
À Boumerdès, lors de la 13e édition de l’université d’été des cadres du Front Polisario et de l’État sahraoui, organisée sous le slogan «Lutte et sacrifice… pour imposer l’indépendance et la liberté», El Moudjahid a rencontré Mahrez Lamari, figure algérienne de la défense des droits humains et président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui. Voix forte et engagée, Mahrez Lamari a livré son analyse de ce rendez-vous militant et de l’attachement indéfectible des jeunesses sahraouie et algérienne aux idéaux de résistance et de libération.
Boumerdès — Propos recueillis par Chahira Hadj Moussa
Quels enjeux revêt cette 13e édition, notamment dans le contexte actuel ?
Cette université n’est pas un simple événement. C’est une véritable tribune de lutte à travers laquelle le peuple sahraoui réaffirme sa résilience et sa détermination à conquérir sa liberté et son indépendance, ainsi que son droit légitime à l’autodétermination. Elle envoie aussi un signal fort à l’opinion publique internationale, et en particulier aux Nations unies pour les exhorter à assumer leurs responsabilités envers ce peuple combatif, en garantissant la tenue d’un référendum libre, équitable et transparent qui consacrera son droit à l’indépendance.
Qu’est-ce qui distingue cette édition des précédentes ?
Les principes portés par l’université demeurent constants : la lutte, la résistance, la volonté d’émancipation. Ce qui distingue cette 13e édition, c’est la présence marquée de la jeunesse, notamment celle vivant dans les territoires sahraouis occupés. On constate une nouvelle génération profondément mobilisée, animée par le même esprit de combat et de sacrifice, résolue à défendre le droit international. Cela démontre une continuité générationnelle, un passage de flambeau qui confirme la fidélité au serment de libération.
Comment décririez-vous la situation actuelle du peuple sahraoui ?
La situation reste difficile. Le peuple sahraoui continue de subir l’exil, le déplacement et l’instabilité à cause de l’occupation marocaine persistante de ses territoires, mais aussi du fait de la défaillance de la communauté internationale – et en particulier des Nations unies – à appliquer les résolutions sur la décolonisation. Bien que la question sahraouie soit inscrite depuis des décennies parmi les dossiers de décolonisation, certains membres du Conseil de sécurité ferment les yeux ou cautionnent indirectement l’intransigeance marocaine vis-à-vis de la légalité internationale. Cette université est donc une plateforme pour lancer un appel pressant à la communauté internationale afin qu’elle mette fin à cette souffrance et oblige l’ONU à assumer pleinement ses responsabilités.
Existe-t-il des perspectives concrètes pour renforcer le soutien à la cause sahraouie sur le terrain ?
Le mouvement de solidarité algérien, dans toutes ses composantes politiques et civiles, reste fermement attaché à ses principes. L’Algérie ne renoncera jamais à soutenir les mouvements de libération, comme elle l’a prouvé dans le passé avec le Timor oriental, notamment. Nous sommes les enfants de Novembre, et nous connaissons la dureté du colonialisme et ses séquelles. Cet héritage nourrit notre détermination à accompagner le peuple sahraoui jusqu’à la conquête complète de son indépendance. La solidarité ne se limite pas à un slogan : c’est un engagement concret, à la fois politique et populaire.
Pensez-vous que la jeunesse algérienne continue de porter cette cause ?
La jeunesse algérienne est intimement liée à son peuple et sa conscience nationale est solidement ancrée. On le constate à chaque occasion, par exemple lorsqu’elle brandit le drapeau national en plein Paris et transforme les Champs-Élysées en lieu de fête, comme si elle était à Alger. Ce patriotisme est authentique, il exprime un attachement profond à l’identité nationale. Cette même jeunesse est présente sur le terrain, à travers des visites dans les camps de réfugiés, des actions humanitaires et politiques, et un engagement sincère aux côtés du peuple sahraoui. Le mouvement estudiantin algérien, en particulier, constitue la première ligne de défense dans ce combat solidaire.
Que souhaitez-vous dire en conclusion ?
Je voudrais rappeler que la cause sahraouie est une cause juste, inscrite dans l’histoire des luttes de libération à travers le monde. Le peuple sahraoui, malgré l’exil, les souffrances et l’occupation, a su préserver sa dignité et son droit inaliénable à la liberté. La seule issue acceptable est l’application de la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU, qui consacre le droit à l’autodétermination pour tous les peuples sous domination coloniale. Tant que cette résolution ne sera pas respectée, le combat continuera, et nous resterons aux côtés du peuple sahraoui. L’histoire nous l’a montré : aucune colonisation n’est éternelle, et ce sont toujours les peuples qui se battent pour la liberté et la justice qui finissent par triompher. Nous avons confiance que cette victoire viendra, car la légitimité est du côté du peuple sahraoui.