Grand angle : Avant qu’il ne soit trop tard

Alors que l’Ethiopie serait, selon le Soudan, passée à l’acte en entamant la deuxième phase du remplissage du grand barrage de la Renaissance, annoncée pour ces mois de juillet et d'août prochain, Khartoum en appelle à la mobilisation diplomatique internationale pour dissuader Addis-Abeba de poursuivre son plan. Après l’échec des négociations menées par l’Union africaine et le refus de l’Ethiopie d’une médiation quadripartite, incluant l’Union africaine, les Nations unies, l’Union européenne et les USA, afin de relancer les négociations et parvenir à un accord avant la saison des inondations, le Soudan et l’Egypte s’en remettent au Conseil de sécurité de l’ONU. En réponse à la lettre adressée par Khartoum, l’organe onusien a prévu de tenir,, ce 8 juillet, une session consacrée au barrage éthiopien, source de tension entre les trois pays depuis 10 ans. Les quinze membres du Conseil sont appelés à arbitrer le différend qui persiste et qui risque selon des analystes de conduire à une confrontation militaire en l’absence d’une médiation, ou si tout autre moyen pacifique susceptible de résoudre le différend n’est pas trouvé. Que vont faire les Quinze ? En avril dernier, avant le début de la médiation africaine, l’ONU avait appelé au compromis et à la coopération. Mais il n’en sera rien, puisque ce round de négociations s’est soldé par un échec cuisant. La position inflexible de l’Ethiopie, qui estime que le remplissage du barrage relève de son droit légitime, a plongé les négociations dans l’impasse. De leur côté, Egyptiens et Soudanais considèrent que Addis-Abeba «ne doit pas mettre tout le monde devant le fait accompli, d’une façon qui viole le droit international et les principes de bon voisinage». Il s’agit selon eux de veiller aux intérêts des 250 millions de personnes qui vivent dans les trois pays ; c’est dire que Khartoum et Le Caire n’entendent pas céder à l’intransigeance d’Addis- Abeba. Dès lors, il est légitime de nourrir des craintes. Ce différend, s’il n’est pas résolu par la voie de la diplomatie et le dialogue, risque de donner lieu à un affrontement militaire. Selon un ex-membre de la délégation soudanaise aux négociations sur le barrage, cité par des médias, «chaque jour qui passe, la probabilité de l’enclenchement d’une guerre augmente, compte tenu de l’échec essuyé à parvenir à un accord». Il sera rappelé qu’entre le 26 et 31 mai dernier, le Soudan et l’Egypte ont effectué des manœuvres militaires intitulées «les protecteurs du Nil», avec la participation des forces terrestres, aériennes et de la défense anti-aérienne. Le risque d’un affrontement armé est donc avéré et ne peut de ce fait être négligé. Il planera, ce jeudi, sur la tête des quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Pour autant, réussiront-ils à le désamorcer avant qu’il ne soit trop tard ?

Nadia K.

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