Face-à-face Biden - Xi Jinping : Le ton de la raison

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Le ton était cordial mais la méfiance tout aussi palpable. Le sommet virtuel entre Joe Biden et le leader chinois Xi Jinping se résume à cela. Pas d’annonces spectaculaires, ni de piques acerbes, ni autre percée diplomatique. Un tête-à-tête par écran interposé pour reprendre langue après une période houleuse.
En effet, sous l’effet d’une guerre d’intérêt, les relations se sont fortement dégradées après que le président de l'époque, Donald Trump, a imposé des tarifs douaniers élevés sur les produits chinois en représailles à ce qu'il a qualifié de pratiques commerciales déloyales de Pékin. Les États-Unis se plaignaient depuis des années du vol ou du transfert forcé de technologie américaine et faisaient campagne pour empêcher les géants chinois des communications, notamment Huawei, d'entrer sur les marchés américain et autres. L'administration Trump a également vivement critiqué la Chine sur les questions de droits de l'homme. Après l’avènement de Joe Biden à la Maison-Blanche les choses ont évolué dans le même sens avec cette fois de propos menaçant particulièrement sur l’île de Taïwan. Lors d'une réunion en Alaska, en mars de cette année, le haut conseiller chinois en politique étrangère, Yang Jiechi, a asséné des critiques à l’encontre du secrétaire d'État, Antony Blinken, et le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, accusant aussi les États-Unis de ne pas régler leurs propres problèmes de droits de l'homme. Après un peu plus de 3 heures et demie de face-à-face, le sourire, de circonstance certes, affiché par les deux hommes prêtait néanmoins à l’optimisme malgré les désaccords sur tout, du commerce et de la technologie aux droits de l'homme, en passant par Taïwan et la mer de Chine méridionale.
Sur l’île de Taïwan, le dirigeant chinois demeure inflexible. «Nous avons de la patience et sommes prêts à faire preuve de la plus grande sincérité et à déployer les plus grands efforts pour obtenir une unification pacifique», a-t-il déclaré précisant que «cependant, si les forces séparatistes de l'indépendance de Taïwan nous provoquent et nous forcent la main, nous devrons prendre des mesures drastiques.»
Un message clair qui reflète toute la détermination de l’empire du Milieu à ne pas céder sur ce dossier. Côté américain, même s’il n’y a pas eu insistance sur ce volet, Biden à principalement axé son plaidoyer sur les droits de l’homme et les pratiques de Pékin au Tibet, à Hong Kong et sur le dossier des Ouïghours. Les relations commerciales ont également entraîné des tensions dans les relations bilatérales. Cependant, le sujet n'était pas «une partie dominante de la conversation». Pékin a déclaré qu’elle était opposée à la «politisation du commerce» et à l'invocation par Washington de la sécurité nationale pour bloquer l'accès au marché des entreprises chinoises. Le face-à-face a eu tout de même le mérité d’adoucir les rhétoriques pour contenir, pour l’instant, toute nouvelle détérioration dans les relations entre les deux pays aux conséquences dramatiques sur le reste du monde.
M. T.

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