À la Zaouïa al-Alaouia de Mostaganem : Un Ramadhan au rythme du soufisme

Fondée au début des années 1900 par le Cheikh Ahmed Ben Mustapha El-Alawi et dirigée aujourd’hui par le Cheikh Khaled Bentounes, la zaouïa al-Alaouia de Mostaganem, l’une des plus grandes confréries soufies à Mostaganem, voire en Algérie, perpétue des traditions spirituelles riches, qui confèrent au mois béni une dimension profondément mystique et communautaire.

Le Ramadhan est un moment de grande ferveur pour la zaouia al-Alaouia de Tigditt, qui se distingue par ses pratiques soufies particulières, notamment durant le mois béni. L’un des moments spirituels marquants de la journée est le «wird», une récitation collective effectuée après la prière d’El-Asr, et ce, pendant tout le mois sacré. Moulay Bentounes, mokadem de la zaouia al-Alaouia de Tigditt, en donne des précisions à El Moudjahid. «Comme toutes les communautés musulmanes, la zaouia al-Alaouia célèbre le Ramadhan. Habituellement, l’imam récite deux hizb lors de la prière du tarawih en soirée, mais dans notre tradition, nous les récitons après la prière d’El-Asr, lors du wird».
«Ce dernier est une pratique spirituelle réservée aux disciples d’une voie soufie, consistant à réciter certains noms divins et adkars après la prière», explique notre intervenant, précisant : «Généralement, le wird se fait après le Maghreb, mais durant le Ramadhan, il est effectué après El-Asr.
Bien qu’il soit habituellement une pratique individuelle, il devient collectif pendant ce mois sacré, permettant ainsi de se rassembler, de se fortifier mutuellement et d’apaiser nos esprits.» Après le «wird», les disciples de la zaouia se rassemblent chaque soir pour la récitation collective des deux hizb. « Après le wird, nous récitons ensemble avec les tolba les deux hizb que tarawih.
« Cette récitation collective a lieu chaque jour tout au long du mois sacré», indique Mouley Bentounes. Alors que dans la plupart des mosquées, la clôture du Coran, ou «khatm», est effectuée la nuit du 27ème jour du Ramadhan, la zaouia al-Alaouia perpétue une tradition différente. Dans cette confrérie soufie, la récitation complète du Saint Coran s’achève le 29ème jour du mois sacré.
«Contrairement à la pratique courante dans les mosquées, nous effectuons le khatm le 29ème jour du Ramadhan, et non la nuit du 27ème jour.
Les disciples de la voie soufie alaouia, répartis dans diverses zaouias à travers l’Algérie, accomplissent cette clôture dans leurs propres zaouias le 26ème jour, soit la nuit du 27ème jour. Cependant, le 29ème jour, ils se rassemblent tous à la zaouia-mère de Mostaganem pour une clôture générale».
«C’est pour cette raison que nous la maintenons jusqu’au 29ème jour», explique le Mokadem de la zaouia al-Alaouia. Outre les prières et la récitation du Coran, les nuits ramadhanesques à cette zaouia de Tigditt sont aussi marquées par des veillées empreintes de ferveur spirituelle, où la confrérie soufie s’anime au rythme des chants soufis et de la poésie mystique. «Chaque soir, après la prière des tarawih, nous tenons une réunion spirituelle». «Lors de ce rassemblement, nous récitons la hamziya de Cheikh Mohamed Nebhani, un long poème de plusieurs centaines de vers. Chaque soir, nous en récitons quelques passages, retraçant l’histoire du Prophète, de l’Islam et des ghazawat. Cette récitation s’accompagne de chants religieux et du sama’a soufi, mettant à l’honneur les poèmes des grands maîtres soufis. À travers ces chants, nous célébrons la gloire du Prophète et la présence divine.
Par ailleurs, nous récitons également chaque soir la sourate El-Rahman», déclare notre intervenant. Par ailleurs, chaque lundi et jeudi, les fidèles se réunissent pour la «selka», une récitation collective du Saint Coran où chaque participant se voit attribuer deux hizb. «Cette pratique collective vise à renforcer notre énergie et notre force spirituelle», explique Moulay Bentounes. Et pour clore ce mois béni, la veille de l’Aïd, la zaouia organise une dernière grande récitation du Coran, invitant l’ensemble des fidèles à une clôture collective, comme dans les mosquées à travers tout le pays. Un moment solennel qui conclut un mois de dévotion et de ferveur spirituelle.

Y. H.

Multimedia