausse en Algérie. Une hausse due à plusieurs facteurs, sans provoquer une hausse importante du nombre d'admissions à l'hôpital, et qui pour l'instant, ne suscitent pas énormément d'inquiétude. On pensait en avoir fini au moins pour cet été, mais le nombre de cas repart à la hausse. D’une dizaine de cas à une centaine quotidiennement. Cela représente une hausse de 100 % en moyenne. Comment expliquer ce rebond épidémique ? Plusieurs raisons expliquent ces chiffres. D'abord le retour complet à la vie normale depuis presque quelques semaines et «l’abandon» du port du masque ainsi que la distance sociale qui n'est plus respectée. De plus, toutes les activités ont repris, donnant ainsi l’occasion au virus de circuler. Les sous-variants d'Omicron, BA.4 et BA.5 pourraient aussi être responsables de ce rebond de l'épidémie. En effet, le BA.5 est plus contagieux que le BA.2 et les souches précédentes du coronavirus, échappant un peu plus à l’immunité acquise vis-à-vis des contaminations passées ainsi qu’à l’immunité post-vaccinale ayant sans doute un effet de voir cette recrudescence de nouveaux cas dans les semaines à venir. De plus le Covid-19 va rencontrer une population qui perd peu à peu en immunité aussi bien naturelle que post-vaccinale tout en tenant compte de la faible adhésion vaccinale de la population. Pour contrer les décès et les cas graves que continuent de provoquer le virus, il va falloir continuer la vaccination. Il va falloir, également, alerter sur les risques d'une nouvelle vague de Covid à l'automne. Le scénario le plus probable est celui d'un pic épidémique à la rentrée. Sera-t-il dû à un nouveau variant ou au retour du froid ? La cause n’est pas encore élucidée, mais il est quasi certain qu'il y aura une vague à l'automne. Pourtant, lors de la première année de pandémie, en 2020, les contaminations avaient totalement chuté à partir de l'apparition des beaux jours, laissant penser qu'il y aurait une corrélation entre la chaleur et la baisse des nouveaux cas détectés.
Grippe 2022 : comment s’en prémunir cet hiver et collusion avec le coronavirus ?
Lorsque l’hiver approche, nous avons souvent peur de tomber malade, et cette année plus particulièrement à cause de la Covid-19. Courbatures, mal de tête, ou fatigue, comment savoir s’il s’agit de la grippe ou de la Covid-19 ? Comment se prémunir du virus ? Qui peut se faire vacciner ? Et que faire si on l’attrape quand même ? Les symptômes de la grippe sont identiques aux symptômes les plus fréquents de la Covid-19 (maux de tête, toux sèche, fièvre, fatigue intense, frissons), il est difficile de différencier ces deux maladies. Généralement, les maux de gorge sont plus présents dans le Covid-19. Dans tous les cas, il est préférable de rester chez vous et de consulter rapidement un médecin. Un test de dépistage sera déterminant pour savoir si on est infecté ou non par le Covid-19 ou bien par la grippe. Tous les hivers, le virus de la grippe contamine des millions de personnes. Dans la grande majorité des cas, cette infection est bénigne et passe en quelques jours. Cependant, la grippe saisonnière est aussi responsable d’une hausse de la mortalité chez les personnes fragiles. Néanmoins, il est possible de prévenir ces décès grâce à la vaccination. Aussi, dans certains pays, l’épidémie de grippe a été stoppée plus rapidement et de façon nette à cause de la pandémie de coronavirus et des mesures de restriction et de distanciation sociale qui ont été mises en place. Les virus de la grippe évoluent sans cesse et c’est la raison pour laquelle il est fortement recommandé de se faire vacciner chaque année. Par ailleurs, cette année avec le virus du Covid-19 qui est toujours présent, le vaccin contre la grippe est recommandé pour tout le monde. Il permet de se protéger mais aussi de protéger les plus fragiles à risque d’attraper une forme grave de la grippe. Une couverture vaccinale étendue de la population éviterait de remplir les hôpitaux de malades de la grippe, alors que le personnel soignant doit également se préparer à accueillir ceux du Covid-19. En limitant le nombre de patients hospitalisés pour la grippe, les services hospitaliers seront moins surchargés. En étant vacciné, vous vous prémunissez du risque d’attraper la grippe et le coronavirus durant la même saison. Même si le vaccin n’empêche pas à 100 % d’attraper la grippe, vous serez mieux préparé car il limitera la virulence des symptômes.
