
La guerre commerciale lancée tambour battant par le président américain, Donald Trump, depuis un mois, est venue transformer la frilosité en panique, d’autant que durant les semaines passées, les paris sur un accord avec Pékin se sont avérés trop optimistes.
Les cours de l’or ont atteint hier des seuils historiques, dépassant la barre des 3.500 dollars l’once (31,1 gramme), soit au-delà de bien des prévisions d’institutions spécialisées qui avaient parié jusque-là sur des flambées beaucoup moins importantes. Concrètement l’or au comptant a surenchéri de 2,2 % à 3 493,41 dollars l'once, après un pic record de 3 500,05 dollars en début de journée sur la place de la COMEX (Commodités Exchange) de New York, principale bourse des métaux précieux dans le monde. Les cours du métal précieux, amorçant une tendance haussière depuis plus d’une année, ont bénéficié jusque-là de la mécanique structurelle de l’offre et de la demande sur les marchés. Les experts relèvent que durant l’année 2024, l’or a continué à figurer parmi les placements les plus porteurs avec une progression annuelle de valeur de près de 34%. Un premier élément d’explication consistait en cet élan constaté parmi plusieurs pays émergents, gagnés par le besoin de se rabattre sur l’or pour réduire leur dépendance par rapport au dollar américain. La Chine également, voyant venir les bouleversements actuels, s’était déjà inscrite dans la tendance. Le métal jaune se négociait jusque-là à moins de 3 000 dollars l’once, ce qui représentait un record en soi.
Ultime valeur refuge
La tendance s’est maintenue jusqu’au début de l’année en cours avec des cotations de 2,974 dollars en février dernier. En tout, l’or a connu une progression de près de 33% depuis le début de l’année. La guerre commerciale lancée tambour battant par le président américain, Donald Trump, depuis un mois, est venue transformer la frilosité en panique, d’autant que durant les semaines passées, les paris sur un accord avec Pékin pour réduire les tensions se sont avérés trop optimistes. Le risque inflationniste étant de plus en plus réel, avec des propensions aussi imprévisibles que les sautes décisionnelles de l’administration américaine, les capitaux ne se compliquent pas l’existence et optent pour la plus grande prudence en attendant d’y voir plus clair. L’effet immédiat est que les distances prises par les investisseurs et les grands épargnants vis-à-vis des actifs américains se sont accentuées, drainant plus de demande sur l’or, imposé comme ultime valeur refuge. Le cas du dollar s’est, pour illustration, aggravé de nouveau hier, sous l’effet de la tension qui monte entre l'administration Trump et la banque centrale américaine (Fed). La monnaie US a ainsi perdu 1,04%, se cotant à 1,1512 dollar pour un euro. Le surenchérissement du métal jaune tire par ailleurs vers le haut un cortège d’autre métaux précieux. L’argent a augmenté de 0,3 % à 32,80 dollars l'once, le platine de 1,1 % à 972,20 dollars, tandis que le palladium a progressé de 2,2 % à 948,14 dollars. Ces éléments sont autant d’indicateurs de la tension qui mine les marchés mondiaux, réduits aux réflexes primitifs de la thésaurisation refuge.
M. S.