
Quelle sécurité alimentaire et énergétique pour les pays arabes ? Quel constat pour les ressources alimentaires, aquifères, agricoles et énergétiques ? Quel avenir dans un échiquier géopolitique mouvementé ?
Depuis plusieurs décennies, le monde arabe rappelle, de manière préoccupante, l’importance de la sécurité agroalimentaire pour la stabilité des sociétés, lorsque l’on sait que les facteurs climatiques sont à l’origine de la disparition des Sumériens, des Mayas, des Vikings, des habitants de l’Île de Pâques,...
La guerre en Ukraine a mis en évidence le rôle prépondérant de la Russie et de l’Ukraine, principaux fournisseurs des pays du monde arabe déjà en proie à la raréfaction de leurs ressources naturelles et aux conflits qui en découlent. Pénuries et inflation les guettent, d’autant que leurs économies sont déjà affectées par la crise sanitaire due à la Covid-19. Ajoutons à cela, le fait que la région arabe subit une crise hydro-agricole due à des facteurs environnementaux, des difficultés économiques et des blocages sociopolitiques.
Le lien entre stress agroclimatique et instabilité sociopolitique n’est ni direct ni mécanique.
Les troubles agroalimentaires provoquent des tensions sociétales et constituent un facteur aggravant dans une constellation de causes.
La faim continue de s’aggraver dans ces pays, estime le rapport de la FAO «Proche-Orient et Afrique du Nord : aperçu régional de l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition 2021», qui révèle que le nombre de personnes souffrant de la faim dans la région a atteint 69 millions en 2020.
La FAO pointe, notamment, «les crises prolongées, les instabilités sociales, les conflits, la pauvreté, les inégalités, le changement climatique, la rareté des ressources naturelles et les répercussions économiques de la pandémie».
Ainsi, la sécurité alimentaire est devenue un impératif et non un choix pour la nation arabe.
Pour ces raisons et bien d’autres, la sécurité alimentaire a été au cœur des discussions du 31e Sommet arabe. Ahmed Aboul Gheit avait appelé, à l’ouverture du Conseil économique et social de la ligue arabe au niveau de la réunion ministérielle préparatoire, à la mise en place d’une vision arabe intégrée et durable, pour relever le défi de la sécurité alimentaire.
L’enjeu est donc d’orienter les efforts vers les créneaux où les pays arabes possèdent des potentialités importantes comme l'agriculture.
Dans un contexte économique mondial marqué par l'instabilité des marchés économiques, notamment pétroliers, la maîtrise de l'évolution des secteurs agricoles, et, par ricochet, l’agroalimentaire, est plus que d'actualité, au regard des impératifs de préservation de la sécurité alimentaire ; c’est l’une des décisions les plus importantes de ce sommet.
À titre d’exemple, le Soudan et l’Algérie ont d’énormes superficies agricoles favorables à la culture céréalière. Le Qatar et l’Arabie saoudite disposent de moyens financiers. Si ces derniers investissent dans la production de blé au Soudan et en Algérie, ces deux pays peuvent nourrir tout le monde arabe.
Les banques arabo-islamiques implantées un peu partout, en Algérie notamment, peuvent également investir dans ce créneau. L’enjeu est de rompre avec les pratiques anciennes, et d’opter pour des actions communes.
K.A. A.