
À Tiaret, le métier de berger joue un rôle crucial dans la préservation d’un patrimoine naturel et culturel. Le pastoralisme, présent depuis des millénaires dans les régions arides et steppiques, repose sur un savoir-faire sophistiqué.
Ces bergers, adaptant leur pratique aux changements écologiques, font face à des défis croissants, notamment la raréfaction de leur nombre, ce qui menace l’élevage ovin.
Une enquête récente de l'institut agronomique de Tiaret intitulée «Le développement durable du pastoralisme et la gestion des conflits en Algérie : Cas de la région de Tiaret», publiée en 2021, souligne que le manque de bergers constitue un obstacle majeur pour l'élevage. Leur rémunération, basée sur 1/5 des naissances de chaque saison, représente un coût insupportable, surtout en période de sécheresse.
Le pastoralisme se définit comme un élevage extensif pratiqué sur des pâturages vastes. Les troupeaux, comme ceux de Sidi Abderrahmane et Madna, pâturent sur de grandes étendues, déplacés selon les saisons pour permettre à la végétation de repousser. Toutefois, la gestion des parcours, autrefois collective, tend vers une approche plus individualiste. Selon un ingénieur agronome, la libéralisation du marché a rompu les règles traditionnelles d'organisation, aggravant la dégradation des steppes.
L’éleveur est au cœur de la chaîne de production ovine. Il produit des animaux destinés à l'engraissement et à la consommation. Certains éleveurs combinent élevage et agriculture, cultivant orge et blé pour leur subsistance et celle de leur bétail. La superficie de leur exploitation détermine leur capacité à subvenir aux besoins en fourrage pendant l’hiver.
Les éleveurs se divisent en sédentaires et transhumants, avec des troupeaux allant de 100 à plus de 4.000 têtes. Le berger, souvent en famille, est responsable du gardiennage du troupeau. Ses obligations incluent le déplacement selon les besoins, l’abreuvement des animaux en été, la construction de refuges et la surveillance de la santé des ovins.
Selon Belmokhtar K., un éleveur de la région du Sersou, les contrats de travail des bergers varient en fonction de la région, du type d’élevage et de la taille des troupeaux. Par exemple, pour un troupeau de 100 têtes, le berger peut recevoir 10 agneaux, un quintal d’orge et une indemnité de 5.000 DA par mois. Dans les élevages intensifs, les bergers sont salariés, gagnant entre 16.000 et 18.000 DA par mois.
En période de sécheresse, les coûts liés au travail des bergers peuvent atteindre 33% des frais de production, surpassant même ceux de l'alimentation. Même lors d'années pluvieuses, les salaires des bergers représentent 50% des charges totales. La rémunération, fixe et élevée, pèse lourdement sur l'économie des élevages.
Pour soutenir l’activité ovine, la création d’associations agricoles et pastorales est encouragée. Ces groupements visent à améliorer les conditions d’exploitation et à garantir la pérennité du pastoralisme dans la région. La coopération entre éleveurs pourrait être la clé pour maintenir ce patrimoine vivant.
Récemment, la wilaya de Tiaret a lancé la location des zones de pâturage protégées au profit des éleveurs et des agriculteurs. Cette initiative vise à répondre aux besoins croissants des éleveurs en ressources fourragères et s'inscrit dans une démarche de développement durable pour renforcer l'activité pastorale.
S. M. N.