
Depuis New York, lors de la session du Comité de décolonisation de l'ONU (C-24) consacrée à ce dossier épineux,
l'Algérie a réaffirmé, avant-hier, que le Sahara occidental demeure, sans équivoque, une question de décolonisation.
L’Algérie, par la voix de son représentant permanent auprès des Nations unies, l'ambassadeur Amar Bendjama, a une fois de plus réaffirmé sa position inébranlable et constante concernant la question du Sahara occidental.
L'ambassadeur Bendjama a été catégorique : la question du Sahara occidental « ne souffre aucune ambiguïté » et « oppose le Maroc au Front Polisario ». Cette affirmation est fondamentale pour la position algérienne, car elle rejette toute tentative de ramener le conflit à une simple dispute territoriale ou à une question d'intégrité nationale marocaine. Pour l'Algérie, il s'agit bel et bien du dernier territoire africain non autonome, dont le statut est inscrit à l'ordre du jour de l'ONU depuis 1963.
Le Comité des 24, créé en 1961, est précisément l'organe clé des Nations unies chargé de veiller à l'application de la Déclaration de 1960 sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. Le fait que le Sahara occidental figure parmi les 17 territoires non autonomes encore sous surveillance de ce Comité, renforce la position algérienne : le dossier relève directement de la compétence de l'ONU en matière de décolonisation. L'Algérie insiste sur le rôle de ce Comité pour s'assurer que les populations sahraouies exercent pleinement leur droit à l'autodétermination.
Lors de son intervention, Amar Bendjama a déploré avec force l'impasse actuelle : « Après six décennies de débat à l'Assemblée générale de l'ONU, le référendum d'autodétermination promis au peuple sahraoui n'a toujours pas eu lieu ». Cette absence de référendum est, pour l'Algérie, une violation flagrante des résolutions onusiennes, notamment la résolution 2229 qui réaffirme avec vigueur ce droit fondamental.
Pourtant, la création de la Mission des Nations unies pour l'Organisation du Référendum au Sahara occidental (MINURSO), il y a près de quarante ans, par le Conseil de sécurité, avait pour mandat clair d'organiser ce référendum. Or, comme l'a souligné l'ambassadeur, « la MINURSO peine encore à accomplir son mandat ».
Cela étant, la position algérienne est solidement étayée par le droit international. L'ambassadeur Bendjama a rappelé l'avis consultatif historique de la Cour internationale de justice (CIJ) de 1975. Cet avis, qui a formellement exclu tout lien juridique entre le Sahara occidental et le Maroc susceptible d'affecter l'application de la résolution 1514 (Déclaration sur l'octroi de l'indépendance), est une pierre angulaire pour l'Algérie. Il déconstruit toute prétention de souveraineté marocaine sur le territoire et renforce l'argument que le peuple sahraoui doit pouvoir exercer son droit à l'autodétermination sans entrave.
M. Bendjama rappelle la décision de la Cour de justice européenne (CJUE) qui a, en octobre 2024, réaffirmé ce statut en annulant un accord de pêche entre l'Union européenne (UE) et le Maroc. La raison invoquée : le défaut de consultation du peuple sahraoui, confirmant ainsi que le Sahara occidental a un statut séparé et distinct du Maroc en droit international.
Sur un autre volet, l'ambassadeur Bendjama a également soulevé des préoccupations sérieuses concernant la situation des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés. Citant des points relevés dans le rapport du Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, il a évoqué un « encadrement policier, détention arbitraire, interdiction de visites et expulsion de parlementaires y compris européens, expulsion des rapporteurs onusiens y compris les journalistes ».
Dans ce contexte des plus préoccupants, l'Algérie a lancé un appel clair au Comité des 24 : « Nous encourageons le Comité des 24 à mobiliser tous ses instruments pour protéger les droits du peuple sahraoui et parachever finalement ce processus de décolonisation ».
Pour l'Algérie, cette approche est la seule qui puisse mener à « une solution juste et durable garantissant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental », conclut M. Bendjama.
Y. Y.