Coronavirus ou grippe : les gestes barrières à respecter impérativement
• Se laver les mains aussi souvent que possible (notamment après avoir toussé, éternué, après mouchage, après avoir utilisé les transports en commun, en sortant des toilettes),
• Jeter le mouchoir après chaque utilisation ou quand on éternue, • Ne pas utiliser de mouchoirs en tissu, qui, par définition, restent dans la poche et ne se jettent pas. Préférer donc des mouchoirs en papier,
• Il est conseillé, surtout pour les personnes les plus fragiles, telles que les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées, ou les personnes avec des maladies respiratoires, de se faire vacciner,
• Eviter complètement les zones fermées et confinées,
• Aérer les intérieurs au moins une fois par jour pour diminuer la concentration locale en microbes,
• En cas de symptômes qui pourraient s’apparenter à la grippe ou au Covid-19, rester chez soi et réaliser au plus vite un test de dépistage du coronavirus.
• Si on est malade, limiter les contacts rapprochés avec son entourage et surtout avec les personnes les plus fragiles. Respecter une distanciation physique, porter un masque dès qu’on est avec d’autres personnes et éviter de serrer la main ou les embrassades.
Variole du singe
La variole du singe a toujours été présente sporadiquement dans les zones isolées du centre et de l’ouest de l’Afrique, à proximité des forêts tropicales humides. La particularité du contexte actuel réside dans sa propagation, de façon inhabituelle, à d’autres régions à travers le monde. La surprenante hausse mondiale des contaminations enregistrée, notamment en Espagne, au Royaume Uni, au Portugal, au Canada et en Allemagne, ne présente cependant pas un danger sanitaire car, d’abord la contagion n’est pas aisée et ensuite, le virus de la variole du singe, de nature « ADN », est plus stable que les virus à ARN à l’exemple du Sars-Cov-2 (Covid-19) qui génère plus facilement des variants. Aussi, le séquençage récent des gènes du virus de la variole du singe, réalisé par des équipes de recherche portugaises et par d’autres équipes, a confirmé une origine similaire que la souche ouest-africaine déjà connue, ce qui suggère que l’émergence de nouveaux variants reste peu probable. Malgré tout, les analyses génétiques sur le virus de la variole du singe, sur un plus grand nombre de patients, sont en cours pour affiner cette probabilité. Sa transmission à l’homme se fait principalement par contact direct avec des animaux infectés mais la transmission interhumaine est possible. Elle nécessite cependant un contact direct et prolongé avec une personne infectée. La transmission interhumaine du virus de la variole du singe peut également se faire par voie sexuelle, comme confirmé par des équipes de recherche italiennes, en détectant du virus dans le liquide séminal chez les personnes infectées. La contamination peut également s’effectuer de la mère infectée à son fœtus. En Algérie, la variole fait partie des maladies qui sont soumises à une déclaration obligatoire à l’autorité sanitaire nationale et obligatoirement notifiée à l’Organisation Mondiale de la Santé. À ce jour, aucun cas de variole du singe n’a été déclaré en Algérie. À titre de prévention et dans l’état actuel des connaissances, les gestes barrières adoptés contre le coronavirus sont nécessaires contre la variole du singe. Il s’agit notamment de porter le masque dans les lieux fermés et fréquentés, de se laver les mains, d’éviter les échanges d’objets personnels (serviettes de bain, draps…), et d’observer la distanciation physique. Aussi, l’Agence nationale de sécurité sanitaire suit de très près l’évolution de la situation et continuera à communiquer régulièrement.
K. S.
Par le Pr Kamel SANHADJI, président de l’Agence nationale de sécurité sanitaire
