Grand angle : Le devoir d’agir

La dégradation de la situation en Ethiopie inquiète. Et devant l’incapacité de l’ONU et de l’UA de trouver une solution au conflit du Tigré, une centaine d’intellectuels africains est montée au créneau pour tirer la sonnette d’alarme. «L’Ethiopie est au bord du précipice, nous devons agir», ont-ils crié dans un long appel, réclamant une solution politique, car pour eux, il ne peut exister qu’une seule issue : celle du dialogue. Pour cela, ils exhortent l’UA à «amener les protagonistes autour de la table de négociations, les y maintenir et trouver une solution politique», d’autant que les limites militaires du conflit tendent à s’étendre. «Les protagonistes du conflit ne sont plus seulement les forces de défense du Tigré et les forces de défense nationale [C1] éthiopiennes ainsi que les forces spéciales d’Amhara, mais aussi l’armée de libération oromo d’un côté et, de l’autre, les forces spéciales de plusieurs autres régions ainsi que de nombreux conscrits», ont-ils souligné.
Pour les signataires de l’appel, cette situation est d’autant plus inadmissible que «ce n’est plus le moment d’avoir des situations comme celle-là sur le continent africain». Ces personnalités représentatives de la société civile se disent aussi disposées à contribuer à la recherche d’une solution. De son côté, l’ONU, par la voix de son Secrétaire général, exhorte toutes les parties à mettre fin immédiatement aux hostilités sans conditions préalables, et à engager un dialogue politique inclusif. Et parce que le conflit du Tigré ne peut pas être différent des autres conflits armés ou crises réglés ou en cours dans d’autres régions de la planète, il ne peut y avoir de solution militaire. A plus forte raison que, ne manque-t-on pas de rappeler, il y a opportunité de résoudre le conflit de manière pacifique». Une opportunité que les belligérants devraient saisir dans l’intérêt de l’Ethiopie, souligne-t-on. Et pour cause, l’unité de ce pays de la Corne de l’Afrique et la stabilité de la région sont en jeu, a averti le patron de l’ONU qui a fait part de la disponibilité de l’organisation onusienne à travailler avec l’UA et d’autres partenaires clés pour soutenir un tel dialogue. Mais les protagonistes sont-ils disposés à déposer les armes et régler leur différend par la voie du dialogue ? Une question qui demeure pour l’heure sans réponse. Néanmoins, convaincus que «personne ne peut gagner une guerre comme celle-là», les intellectuels, chercheurs et historiens signataires de l’appel estiment qu’ «il est temps d’intervenir pour le rappeler aux acteurs et leur dire de ne pas insulter l’avenir de l’Ethiopie et l’avenir de l’Afrique». Pourvu que pour l’intérêt de ce grand pays d’Afrique et du continent leur appel ait un écho auprès des belligérants et de ceux qui ont la responsabilité de les ramener à la raison.
N. K.

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