Tlemcen : Le savoir-faire des artisans préservé

Le zellige tlemcenien, joyau du patrimoine matériel de la ville, incarne à lui seul la richesse artistique héritée de la civilisation islamique. Son histoire, profondément enracinée dans celle de l’Algérie, remonte à l’époque hammadide (à partir de l’an 1005), où il décorait les sols et les murs de la Qalaâ des Beni Hammad. Le zellige connut par la suite son apogée à Tlemcen au XIIIe siècle, sous les Zianides. Cette tradition s’est perpétuée grâce à des artisans et à des institutions soucieuses de préserver ce savoir-faire exceptionnel. Les motifs du zellige, souvent géométriques ou floraux, sont le fruit d’un agencement minutieux de carreaux colorés. Ces œuvres décorent, non seulement les sols, mais aussi les murs, les colonnes ou encore les seuils de portes. Aujourd’hui encore, des efforts importants sont déployés pour conserver et promouvoir cet art. Des ateliers, colloques et expositions sont régulièrement organisés par la direction de la culture et des arts, afin de sensibiliser les nouvelles générations à l’importance de ce patrimoine. Le zellige est également un témoin vivant de l’histoire urbaine algérienne. Des vestiges en témoignent dans plusieurs régions du pays, notamment à la Qalaâ des Beni Hammad, classée patrimoine mondial par l’Unesco, mais aussi dans diverses constructions historiques à l’est comme à l’ouest du territoire. Il ne se limite plus à la décoration traditionnelle. Il s’invite dans les hôtels, les espaces culturels et les projets modernes, porté par des artisans soucieux de revisiter cet héritage à la lumière des exigences contemporaines, en alliant esthétique et technologie. Lors du Mois du patrimoine 2025, le Centre des arts et des expositions de Tlemcen a marqué sa présence par une contribution riche et novatrice. L’événement, qui s’est déroulé à la Maison de la culture Abdelkader Alloula, a mis en lumière le rôle que peut jouer la technologie dans la valorisation du patrimoine, en prenant Tlemcen comme exemple phare. À travers une série d’expositions immersives, le Centre a su conjuguer authenticité et modernité. Le zellige tlemcenien a notamment été mis à l’honneur grâce à une présentation en hologramme, accompagnée de véritables pièces de zellige qirati, un art raffiné emblématique de la région. Une autre exposition a permis au public de découvrir l’univers de la poterie traditionnelle, elle aussi sublimée par des technologies visuelles interactives. L’expérience a été enrichie par des objets patrimoniaux comme le burnous ou la selle, présentés en modélisation 3D, offrant une relecture contemporaine de l’artisanat ancestral.

A. M.

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