Tipasa : Le thon rouge en abondance

Une abondance remarquable de thon rouge de grande taille est enregistrée ces derniers jours dans les poissonneries et les espaces commerciaux de Tipasa. Cette offre inhabituelle a contribué à une baisse sensible des prix oscillants actuellement entre 1.200 et 1.500 DA le kilogramme, un tarif en diminution par rapport aux 1.900 DA affichés à la même période, l’année dernière. Le prix pourrait même descendre davantage si les conditions météorologiques restent favorables.

Selon les professionnels du secteur, des quantités importantes de thon rouge sont débarquées quotidiennement dans les ports de la wilaya, à l’image de Gouraya, Cherchell et Bouharoun, où plusieurs navires se consacrent en ce moment à la capture de cette espèce migratoire. Tipasa, comme d'autres régions du littoral Est, constitue une zone de passage privilégiée pour les bancs de thon rouge, attirés par la température des eaux.
Le gérant d’une poissonnerie de Tipasa nous confie : «Le prix actuel est très raisonnable. Si la météo reste stable et que les prises se poursuivent, on pourrait descendre à 1.000 ou même 800 DA/kg. C’est une opportunité aussi bien pour les pêcheurs que pour les consommateurs. »
Le thon rouge, connu pour sa taille et la qualité de sa chair, est vendu en tranches nettes, débarrassées des viscères et du squelette. Les poissonniers expliquent que sur un thon de 500 kg, environ 80 kg sont éliminés lors du nettoyage, ce qui influence le prix final au détail. À titre indicatif, le kilogramme en gros est parfois vendu à 900 DA, mais après traitement, le prix est revu à la hausse.

Une période de pêche courte mais stratégique

Le thon rouge traverse les côtes algériennes entre mai et juin. Il migre depuis le golfe de Syrte en Libye, en passant par la Tunisie, avant d’atteindre les eaux algériennes, notamment celles de Skikda, Annaba, El Tarf, et Tipasa. C’est à ce moment-là que l’activité de pêche bat son plein.
Les captures locales sont souvent réalisées en dehors des quotas fixés par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT), puisque la pêche artisanale ne suit pas toujours les normes industrielles de traque de bancs. Il s’agit plutôt de thon s’arrêtant temporairement le long des côtes.
En parallèle, le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques prépare la campagne 2025. Des efforts sont en cours pour renforcer la capacité de la flotte algérienne afin de capturer la part nationale attribuée par l’ICCAT, dans les eaux internationales. Des projets d’élevage en cages flottantes sont également en phase de lancement à l’Est et à l’Ouest du pays, avec l’aval de l’ICCAT. Cette nouvelle stratégie permettra d’engraisser localement les thons capturés, afin de les vendre à des marchés de haute valeur.
Selon M. Ahmed Robaine, spécialiste de la pêche au thon rouge, qui participe depuis plusieurs années à la conduite de navires durant les campagnes de pêche dans les eaux internationales situées entre le golfe de Syrte et Malte, la capture de ces poissons s’effectue grâce à un repérage technologique sophistiqué à bord des navires, utilisant des caméras et des systèmes sonar de pointe. Une seule manœuvre peut permettre de piéger jusqu’à 1.000 thons en une seule fois. Toutes les opérations sont réalisées sous la surveillance d’observateurs locaux et internationaux. Une fois pêchés, les thons sont livrés vivants dans des cages en mer aux entreprises chargées de leur engraissement.
A l’issue de la période d’engraissement, les thons sont abattus puis congelés avant d’être exportés vers le Japon, pays qui domine le marché international du thon rouge. La chair est ensuite traitée, découpée et vendue aux enchères, notamment celle destinée à l’industrie de la conserve. Le Japon approvisionne par ce biais la majorité des usines du monde en matière première pour la fabrication de thon en boîte.

S. E.

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