Le groupe A3+ composé de l’Algérie, la Somalie, la Sierra Leone et Guyana, ainsi que les Nations unies, ont exprimé avant-hier, leurs vives inquiétudes concernant l'escalade du conflit dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), suite à la nouvelle offensive du groupe armé M23.
Le groupe A3+ a lancé au Conseil de sécurité un appel pressant à «une intervention décisive pour mettre fin à l'escalade du conflit dans l'Est de la République démocratique du Congo». Le groupe A3+ s’est dit profondément préoccupé par la nouvelle offensive du groupe armé M23, qui s'est récemment emparé d'Uvira, après avoir déjà pris Goma et Bukavu, rappelant à toutes les parties «leurs obligations strictes en vertu du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire», et «insistant particulièrement sur la nécessité de protéger les civils». Concernant la Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco), le groupe préconise d'accorder à la Mission la souplesse opérationnelle nécessaire pour soutenir les initiatives africaines et mettre en œuvre son mandat, ce qui inclut le déploiement ou le retour dans les zones où l'autorité gouvernementale est absente. Cela étant, tout en se félicitant de la signature récente d' «un accord pour la paix entre la RDC et le Rwanda» signé à Washington, jeudi 4 décembre, entre le président rwandais et son homologue de la RDC, sous les bons auspices du président américain, Donald Trump, le groupe a exhorté l'ensemble des parties à honorer les engagements pris à Doha et à Washington pour œuvrer de bonne foi en faveur d'une paix durable dans la région des Grands Lacs. Par ailleurs, ils ont exprimé leur inquiétude face à la détérioration de la situation humanitaire, avertissant que la nouvelle offensive au Sud-Kivu risque de provoquer un effondrement du système d'aide, avec déjà 7,5 millions de déplacés et 24,8 millions de personnes en insécurité alimentaire. De son côté, l'ONU a mis en garde contre la menace d' «un embrasement de la région des Grands Lacs» à la suite de cette nouvelle offensive. Le secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix de l’ONU, a souligné devant le Conseil de sécurité que «le conflit connaissait une régionalisation de plus en plus marquée». Il a précisé que «l'implication directe ou indirecte de forces et de groupes armés provenant de pays voisins, ainsi que les mouvements transfrontaliers de populations et de combattants, augmentent considérablement ce risque». Les développements récents font également peser une menace sérieuse de fragmentation progressive de la RDC, notamment dans sa partie orientale, en raison de l'expansion territoriale du M23 et de l'affaiblissement de la présence étatique. Enfin, le responsable onusien a prévenu que l'écart grandissant entre les engagements pris au niveau politique et leur mise en œuvre effective sur le terrain mine la crédibilité des processus de paix et risque de conduire à l'effondrement des efforts diplomatiques en cours, nécessitant des mesures concrètes et immédiates pour rétablir la confiance.
Y. Y.