Sécurité alimentaire et hydrique : Pour une riposte collective

La 31e session du Sommet arabe d'Alger a été couronnée par une série de mesures et recommandations, contenues dans la «Déclaration d'Alger», qui met en avant la nécessité, pour les pays arabes, de participer à l’élaboration des contours du nouvel ordre mondial, après l'épidémie de Covid-19 et la crise en Ukraine.

De cette nouvelle vision ont découlé bon nombre de décisions, dont celle de «mettre l'accent sur la conjugaison des efforts en vue de consolider les capacités arabes collectives en matière de riposte aux défis posés dans les domaines de la sécurité alimentaire, sanitaire et énergétique, et de lutte contre les changements climatiques, tout en soulignant l'impératif développement des mécanismes de coopération en vue de l'institutionnalisation de l'action arabe dans ces domaines».
Pour Salah Bouaichi, expert en économie rurale et agroalimentaire, ces décision seront sans aucun doute prises en compte par le fait que les répercussions de la pandémie de Covid-19 sur l'économie mondiale, le dysfonctionnement des chaînes d'approvisionnement et la conjoncture géopolitique internationale «ont fait comprendre aux pays arabes la nécessité d’affronter en tant que groupe les défis auxquels ils font face», dont celui de la sécurité alimentaire. «Toutes les mesures prises dans ce domaine, poursuit-il, ont obtenu un large consensus par le fait là aussi que les pays arabes doivent orienter toutes leurs capacités et moyens pour mettre en œuvre des plans d'actions stratégiques, reposant sur des mesures susceptibles d'assurer l'efficacité du fonctionnement des systèmes alimentaires, pour atteindre une sécurité alimentaire, commune, graduellement».
L’agronome estime que les décisions prises lors de ce sommet doivent se traduire par des actions «concrètes et applicables sur le terrain», partant du constat que la nouvelle vision en la matière doit, selon lui, se construire autour des complémentarités, en termes de potentialités entre les pays arabes. «Certains de ces pays possèdent d’énormes potentialités agricoles, tandis que d’autres sont bien nantis financièrement. Il faudra, donc, combler les lacunes des uns par les moyens des autres, et vice versa», recommande-t-il.

Une vision unifiée face à des défis communs

Étayant ses dires, il signale que les banques arabo-islamiques implantées un peu partout, dont en Algérie, peuvent également investir dans ce créneau. «Si, en plus de ça, argument-il, les pays arabes exploitent mieux les avantages de la Grande Zone arabe de libre-échange (Gzale) et arrivent à s’entendre sur une union tarifaire, la sécurité alimentaire sera garantie. En tant que groupes, les pays arabes doivent œuvrer pour bénéficier pleinement des avantages de la GZALE, à travers des projets agricoles conjoints visant à exporter des denrées alimentaires entre les pays arabes et inciter les capitaux arabes à y investir, recommande l’expert, qui appelle également «à ouvrir davantage de lignes maritimes et les activer le plus rapidement possible», d’autant plus que la géographie maritime arabe est très fluide» a-t-il souligné.
Pour ce qui concerne la nécessaire mise en place d’une stratégie arabe pour la sécurité hydrique, Salah Bouaichi a indiqué que les défis sont pareils pour la majorité des pays et reposent sur la coordination, pour une prise en charge optimale du problème de gaspillage dans les systèmes d'irrigation conventionnels à forte consommation. «Cela exige de faire obligation aux agriculteurs de recourir aux systèmes d'irrigation modernes, avec le financement nécessaire pour la création de tels réseaux et de recourir au traitement des eaux usées, tant dans l'agriculture (qui consomme 80% des eaux) que dans l'industrie».
Aussi, l’expert préconise le fait que l’action arabe devrait se concentrer sur l'introduction de solutions innovantes, à l'instar de l'acquisition des nouvelles technologies et de l'utilisation de l'énergie solaire dans l'exploitation des stations de dessalement, qui constitue l'une des principales solutions face à la raréfaction de l'eau. «Cette technique (le dessalement, ndlr) est relativement utilisée dans les pays du Golfe», dit-il, précisant que pour le secteur de l'eau, les gouvernements des pays arabes dépensent entre 1,7% et 3,6% de leur PIB. «Le monde arabe produit près de 50% des eaux de dessalement dans le monde, l'Arabie saoudite étant le plus grand producteur avec un taux de plus de 22%», rappelle-t-il, soulignant que selon les experts du secteur, les projets visant à couvrir la demande croissante sur l'eau dans la région arabe au cours de la prochaine décennie nécessitent environ 200 milliards de dollars pour le financement des infrastructures, «d’où la nécessité d’une approche arabe commune», a-t-il conclu.

Amel Zemouri

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