
Le pragmatisme a apparemment commencé à prendre place dans les relations sino-américaines, après une phase de tensions sans précédent. De Trump, qui avait élevé la guerre commerciale avec Pékin au rang de priorité absolue pour la survie des États-Unis, à l’avènement de Joe Biden, qui n’a pas atténué ces tensions qui se sont étendues à d’autres sphères géostratégiques, cette fois-ci, notamment avec le dossier taïwanais où le discours politique des uns et des autres s’est transformé en menaces réelles.
Ce soir, les deux dirigeants tenteront à travers un sommet virtuel un «rapprochement», aussi timide soit-il, mais qui permettra de décrisper quelque peu les relations entre les deux hommes.
Pour le locataire de la Maison-Blanche, il est important que les deux nations mettent en place des garde-fous dans les zones de conflit qui enveniment les relations de plus en plus compliquées entre les deux nations. Les responsables de la Maison-Blanche ont déclaré qu'aucune annonce majeure ne devrait sortir de la réunion. «Je ne définirais pas l'attente… que cela soit destiné à avoir des résultats ou des résultats majeurs», a déclaré l'attachée de presse de la Maison-Blanche, Jen Psaki, qui a ajouté que les deux dirigeants discuteraient de la manière de gérer la concurrence qui les sépare et de coopérer dans les domaines qui les réunissent et ils sont très peu.
Cette rencontre sera le troisième engagement entre les deux dirigeants depuis février. Cela intervient après que les États-Unis et la Chine se soient engagés cette semaine lors des pourparlers de l'ONU sur le climat à Glasgow, en Écosse, à accroître leur coopération et à accélérer les mesures pour limiter les émissions des gaz à effet de serre.
Malgré que les attentes demeurent assez faibles, particulièrement de la part des Américains, ce premier pas pourrait ouvrir la voie à une meilleure fluidité dans la communication entre les deux parties. «Nous espérons que les États-Unis travailleront avec la Chine pour remettre les relations sino-américaines sur la bonne voie pour un développement sain et stable», a déclaré vendredi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin.
Les relations n'ont pas manqué de tensions ces derniers mois, Biden ayant clairement indiqué qu'il considérait les actions de Pékin, sur plusieurs fronts, comme préoccupantes. Le président a critiqué la Chine pour les violations des droits humains contre les minorités ethniques dans le nord-ouest de la Chine, la répression des efforts en faveur de la démocratie à Hong Kong et la résistance à la pression mondiale pour coopérer pleinement aux enquêtes sur les origines de la pandémie de coronavirus. Les tensions ont également été exacerbées récemment par les dizaines de sorties de l'armée chinoise près de l'île autonome de Taïwan, que Pékin considère comme faisant partie de son territoire. La Maison-Blanche a suggéré que Biden soulèverait ses préoccupations sur bon nombre de ces questions lors de cette rencontre virtuelle. Biden, lors de la réunion du Groupe des 20 à Rome et à nouveau lors du rassemblement des Nations Unies sur le climat, a critiqué l’absence du dirigeant chinois à ces sommets. Le courant passera-t-il entre les deux hommes ? En tout cas, le monde affichera une attention particulière ce soir. La rencontre des titans demeure très attendue… la future gouvernance mondiale en dépendra.
M. T.
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Chine - États-Unis
Échange de mises en garde sur Taïwan
Les Etats-Unis et la Chine ont échangé samedi de sévères mises en garde concernant Taïwan, avant un sommet virtuel prévu lundi entre les présidents américain Joe Biden et chinois Xi Jinping. Dans un entretien avec son homologue chinois Wang Yi, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a "exprimé sa préoccupation concernant la pression militaire, diplomatique et économique continue de la République populaire de Chine contre Taïwan", selon un communiqué du département d'Etat.
MM. Biden et Xi doivent s'entretenir pour la troisième fois lundi soir, heure de Washington (tôt mardi à Pékin), par visioconférence. La conversation entre MM. Blinken et Wang était destinée à préparer ce sommet. Le chef de la diplomatie américaine a "exhorté Pékin à engager un dialogue significatif" pour résoudre ses différends avec Taipei "pacifiquement et de manière conforme aux souhaits et aux intérêts du peuple sur Taïwan", selon le département d'Etat.
M. Wang a pour sa part mis en garde les Etats-Unis contre toute action pouvant être interprétée comme un soutien à "l'indépendance de Taïwan", selon un résumé de l'échange publié par le gouvernement chinois. "Toute connivence ou soutien envers les forces pour «l'indépendance de Taïwan» nuit à la paix dans le détroit de Taïwan et ne peut que faire boomerang", a averti le ministre chinois des Affaires étrangères.
Le sommet Biden-Xi a lieu alors que les contentieux s'accumulent entre Washington et Pékin, qui s'affichent chacun fermes sur leurs positions à propos des échanges commerciaux ou des droits humains.