
Par Nadia Kerraz
L’Afrique a failli connaître mardi une nouvelle prise de pouvoir par la force. Cette nouvelle tentative de coup d’Etat a eu pour théâtre le Soudan. Mais heureusement pour le continent, la tentative a échoué. Le groupe d’officiers militaires et de civils impliqués dans cette tentative n’a pas réussi à mener jusqu’au bout son coup de force. «Si elle avait abouti, cette tentative aurait eu des conséquences destructrices pour l’armée, les forces régulières et le pays», a déclaré le chef de l’armée et du Conseil souverain. La tentative visait le Gouvernement de transition soudanais formé après l’éviction en avril 2019 de Omar el Béchir, chassé du pouvoir par une révolte populaire après 30 ans de règne sans partage. La tentative a été condamnée par le Secrétaire général de l’ONU qui a mis en garde contre tout ce qui saperait la «transition politique» dans ce pays. Il a appelé toutes les parties à défendre «la mise en œuvre des aspirations du peuple soudanais en faveur d’un avenir démocratique, stable, pacifique et inclusif». De son côté, le président de la Commission de l’Union africaine a encouragé tous les acteurs «à se tenir fermement aux côtés des autorités légales de la tarnsition». Toutefois et au-delà de cette nouvelle tentative de coup de force, ce qui suscite les inquiétudes du patron de l’ONU, c’est cette «explosion des prises de pouvoir par la force». Une réalité déplorée car elle marque aussi le recul de la démocratie en Afrique. Le continent ne parvient toujours pas à briser la malédiction des coups d’Etat. Et les vieux démons ne manquent jamais une occasion pour ressurgir. Pourtant, l’Union africaine avait cru les avoir exorcisés. Mais en un laps de temps, ils viennent de se rappeler à la mémoire des dirigeants africains. Car avant le Soudan, c’est le Mali, le Tchad et la Guinée qui y ont fait face. Les sanctions imposées aux auteurs des changements anticonstitutionnels ne semblent pas dissuader leurs émules, d’autant que l’Union africaine et les organisations sous-régionales donnent la nette impression d’être dépassées par cette flambée de coups de force qui se suivent et se ressemblent. Ils sont portés par des militaires qui, une fois au pouvoir, rechignent à le restituer aux civils. «Les coups d'État militaires sont de retour et le manque d’unité au sein de la communauté internationale n’aide pas», a regretté Antonio Guterres dans son discours prononcé à l'ouverture des travaux de la 76e Assemblée générale des Nations unies. Un retour qui n’augure rien de bon pour l’Afrique. Est-ce à dire qu’ils sont une fatalité dans ce continent ?
N. K.