Une étude spécialisée suggère un coût humain plus lourd à Ghaza : Un génocide qui n’a pas fini de révéler ses horreurs

Mourad Slimani

L’enquête ne remet pas en cause la fiabilité des chiffres donnés par les autorités palestinienne dans l’enclave, mais les complète, en prenant en compte d’autres paramètres statistiques, déjà éprouvés sur d’autres terrains de guerre.

Le nombre de martyrs dans la bande Ghaza, durant les neuf premiers mois du génocide sioniste, serait bien supérieur à celui qu’arrive à communiquer régulièrement le ministère de la Santé du Hamas.
Selon une étude publiée vendredi dans la revue médicale britannique The Lancet, le nombre serait supérieur d'environ 40% à celui enregistré et communiqué, sur la même période. Ces données ne remettent pas en cause la fiabilité des chiffres donnés par les autorités palestinienne dans l’enclave, mais les complètent en prenant en compte d’autres paramètres statistiques, déjà éprouvés sur d’autres terrains de guerre.
Le listing s’élaborant selon le nombre de constats de décès établis dans les hôpitaux ou selon les données émanant des services de la défense civile palestinienne avait, lors des premiers mois du génocide, fait rapidement taire des doutes exprimés par l’entité sioniste et son soutien américain et accusant le Hamas de volontairement gonfler les statistiques. Depuis, l’ONU, à la base de vérifications effectuées par ses propres agences sur le terrain, avait reconnu que les chiffres communiqués étaient au moins «très proches de la réalité». L’étude de la revue The Lancet lève le voile sur d’autres aspects, qui, dans le terrible chaos dans lequel est plongé le territoire de Ghaza depuis plus de 15 mois, peuvent échapper aux registres quotidiens tenus dans les hôpitaux.

Le cimetière des décombres

Jusqu’au 30 juin de l'année dernière, le ministère de la Santé du Hamas a fait état d'un bilan de 37.877 martyrs, mais l'étude estime qu'entre 55.298 et 78.525 décès ont été causés par des lésions traumatiques sur le territoire durant la même période. Un chiffre qui représente 2,9% de la population globale de l’enclave. Le document mentionne que le nombre n’inclut pas les décès indirects, par manque de nourriture ou de soins, ni la dizaine de milliers de disparus dont les corps seraient toujours prisonniers des décombres non déblayés des bombardements.
Les auteurs de l’enquête ont employé un procédé statistique baptisé «capture-recapture» déjà éprouvé sur d’autres conflits dans le monde, notamment au Guatemala, au Kosovo, au Pérou et en Colombie.
La méthode se base, en premier lieu, sur la liste des corps identifiés dans les hôpitaux ou les morgues et communiquée par les autorités.
En second lieu, il est recouru à une enquête en ligne lancée par le ministère de la Santé, dans laquelle les Palestiniens ont signalé le décès de leurs proches. Enfin, sont pris en compte les avis nécrologiques publiés sur les réseaux sociaux par les proches des martyrs. Un tri fastidieux de ces données est ensuite effectué, pour éviter les «doublons», soit que le même cas de décès soit comptabilisé deux fois ou plus.
L’ampleur du génocide sioniste contre la population de Ghaza pourrait s’avérer beaucoup plus meurtrier, même si les bilans officiellement communiqués jusqu’ici placent l’enfer déclenché contre les habitants de l’enclave, comme l’un des plus criminels de l’histoire récente.

M. S.

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