
L’armement et le financement de milices criminelles sur le territoire interviennent manifestement comme une tentative de miner l’avenir politique dans l’enclave.
C’est le deuxième Aïd al Adha que les populations de Ghaza passent sous les bombardements sans aucune perspective de salut. Tandis que le monde musulman célébrait la fête religieuse, les centaines de milliers de Ghazaouis, pris au piège dans ce territoire que le monde regarde se transformer en tombe collective, ont dû encore tenter de tromper la mort qui les guette partout, quêter désespérément de quoi nourrir leurs enfants, alors que les aides s’accumulent aux frontières de l’enclave depuis au moins trois mois. Selon les autorités sanitaires de la bande Ghaza, les dernières 24 heures ont été particulièrement meurtrières avec un total d’au moins 110 martyrs tombés dans diverses zones du territoire dévasté. Le même scénario criminel en vigueur depuis le lancement du prétendu « mécanisme d’aides » américano-sioniste s’est répété dans les journées d’hier et d’avant-hier : des tirs nourris de coups de feu aux abords des sites aménagés pour la distribution des colis alimentaires ont accueilli des centaines de Ghazaouis tentant de s’approcher des lieux. Le procédé a pourtant prouvé depuis son lancement, il y a près de 15 jours, non seulement son inefficacité, mais surtout son caractère de piège mortel pour des Palestiniens tiraillés par les affres de plus de trois mois de blocus intégral et ne reculant devant rien pour avoir droit à ces rations de malheur pour sauver ce qui reste de leurs familles. Une autre trouvaille sinistre est venue, ces derniers jours, confirmer la volonté du gouvernement sioniste à complexifier le chaos semé sur place. Après des informations persistantes sur la mobilisation de milices pour contrer le mouvement de résistance palestinien Hamas, Benjamin Netanyahou a dû reconnaître fournir des armes à des groupes mêlant réseaux criminels et groupuscules émergeant à des cellules terroristes de Daech. Obsédée par l’objectif de neutraliser la résistance palestinienne et d’écarter définitivement le mouvement palestinien de la gestion de Ghaza, l’entité sioniste n’est pas à sa première manœuvre dans le domaine. Elle a déjà échoué, depuis plus d’une année, à entraîner les représentants de clans familiaux palestiniens dans ses tentatives de supplanter une autorité palestinienne structurée.
Chevaux de Troie
L’armement et le financement d’agents, au passé criminel connus sur le territoire, intervient manifestement comme une tentative de miner l’avenir politique dans l’enclave. En mars dernier le sommet arabe du Caire avait préconisé, dans un plan global visant la constitution d’une autorité administrative validée par les factions palestiniennes, dont le Hamas, pour reprendre en main la gestion de l’enclave. Une perspective qui devait officialiser une autorité palestinienne sur le territoire après la fin de la guerre. Mais Benjamin Netanyahou à d’autres projections et préfère manifestement s’appuyer sur des réseaux interlopes pour aggraver une situation déjà tragiquement marquée par le vide mortel provoqué par l’exclusion du réseau humanitaire onusien de toute intervention. La défense civile palestinienne à Ghaza, corps qui se dévoue héroïquement depuis le début de la guerre génocidaire pour porter secours aux populations, et qui a payé un lourd tribu en martyrs, subit à son tour une attaque qui le met directement sur la liste des institutions à abattre par Israël. Le porte-parole des secouristes palestiniens, le très engagé Mahmoud Bassal, vient d’être désigné « terroriste actif » par les forces d’occupation, ce qui fait peser sur lui la menace d’être directement ciblé pour assassinat. Mahmoud Bassal et ses courageux collègues de la Défense civile sont d’autre part une source d’informations précieuses pour de nombreux médias dans le monde, et c’est grâce à leur communication que sont régulièrement portées à la connaissance de l’opinion internationale, les atrocités commises par l’entité sioniste sur place. Hier encore Mahmoud Bassal a fait état d’un nouveau massacre aux alentours d’un « centre d’aide », incriminant l’armée sioniste, dans lesquels une dizaine de personnes, dont des mineurs sont tombées en martyrs en tentant d’accéder aux aides.
M. S.