Tizi-Ouzou : Des communes proches des citoyens

Des universitaires et des élus ont participé à une journée d’étude intitulée «La réforme des collectivités locales en Algérie : Enjeux et perspectives», organisée par la faculté des sciences économiques, de gestion et sciences commerciales (FSEGSC) de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou (UMMTO). Les conférenciers, universitaires et élus, étaient unanimes sur la nécessité et l’urgence de réformer le code des communes et de wilayas qui est dépassé en raison des mutations profondes que connaît le pays sur le plan économique, social et environnemental, et d’élaborer un autre code qui consacrera une gouvernance plus efficace, plus proche des citoyens et mieux adaptée aux réalités socio-économiques du territoire. Pour l’ancien sénateur et président de l’APW de Tizi-Ouzou, Moussa Tamadartaza, la réforme des collectivités qui est impérative doit se faire dans le sens du renforcement des prérogatives des élus et de la participation «des comités de villages, de quartiers et des organisations professionnelles et associatives aux décisions des exécutifs communaux relatives à la politique de la jeunesse, de l’éducation, de l’environnement, de la santé de la distribution de l’eau et de l’assainissement…». Pour cet ancien élu, «les assemblées élues doivent être le lieu spontané de la concertation sociale, de la participation citoyenne et de l’action politique». Tout cela, a-t-il ajouté, exige plus de décentralisation. Le défi à relever pour notre pays consiste, selon le conférencier, à «identifier des options pratiques et pragmatiques et le meilleur moyen d’y arriver à libérer l’esprit d’entreprise des citoyens, c’est-à-dire prendre des risques, se lancer sur le terrain de la concurrence, innover, adapter, réformer, déterminer la direction et le rythme du développement». Lui succédant, l’ex-sénateur et P/APW de Tizi-Ouzou, Mohamed Ikherbane, a, lui aussi, plaidé en faveur d’une profonde réforme des collectivités à l’effet de libérer les initiatives locales en faveur du développement. Il a aussi mis en exergue la nécessité d’élargir les prérogatives des élus locaux et de débureaucratiser les démarches administratives relatives au développement des collectivités locales. «Il faut aller vers le renforcement de la liberté d’entreprendre des élus et de donner aux communes et wilayas plus de pouvoirs décisionnels pour mieux répondre aux besoins spécifiques de leurs populations», a-t-il recommandé. Mohamed Laiche, professeur en économie, a indiqué que la réforme des collectivités s’impose plus que jamais, suite au processus de mutation économique et sociale vers la libéralisation du secteur économique engagé en Algérie depuis les années 1990. Les communes sont des collectivités de base pour tout développement économique et social, tant qu’elles sont proches des citoyens et doivent bénéficier de plus de liberté dans le développement de leurs territoires. Le même professeur a précisé qu’il y a eu la révision du code communal et de wilaya en 2011 mais, depuis, il y a eu aussi beaucoup de transformations économiques et sociales qui nécessitent aujourd’hui une autre réforme plus adaptée aux réalités et mutations actuelles. «C’est pour cela que nous avons réuni aujourd’hui les professionnels et les praticiens, notamment les élus, pour débattre de cette question cruciale car, avec le processus de transformation, les communes sont appelées à devenir des entrepreneurs», a-t-il enchaîné, en soulignant que «l’Etat central ne peut pas à lui seul subvenir à tous les besoins, d’où la nécessité de voir les communes accompagner des entreprises pour la création de la richesse. L’Etat va récolter ensuite des impôts qui reviendront à ces collectivités à travers la réforme de la fiscalité locale qui accompagnera également ce processus».

B. A.

Multimedia