Les trois quarts des 193 États membres de l'ONU reconnaissant déjà l'État palestinien doivent voir se joindre, après le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni, sept autres pays qui, dès juillet dernier, ont pris l’engagement de le faire, lors de l’Assemblée générale de l’institution, prévue à partir d’aujourd’hui.
Le Royaume-Uni, l'Australie et le Canada ont enfin franchi le pas hier de reconnaitre officiellement l'Etat de Palestine, concrétisant une dynamique internationale qui s’est emballée fin juillet dernier et qui devra voir d’autres Etats se joindre à l’élan dès aujourd’hui à l’occasion de la tenue de l’Assemblée générale de l’ONU.
La nouvelle, même attendue, fait l’effet d’un coup de massue sur le gouvernement sioniste, d’autant que la reconnaissance provient de certains de ses alliés historiques, au point où il s’est répandu immédiatement en menaces de représailles tous azimuts, en réitérant que l’Etat palestinien ne verra jamais le jour. La reconnaissance est d’autant plus difficile à digérer pour Benjamain Netanyahou, qu’elle s’est accompagnée de déclarations promettant de nouvelles perspectives pour la question palestiniennes, du moins sur le principe. « Aujourd'hui, pour raviver l'espoir de paix et d'une solution à deux Etats, je déclare clairement en tant que Premier ministre de ce grand pays, que le Royaume-Uni reconnaît officiellement l'Etat de Palestine », a ainsi annoncé le Premier ministre britannique Keir Starmer. Son homologue canadien, Mark Carney, déclare pour sa part, concevoir la décision « dans le cadre d'un effort international concerté visant à préserver la possibilité d'une solution à deux Etats ». Les propos du chef du gouvernement australien sont plus explicites à ce sujet.
La reconnaissance de l’Etat palestinien doit faire valoir « les aspirations légitimes et de longue date du peuple de Palestine à un Etat qui lui soit propre », souligne M. Anthony Albanese. Saluant en premier, la déclaration du Royaume Uni, sans doute pour sa portée particulière (la Grande Bretagne a été à l’origine de la création de l’entité sioniste), Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, note que « la reconnaissance par le Royaume-Uni du droit du peuple palestinien à l’autodétermination, à la liberté et à l’indépendance ouvrira la voie à la mise en œuvre de la solution à deux Etats ».
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a pour sa part estimé que les « décisions courageuses » des trois pays occidentaux « donnent un nouvel élan aux efforts régionaux et internationaux (…) pour mettre en œuvre la déclaration de New York en vue de parvenir à un cessez-le-feu immédiat et à un règlement du conflit par la voie de négociations politiques ».
Un cauchemar pour Benjamin Netanyahou
Les faits ont bien entendu un tout autre impact au sein de l’appareil politique sioniste. Des « ministres » d’extrême droite ont vite appelé à l’annexion immédiate de la Cisjordanie ainsi que « l’écrasement totale de l’Autorité palestinienne terroriste », en guise de représailles. Quelques heures avant les déclarations de Canberra, Londres et Ottawa, Benjamin Netanyahou avait annoncé la couleur en se fondant d’un « la communauté internationale nous entendra à ce sujet dans les prochains jours ». La menace en dit long sur ses intentions du moment, alors que semble bien lancé l’agenda international prévoyant de voir se renforcer significativement le camp déjà très majoritaires des Etats reconnaissant aux Palestiniens le droit de disposer d’un Etat souverain. Les trois quarts des 193 Etats membres de l'ONU reconnaissant déjà l'Etat palestinien, doivent en effet voir se joindre, après le Canada, l’Australie et le Royaume Uni, sept autres pays qui, dès juillet dernier, ont pris l’engagement de le faire lors de l’Assemblée générale de l’institution prévue à partir d’aujourd’hui.
Comme si le génocide confirmé à Ghaza, les agressions contre plusieurs pays du voisinage et le mépris affiché à l’encontre de toute initiative de paix depuis près de deux ans ne suffisaient pas, le Premier ministre sioniste et son attelage d’extrême droite, repartent en guerre contre la communauté internationale, mais en s’acharnant surtout des Palestiniens de Ghaza, leur faisant payer ce nouvel élan de solidarité à l’international, et accélérant le plan d’occupation de la Cisjordanie.
Mi-août dernier, le gouvernement sioniste a approuvé un plan de construction 3.400 colonies en sur le territoire, suivant un plan de lotissement qui coupe le territoire en deux, dans une démarche qui s’ajoute à toutes celles qui visent ouvertement à anéantir littéralement les chances d’établissement d’un futur Etat palestinien. Depuis plus d’une semaine également, une campagne militaire meurtrière a été lancée contre la ville de Ghaza, et ses habitants sommés par la terreur de se déplacer vers le Sud.
L’escalade recourt à des véhicules guidés à distances et bourrés d’explosifs pour faire le plus de dégâts dans les quartiers de la ville dévastée. Il faudra certainement s’attendre à ce que la barbarie de la machine de guerre israélienne poussent encore plus loin les limites de l’horreur au fur et à mesure que se renforce la dynamique diplomatique pour la reconnaissance l’Etat palestinien.
M. S.