Trois périmètres agricoles ont été officiellement désignés dans la commune de Tagditt, située à une soixantaine de kilomètres au sud de la wilaya de Bouira. Cette décision s'inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de mise en valeur des terres par le système de concession, conformément au décret exécutif n°24-55 du 23 janvier 2024, qui modifie et complète le décret n°21-432 du 4 novembre 2021. Le wali de Bouira, Lamouri Abdelkrim, a réuni les agriculteurs bénéficiaires de cette mesure pour rappeler les objectifs visés, à savoir étendre les surfaces cultivées, valoriser les terres inexploitées et surtout encadrer juridiquement les exploitations existantes. La désignation de ces trois périmètres intervient dans un contexte où une grande partie du foncier agricole, notamment dans le sud de la wilaya, reste sous-exploitée, voire abandonnée. De nombreuses parcelles, pourtant arables, sont restées en jachère durant de longues années, faute de statut juridique clair ou d’accompagnement institutionnel. Cette situation freine non seulement l’investissement, mais empêche l’émergence d’une agriculture moderne et durable dans plusieurs communes rurales, dont celle de Tagditt. Les exploitants ont exposé leurs préoccupations, notamment en matière de régularisation de leur situation foncière, de sécurité juridique et de perspectives d’investissement. «La création des périmètres de mise en valeur constitue le seul cadre légal permettant de régulariser les terres exploitées», a souligné le chef de l'exécutif, en précisant que le recours à ce procédé juridique est également un levier pour élargir les superficies agricoles et encourager l’utilisation rationnelle des ressources foncières disponibles. «Un bureau d’études a été chargé de désigner les domaines publics et la nature juridique des terres ciblées. Environ 3.000 hectares sont concernés par cette étude», a ajouté le directeur des services agricoles (DSA), en rappelant que cette démarche s’inscrit dans le cadre des orientations du chef de l'État visant à mieux assainir le foncier agricole à travers le pays. L'échange entre les agriculteurs et le premier responsable de la wilaya a permis de rappeler les conditions posées par le nouveau décret, à savoir que les bénéficiaires devront respecter un cahier des charges précis, s'engager à exploiter la totalité des terres allouées et introduire des pratiques agricoles modernes. Il s'agit d'un changement de paradigme qui rompt avec la logique du gel des terres et qui place l'exploitant au cœur de la stratégie de souveraineté alimentaire. Dans cette optique, M. Lamouri a annoncé la création d’une cellule d’accompagnement chargée de suivre, étape par étape, la concrétisation des périmètres. Cette cellule associera les représentants des agriculteurs à toutes les phases, du bornage des terrains à l’établissement des actes de concession. L’approche se veut participative, transparente et centrée sur les besoins réels du terrain. En redonnant «vie» à des terres restées trop longtemps en friche, les pouvoirs publics visent à relancer l’économie agricole locale, créer de l’emploi, freiner l’exode rural et, surtout, renforcer la sécurité alimentaire.
A. F.